La révolution de l’IA en Europe : « Il faut une réglementation dynamique, qui évolue en même temps que l’innovation »

A l’origine de nombreuses percées, l’intelligence artificielle représente une véritable avancée technologique, elle remodèle aujourd’hui les industries, les économies et les habitudes de la vie quotidienne. Alors que le monde entier s’enthousiasme pour l’IA, l’Union Européenne semble davantage être sur la retenue. Pourquoi ? La réponse réside dans son approche de la réglementation.

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Par Eric Demuth Publié le 25 décembre 2023 à 11h00
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reglementation, europe, ia, intelligence artificielle - © Economie Matin
67 MILLIARDS $L'IA générative représente un marché de 67 milliards de dollars en 2023

Pour comprendre, il faut se rappeler de cette impression de plongeon dans l’inconnu lorsque la blockchain et les cryptomonnaies ont fait leur apparition. Ce sentiment a été décuplé par l’IA. Pourtant, au lieu de soutenir cette vague d'innovation, l'UE semble avoir prématurément levé des barrières réglementaires contre ces technologies, et cette décision se traduit par un impact non-négligeable.

En matière de technologies émergentes, l'Europe a manqué des moments charnières comme celui du cloud computing, des véhicules électriques ou encore de l'énergie solaire. Et les géants se sont empressés de prendre la tête dans ces domaines. Aujourd'hui, alors que l'IA change la donne, l’Europe peut-elle se permettre de faire un faux pas ?

La prudence de l’Europe a un coût. Les biotechnologies, les drones, la réalité augmentée et la réalité virtuelle - tous liés à l'IA - ont vu l'UE se mettre en retrait. Ces secteurs ne sont pas seulement des merveilles technologiques ; ils représentent des opportunités économiques, la redynamisation du tissu économique local par la création d'emplois et l'avenir du progrès mondial.

La tendance de l'UE à réglementer avant de tester est préoccupante. Les entrepreneurs, les plus révolutionnaires en matière d'IA, se heurtent à des obstacles avant même de commencer. Ce ne sont pas les complexités de l'IA qui les découragent mais la complexité administrative européenne. Un démarrage aussi étouffé n'est guère propice à placer l'Europe à l’avant-garde de l'innovation en matière d'IA.

C’est pour cela qu’il faut une réglementation évolutive au fil des avancées technologiques, où l’IA pourrait alors s'épanouir tout en garantissant la sécurité et l'éthique. Si les réglementations sont vitales, dans un domaine aussi transformateur que l'IA, elles doivent être agiles, opportunes et encourageantes, et non pas devenir un obstacle.

L'histoire de l'Europe regorge de réalisations pionnières et d'innovations révolutionnaires. Cependant, il ne faut pas se reposer sur les exploits du passé. La révolution de l'IA frappe aux portes de l’Europe et il est impératif de donner aux entrepreneurs, en particulier aux passionnés de l'IA, les moyens de montrer la voie, de les laisser l’expérimenter, innover et ensuite, avec un regard plus éclairé, introduire une réglementation réfléchie.

Les décideurs de Bruxelles doivent se saisir de l’urgence de la situation : comprendre que la place de l’Europe en termes d’innovation se joue aujourd’hui. Pour que l’Europe reste un acteur clé de la technologie mondiale, en particulier dans le domaine de l'IA, son approche doit passer de la prudence au soutien et de la retenue à l'autonomisation.

Alors que l'IA poursuit son ascension fulgurante, la position de l'Europe aujourd'hui déterminera sa place demain. Bruxelles doit comprendre que l'Europe ne peut plus vivre éternellement sur la richesse des siècles passés et que l'innovation doit être soutenue. Mettre l’innovation au cœur des projets industriels, encourager le progrès éthique en matière d’IA permettra à l’Europe d’avoir toute sa place dans un monde désormais guidé par l’IA.

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Demuth

Eric Demuth est le PDG et cofondateur de Bitpanda. Après s'être lancé dans une carrière de mécanicien naval, il change de voix et débute des études d'économie à la WU Wien et à la London School of Economics and Political Science. En se plongeant dans le monde des crypto-monnaies, il s'est senti frustré par la difficulté d'acheter et de vendre des crypto-monnaies. C'est dans cette optique qu'il a cofondé Bitpanda en 2014, afin de faire tomber les barrières à l'investissement et de rendre l'investissement simple, accessible et disponible à tous. Aujourd'hui, Eric façonne activement la communauté fintech mondiale en tant qu'entrepreneur, investisseur et leader d'opinion dans plusieurs domaines.

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