Il est urgent de libérer la science de l’idéologie verte

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Par La rédaction Publié le 25 février 2025 à 15h00
Réconcilier développement durable et succès économique : l’industrie de la mode en route vers l’Éconogie
Réconcilier développement durable et succès économique : l’industrie de la mode en route vers l’Éconogie - © Economie Matin

De Gaia à l’IA votre nouvel ouvrage en appelle à une science libérée de l’écologisme, qui peut se prétendre aujourd’hui contre l’écologie ?

 

Bien que Parisien d’adoption, je suis originaire de la campagne. J’ai un verger et un agriculteur me prête ses ânes pour l’entretenir. Je ne me laisse pas abuser par les messages des citadins qui n’ayant pas vécu avec les contraintes de la ruralité ont tendance à l’idéaliser. Aussi mes essais critiquent l’écologisme, c’est-à-dire l’écologie politique ; celle-ci se distingue clairement de l’écologie scientifique.

Pour que le lecteur comprenne bien de quoi il s’agit, je brosse le tableau de ce courant politique sous forme de cinq nuances de vert. Le « vert de gris », qui revient sur la relation que les nazis entretenaient avec l’écologie ; le « vert soutane » qui traite des aspirations religieuses de certains des membres fondateurs d’instances écologiques internationales telles que le GIEC ; le « vert pastèque », qui regroupe tous ces militants décroissants qui en veulent à l’Occident ; le « vert kaki » des armées d’activistes qui – consciemment ou inconsciemment – militent pour le compte de pays tiers dans le cadre de conflits énergétiques (ou autres) ; le « vert dollars », enfin dépeint la récupération des thématiques environnementales par le monde de l’entreprise (RSE, Marketing vert, Greenwashing…). Ces cinq nuances ne sont pas exhaustives et n’ont pas de visée encyclopédique, elles ont juste pour objectif de brosser un tableau impressionniste d’une idéologie qui a envahi tous les pans de notre société, mais surtout de démontrer que derrière toutes ces nuances se cache une seule et même idéologie : celle qui veut faire une OPA sur le concept de Nature pour reprendre celui-ci à la science qui se l’est accaparé.

Pour revenir à votre question, l’écologisme est une idéologie politique alternative à la science et qui a voulu freiner, empêcher, puis finalement récupérer celle-ci. Or cette idéologie politique – c’est ce que j’essaye de démontrer dans mes ouvrages – ne propose de solutions efficaces ni pour l’homme ni pour son environnement, et le meilleur moyen de s’adapter reste bien la science. Il n’en reste pas moins qu’il faut réfléchir à une bonne politique scientifique. C’est tout l’enjeu de mes essais.

Avant celui-ci, vous aviez écrit deux ouvrages, pouvez-vous nous expliquer la suite logique entre vos livres ?

 

Greta a tué Einstein explique comment l’écologisme a fait tomber la science prométhéenne (celle qui est capable de changer notre existence par le biais de l’innovation) de son piédestal. Greta a ressuscité Einstein étudie comment l’écologisme a récupéré la science pour en faire de la politique. Ces deux premiers ouvrages décrivent un double changement de paradigme. Je suis arrivé à la conclusion que sous l’impulsion de l’écologisme, la science des ingénieurs a dû s’effacer pour faire place à la science des législateurs. Cela est particulièrement vrai en Europe. Un meme célèbre illustre ce sujet avec une photo de Mechazilla, la station qui a permis de rattraper Space X en plein vol, juxtaposée à côté d’une autre photo du bouchon solidaire… une comparaison symbolique qui en dit long sur le fossé qui sépare les USA et l’UE en termes d’innovation.

Au sein de l’UE, on trouve des experts qui font des modèles pour dire qu’il faut limiter le nombre de vols par individu par vie ou encore le nombre de mètres carrés dans lesquels il doit vivre, tout cela dans l’objectif d’optimiser une empreinte carbone calculée via des modélisations. Cette logique découle de la politique scientifique que propose l’écologisme. Mais est-ce la politique scientifique la plus apte pour aider l’humanité à s’adapter ? C’est à cette question que j’ai voulu répondre dans ce troisième tome en montrant que les innovations de la science prométhéenne qui avaient fait leurs preuves finissaient toujours par s’imposer malgré les campagnes de dénigrements qu’elles subissent de la part de l’idéologie verte. C’est le cas, du nucléaire, par exemple, mais aussi des biotechnologies végétales : les OGM sont interdits en Europe (sauf en Espagne et au Portugal), mais ils sont cultivés dans 27 pays sur plus de 220 millions d’hectares (chiffres de 2023) par 90 % de petits agriculteurs. Ils permettent d’économiser des intrants et d’éviter des émissions de CO2. Ils représentent donc des solutions à la fois bonnes pour l’humanité et l’environnement.

Ce qu’il est important de retenir également c’est qu’il y a un continuum homme-nature dans le processus de développement du progrès technologique et non pas une lutte des classes homme-nature, comme voudrait le faire croire l’écologisme ou encore certains transhumanistes. Enfin, il y a des limites à la science des ingénieurs qui constituent un cadre au sein duquel l’innovation paraît raisonnable et n’est pas un processus anarchique et contre nature.

De même il est important de réfléchir aux limites de la science des législateurs, comme je le montre. Quand, par exemple, certains idéologues verts veulent s’en prendre aux libertés individuelles, au droit de propriété ou encore au principe de subsidiarité, il convient de les mettre face à leurs contradictions en leur demandant si les théories sur lesquelles ils s’appuient pour légiférer sont suffisamment solides (ne suscitent-elles pas de controverses ?) ; s’il n’y a pas d’alternatives plus efficaces ; et enfin si le principe invoqué peut valoir pour donner du sens à nos vies.

Vous concluez l’ouvrage par dix propositions pour une bonne politique scientifique. Qu’entendez-vous par là ?

 

L’écologisme vient d’un déficit de politique scientifique. Au cours de l’histoire de l’humanité, les innovations se sont succédé sans que l’on réfléchisse où elles nous menaient, autrement dit, sans que nous prenions le temps de bien choisir. La politique scientifique c’est l’art de choisir les bonnes solutions pour bien s’adapter. Pour cela il faut commencer par adopter une attitude sceptique et rejeter toutes les idéologies (aussi bien l’écologisme que le technoprophétisme). Ensuite, identifier une valeur comme critère de choix. Je propose de mettre la libre responsabilité comme principe fondamental afin de remettre à plat tous les débats.

Par exemple, dans le cadre de la politique énergétique, on devra chercher quelle source d’énergie optimise davantage notre libre responsabilité : le nucléaire ou les ENR ? On retrouvera parfois les mêmes arguments (une énergie décarbonée, abondante, disponible et bon marché vs énergie intermittente, low tech…), mais il ne s’agira plus de justifier une solution en prétendant qu’elle est plus naturelle (ce qui ne veut rien dire) ou parce que c’est le progrès technologique qui le veut (ce qui montre une forme d’abandon au destin).

Cette politique scientifique est bien différente d’une récupération politique de la science (forme de scientisme) qui voudrait organiser la société en fonction de modèles. On pense, par exemple à une Collapsocratie qui ferait tout pour planifier la décroissance de la société. Nous n’en sommes pas loin quand on voit notre ministre de l’économie qui veut des entreprises moins rentables[1]. En outre, elle ne nie pas la liberté humaine, mais la pose comme principe fondamental et fait confiance aux individus. À un moment où des idéologues veulent cadenasser de plus en plus notre capacité de penser par nous même ainsi que la liberté d’expression qui en découle – que ce soit l’écologisme qui veut interdire les débats sur le climat et la biodiversité[2], ou les promoteurs de l’IA générative qui nous soumettent de plus en plus au prêt à penser – je pense que toute la société est concernée par la politique scientifique et devrait faire l’effort de davantage s’intéresser à ces sujets. De Gaia à l’IA est un excellent de mettre le pied à l’étrier !

Couv

[1] « Éric Lombard veut des entreprises “moins rentables”… Et pourquoi pas des salaires décroissants ? » Jean-Paul Oury https://www.lefigaro.fr/vox/economie/eric-lombard-veut-des-entreprises-moins-rentables-et-pourquoi-pas-des-salaires-decroissants-20250211

[2] Récemment, j’ai participé à un colloque sur l’origine de l’écologisme qui a bien failli être censuré et l’ami qui l’organisait, victime de diverses pressions, a perdu son poste à l’université. Chantal Delsol : « L’écologie s’affaire à ostraciser socialement ceux qui s’avisent d’en discuter les dogmes » https://www.lefigaro.fr/vox/societe/chantal-delsol-l-ecologie-s-affaire-a-ostraciser-socialement-ceux-qui-s-avisent-d-en-discuter-les-dogmes-20250216

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