Où l’IA va-t-elle mener le monde ?

L’IA c’est-à-dire l’Intelligence Artificielle, promet autant d’applications pratiques qu’elle soulève de questions « éthiques ».

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Par Daniel Moinier Publié le 3 janvier 2024 à 5h30
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ia, intelligence artificielle, futur, monde, tehcnologie - © Economie Matin
33 MILLIARDS $Le marché de l'IA générative pourrait représenter 33 milliards de dollars en 2027.

C’est la société californienne OpenAI qui a lancé le « la » avec Dall-E2 et surtout ChatGPT de plus en plus connu par le commun des mortels.

Le Web depuis trois décennies a modifié et même révolutionné l’informatique, les données, la vie de toute la planète. L’IA va faire de même mais d’une façon bien plus accélérée en allant beaucoup plus loin jusqu’à la possibilité de submerger les interfaces, les inventions !

Dès l’ouverture des sites à la fin de 2022, des techniciens et autres par millions s’en sont immédiatement emparés pour éprouver ses capacités, ses limites.

Même si la technologie est encore loin d’être fiable, stable avec des erreurs, les débuts sont plus que prometteurs. La Silicone Vallée s’en est emparée très rapidement à tel point que l’on croirait les débuts d’internet mais sans balbutiement ou si peu.

Ceux qui ont suivi très rapidement, ce sont bien sûr les Etats-Unis mais aussi la Corée du Sud, la Chine, Israël, puis comme toujours avec un peu de retard l’Europe.

L’IA Générative est déjà une déferlante, mais le sujet que porte la souveraineté est fondamental.

  • En effet pour fonctionner correctement l’IA a besoin de trois éléments vitaux :
  • Des algorithmes très sophistiqués
  • Une puissance phénoménale des datas centers
  • Des montagnes de données dans lesquelles les D. C vont puiser pour construire leurs réponses

Il a fallu pour démarrer, investir des sommes importantes. Un peu à l’image de Google, il a utilisé un grand modèle de langage pour générer du texte, ingurgiter des millions de mots, des livres, manuels, recettes, biographies, forums…Il a fallu décomposer les mots en petites unités (tokens) pour permettre des calculs mathématiques. Cela lui permet de comprendre leur contexte et de les rapprocher pour générer un texte. Cet ensemble constitue un modèle de langage appelé « large langage Model » (LLM).

Pour se rapprocher le plus près possible, il identifie les séquences caractéristiques et calcule un score pour chaque mot. Pour lui c’est un jeu de devinette comme une image à trous, qui lui permet de prédire le mot suivant. Ce jeu GPT l’a déjà effectué des milliers de fois au préalable sur des « réseaux de neurones », similaires au fonctionnement du cerveau humain. Il tient compte de milliards de paramètres. Le précédent GPT-3 en compte175 milliards.

Les concurrents ne sont pas en reste : PAL.M2 de Google en contient 500 milliards et Llama 2 de Meta 70 milliards. Pour obtenir ces résultats et acrobaties, il est nécessaire de travailler avec des cartes graphiques GPU (Graphics Processing Units) fabriquées en partie par Nvidia déjà valorisé à plus de 1000 milliards il y a six mois.

La dangerosité c’est qu’elle ne se limite pas qu’au seul langage. Les algorithmes ne font aucune différence entre texte, son, images pour les assimiler.

C’est à dire quelqu’un d’un peu doué peut manipuler des sons, voix, textes, les transposer sur qui il veut.

Avant d’être présenté, ChatGPT a été pré-entraîné sur des millions de textes. Il n’invente pas une réponse à chaque fois qu’on l’interroge. Il est aidé par des données fiables, un algorithme ou réseau de neurones, une adaptation humaine, des serveurs super puissants. Actuellement un très grand nombre d’entreprises l’utilisent déjà. Aux Etats-Unis plus de 80% des grandes sociétés s’en servent actuellement.

La France n’a pas attendu non plus, le projet Bloom est numéro un en Europe continentale. Une aide publique de 500 millions d’euros a été mis au départ pour lancer le projet, suivi de 1,5 Md déboursé entre 2018 et 2022.

Bloom dispose de 176 milliards de paramètres équivalent à OpenAI. Les inventeurs viennent de Hugging Face start-up qui développe des outils d’apprentissage automatique.

Quelles sont les branches économiques qui se sont déjà emparées de l’IA ?

Dans la santé :

Le but premier, diminuer les délais de mise à disposition d’un nouveau médicament en stimulant la recherche et découverte de nouvelles molécules.

Il faut jusqu’à 2,5 milliards d’euros et surtout une durée allant de dix à quinze ans pour lancer un médicament. Sachant qu’un seul projet sur dix atteint le stade des essais cliniques.

IKTOS start up française est en avance sur ce sujet en employant l’IA, elle a déjà signé plus de 50 collaborations avec les grands du secteur.

Les Finances :

Les sociétés de gestion s’y sont mises et travaillent de plus en plus avec l’IA, elles sont débordées par les flux de données. L’IA s’intègre bien car les deux tiers des transactions dans le monde sont actuellement réalisés par des algorithmes.

La Publicité et le Marketing :

L’IA favorise l’inspiration mais aussi les recherches de plans stratégiques. Pour la fabrication des maquettes, elle est simplifiée par le générateur d’images. Mais attention aux droits à l’image.

Les Centres d’Appels :

Plus d’un tiers des opérateurs télécoms dans le monde ont déjà testé l’IA. Elle est entrée en fonction depuis 2017 avec les robots conversationnels et assistants techniques. Avec l’IA Générative, c’est le parcours client qui est fluidifié avec une forte amélioration de la productivité.

Matériaux Bâtiment :

Le premier objectif ; réduire l’impact environnemental. Tel l’exemple du ciment qui est à l’origine de 7% des émissions mondiales de CO2. Avec des algorithmes, il est possible de diminuer fortement la quantité nécessaire mais aussi de trouver les formulations adéquates pour obtenir par avance le meilleur niveau de résistance.

L’Education :

En premier, introduire l’IA pour gérer les examens. La solution IA corrige les copies d’un panel de 1000 étudiants en un temps record, ce qui gagne aussi en objectivité. A chaque étape il est encore nécessaire d’amender la production de l’IA. C’est aussi la formation des élèves pour qu’ils s’en servent intelligemment, quel que soit le métier.

L’Edition et surtout le Juridique :

C’est un secteur qui a été très novateur. Depuis près de quinze ans, elle a commencé en avoir recours pour extraire des informations sur des masses de données. C’est une intelligence artificielle de productivité qui reste opérante mais discrète. La propriété intellectuelle est en jeu.

La Littérature :

La littérature se nourrit de l’héritage littéraire mondial. De nombreux livres sont déjà générés en collaboration avec l’IA. La majorité des auteurs pensent que l’intelligence artificielle ne pourra à elle seule écrire un livre, écrasée par la « puissance littéraire ». La plateforme Genario lancée par l’écrivain David Difendi s’appuyant sur l’IA, permet aux auteurs mais aussi aux scénaristes, de structurer leur pensée et créativité.

Les Arts :

L’IA a commencé par imiter le style des peintres disparus. Actuellement, plasticiens, vidéastes, photographes, artistes sont passés à l’action pour nourrir leur univers. Il y a même une série entièrement réalisée à partir de l’IA générative : « Counterfeit Poast » et le programme « Midjourney » plus expressif !

Le Journalisme :

Le générateur de texte par IA est devenu accessible au grand public. Il y a la French Web qui réunit la plus grande communauté d’acteurs de la tech en France. En novembre 2022, le générateur de texte traité par l’IA est devenu accessible au grand public pour rédiger des articles courts, des biographies, …Mais elle est aussi capable d’ingurgiter des documents techniques tels rapports, jugements internationaux en français, sortir des éléments, effectuer une synthèse, etc…, et même lancer de nouveaux programmes éditoriaux.

Le Cinéma :

L’arrivée de l’IA a entraîné une conséquence inattendue : La grève à Hollywood qui a paralysé pendant 118 jours jusqu’à mi-novembre la vie cinématographique. Un accord a été trouvé pour préserver l’emploi, interdire le clonage de voix et images… Les acteurs veulent une utilisation raisonnée de l’IA. Les producteurs et scénaristes ont commencé à l’utiliser avec des retours inattendus.

Le Design :

L’IA est rentrée dans le métier et s’est bien adaptée à l’innovation. C’est super pour les effets de lumière, les arrières plans, les prototypes, la séance de shooting, mais pour la création pure il manque encore de subtilité même s’il est source d’inspiration.

La Publicité :

Elle s’en est immédiatement emparée. Le premier, le géant mondial WPP en a fait son terrain de jeu pour coller aux aspirations de ses clients, aux dernières tendances et améliorer leur réputation. Un point un peu bloquant : La question du droit à l’image.

La Justice :

L’intelligence a commencé à envahir les tribunaux du monde pour alléger les coûts et le travail des magistrats.

Les algorithmes aident les juges pour trouver des solutions et surtout déterminer des sanctions proportionnelles au délit et même à la probabilité de récidive. L’IA aide aussi les magistrats à fixer des indemnisations liées à des préjudices corporels.

Les pays en pointe en IA :

Israël, c’est le pays qui est en pointe dans le monde sur la gestion des données. Il veut devenir incontournable en matière d’intelligence artificielle, comme il l’a été dans la cybersécurité. Israël est le quatrième bénéficiaire mondial des investissements privés dans l’IA en 2022, avec 3,24 milliards de dollars. 2200 entreprises utilisent ses technologies. Il a développé une ingénierie de données avant tout le monde. Tel Waze et Mobileye. Le géant américain Nvidia construit un supercalculateur d’IA générative qui pourra atteindre huit exaflops, soit l’ordinateur le plus puissant du pays et l’un des plus rapides du monde. Cela correspond à la volonté de vouloir se placer dans les cinq premiers du monde.

Les Etats-Unis comme toujours sont très présents, boostés par des ténors américains. Mc Kinsey a investi une douzaine de milliards dans la recherche de l’IA début 2023. C’est Google en 2017, qui s’est entrainé avec un grand modèle de langage, Meta de son côté a eu recours aux cartes graphiques, des GPU (Graphics Processing Units).

La Corée du Sud n’est pas en reste où la plupart des géants technologiques ont leurs propres interfaces d’IA générative, des métavers, des robots multitâches. Le géant de la branche ; Naver vient d’inaugurer un tout nouveau datacenter, le GAK implanté au sud de Séoul qui est un des plus gros centres de données au monde, avec une capacité de 600.000 serveurs. Hyper CLOVA fonctionne avec 100 milliards de paramètres. Plus de 500 start-ups utilisent déjà cet outil. Il existe bien d’autres sociétés en pointe, Samsung, LG et surtout KT opérateur télécom avec sa production d’hologrammes et Ifland, avec sa version conversationnelle qui peut agir à la place de l’utilisateur lorsque celui-ci n’est pas connecté, service qui a été lancé mondialement cette fin 2023.

La Chine se positionne à la deuxième place au niveau des investissements. Pour elle c’est un enjeu politique majeur pour devenir le leader mondial.

Il ne faut pas oublier des pays comme Singapour, le Royaume-Uni et même la Suisse.

L’Europe a une approche unique et précieuse axée sur la vie privée et éthique. Elle reste pour l’instant loin pour pouvoir rivaliser avec les ténors. Même s’il y a quelques sociétés comme Human Brain Project vs Graphcore britannique, le projet Bloom français, des sociétés ; Soprasteria, SFEIR, des projets tel Fabulos (bus autonomes) Nevermind (chemise connectée) …Quant à la France, elle comptait 590 start-ups en 2022 qui ont levé 3,2 milliards d’euros.

En revanche, l’Europe est en avance sur les risques qu’elle peut engendrer et classer en quatre niveaux :

  • Risque inacceptable
  • Risque élevé
  • Risque faible
  • Risque minimal

Concernant le risque élevé, la commission européenne a établi des normes, qualité, sécurité, traçabilité, transparence, contrôle humain, robustesse, cybersécurité et enregistrement dans une base de données UE. Des sanctions sont déjà prévues avec code de conduite. Création d’un comité européen de l’IA. Des technologies ont été créées qui entrent dans la catégorie « risques inacceptables ».

De grandes associations ont déjà banni certaines technologies portant atteinte aux individus. Le Comité européen de la protection des données (EDPB) et le Contrôleur européen de la protection des données (EDPS) estiment qu’il manque des catégories qui devraient rentrer dans la liste.

L’UE a par ailleurs des structures de dialogues bilatéraux avec le Japon, le Canada qui participent aux travaux de l’OCDE sur l’IA.

Où nous mènera l’IA. Un bien ou non pour l’humain ou sa destruction ???

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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