Immobilier : Les Français ne changent plus d’assurance emprunteur

L’assurance emprunteur, produit clé dans le financement immobilier, a connu des changements radicaux durant ces dernières années, entre crise de l’immobilier et loi Lemoine. En 2024, le Baromètre MetLife, réalisé par CSA, dévoile néanmoins une relative stabilisation du marché, marquée par une moindre volatilité des comportements, notamment concernant le changement d’assurance ou encore les assureurs tiers.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 8 octobre 2024 à 10h00
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28%28% des emprunteurs ont attendu plus de deux ans avant de résilier leur assurance-emprunteur.

Assurance emprunteur : la fin de l’effet Lemoine ?

L’un des enseignements majeurs du baromètre dévoilé le 8 octobre 2024 est la stabilisation de l’activité liée à la résiliation de l’assurance emprunteur. Après l’application de la loi Lemoine en 2022, qui avait facilité la résiliation infra-annuelle des contrats, l’impact semble s’estomper. Seuls 24% des courtiers et agents interrogés constatent une augmentation des résiliations, contre 57% en 2023.

Cette tendance s’accompagne d’un délai de résiliation plus long : 28% des emprunteurs ont attendu plus de deux ans avant de résilier, contre 21% en 2023. Cette donnée suggère une baisse du nombre de nouveaux prêts immobiliers, ce qui réduit l’urgence de souscrire ou de changer de contrat d’assurance emprunteur. « Parmi les assurés qui résilient, la substitution de leur assurance intervient un peu plus tard que l’an dernier par rapport à la date de signature de leur prêt : 48% ont résilié au cours de la première année de souscription (vs 56% l’année dernière), et 69% dans les 2 ans (vs 80% l’an dernier) », précise le baromètre.

Les banques et les freins à la résiliation : un relâchement ?

Autre point notable, les comportements des banques face aux demandes de résiliation ou de délégation de contrats semblent évoluer. Alors qu’en 2023, les institutions bancaires faisaient preuve d’une résistance plus marquée, elles semblent aujourd’hui moins enclines à opposer une défense forte. En 2024, 41% des courtiers remarquent que les banques ne mettent plus en place de stratégies défensives, et 26% notent qu’elles s’alignent davantage sur les tarifs du marché.

Cette évolution s’accompagne également d’une baisse de la perception de certains freins. La complexité des démarches de résiliation est jugée moins problématique, passant de 46% en 2023 à 28% cette année. Ce changement peut être en partie attribué à l’automatisation et à la simplification des démarches.

La délégation d’assurance : une tendance à la baisse ?

La délégation d’assurance – la possibilité pour un emprunteur de souscrire une assurance différente de celle proposée par sa banque – montre également des signes de stabilisation. Pour 69% des distributeurs interrogés, l’activité est stable, avec seulement 15% constatant une augmentation. Néanmoins, pour ceux qui observent une baisse, cette dernière semble plus prononcée qu’auparavant, avec 29% des courtiers parlant d’une chute de plus de 50% de la délégation​.

Cette tendance pourrait s’expliquer par une baisse généralisée des prêts bancaires accordés, qui réduit la nécessité de chercher des offres alternatives. Cependant, avec des taux d’intérêt en baisse, notamment sous l’impulsion de la Banque Centrale Européenne, une reprise des prêts immobiliers pourrait inverser cette tendance en 2025.

« A noter que, si en 2023 près des trois quarts (73%) des courtiers et agents interrogés pensaient que l’activité de résiliation allait encore progresser, ils ne sont aujourd’hui qu’un tiers à partager ce point de vue (34%). La diminution du volume de prêts observée ces deux dernières années est le principal argument pour justifier d’une potentielle baisse ou stabilisation de l’activité selon eux (41%). »

La demande client en retrait : un nouveau défi pour le secteur

Un des aspects marquants de ce baromètre est la baisse de la demande des clients pour des produits d’assurance emprunteur alternatifs. En 2024, 43% des courtiers évoquent une demande insuffisante de la part de leurs clients pour justifier la faible activité de résiliation ou de délégation.

Si le marché semble aujourd’hui stabilisé, les perspectives pour 2025 sont encourageantes. Certains signes, comme la baisse des taux d’intérêt initiée par la Banque Centrale Européenne, laissent entrevoir une reprise des prêts immobiliers.

Les changements à venir, prévus pour mi-novembre 2024, pourraient ainsi être un levier important pour stimuler à nouveau le marché de l’assurance emprunteur et attirer de nouveaux clients.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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