Une nouvelle directive pour prévenir l’hypertension bouleverse la manière dont les patients surveillent leur tension artérielle à domicile. Conçue par la Société européenne de cardiologie (ESC), cette règle simplifie le protocole précédent en offrant une approche moderne, fondée sur les recherches les plus récentes.
Hypertension : une nouvelle règle pour mesurer sa tension artérielle
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Publié le 15 décembre 2024 à 16h00
Tour d'horizon de l'hypertension en France
Avec 17 millions de Français souffrant d'hypertension artérielle (HTA), cette condition est l'un des plus grands défis de santé publique. L'objectif est clair : détecter plus tôt les risques cardiovasculaires pour mieux protéger la population.
Cette maladie se traite essentiellement par des médicaments hypotenseurs, par des modifications du mode de vie (régime pauvre en sel, activité physique) et un suivi médical régulier. Ces gestes restent en effet les piliers du traitement. L'hypertension, souvent qualifiée de "tueur silencieux", est notamment responsable de nombreuses complications, telles que les AVC et les maladies coronariennes.
La règle des 2-2-3 : une méthode simplifiée et efficace
La nouvelle méthode 2-2-3 remplace l'ancienne « règle des 3 » (trois mesures consécutives par jour sur trois jours). Désormais, la règle des 2-2-3 recommande :
- Deux mesures le matin et deux mesures le soir, pendant trois jours consécutifs minimum (jusqu'à sept jours).
- Le calcul de la moyenne : une analyse sur au moins 12 mesures (contre 18 auparavant) permet de détecter plus précisément les anomalies.
Selon le professeur Xavier Girerd, spécialiste en hypertension et président de la Fondation Hypertension, les études montrent qu'une troisième mesure consécutive n'apporte que peu de valeur ajoutée et complique inutilement le protocole.
Interprétation des résultats : ce qu'il faut retenir
L'étude a comparé les résultats des mesures prises par le patient lui-même avec celles prises en consultation avec un professionnel de la santé. Plusieurs observations ont été faites :
- L'effet blouse blanche : en consultation, la pression peut être artificiellement élevée. La mesure à domicile évite cet effet.
- Les seuils diagnostiques 2024 définis :
- Consultation : une pression supérieure ou égale à 140/90 mmHg définit une hypertension.
- Automesure : une pression supérieure ou égale à 135/85 mmHg est considérée comme une hypertendue.
- De nouvelles catégories mises en place :
- Pression normale : inférieure à 120/70 mmHg (identique en consultation et en automesure).
- Pression élevée : entre 120/70 et 139/89 mmHg en consultation.
L'impact et les bénéfices d'une simplification numérique pour les professionnels de la santé
La Fondation HTA recommande l'utilisation d'applications, comme SuiviHTA, pour faciliter l'interprétation des données de tension. Ces outils permettent en effet de suivre automatiquement les moyennes, de détecter les anomalies sans calcul manuel et d'archiver les mesures pour un suivi longitudinal avec le médecin.
Parmi les avantages repérés, le protocole réduit la complexité des consultations et améliore la fiabilité des diagnostics. Quant aux défis à relever, les seuils révisés (135/85 mmHg) et la reconnaissance de la « pression artérielle élevée » entre 120/70 et 139/89 mmHg nécessitent une adaptation des pratiques. Enfin, l'étude recommande d'intégrer les résultats de l'automesure dans les décisions thérapeutiques, notamment via des outils numériques.
Vers une meilleure prise en charge
La règle des 2-2-3 marque une avancée dans la lutte contre l'hypertension. En simplifiant la procédure tout en améliorant la précision, elle offre aux patients et médecins un outil efficace pour prévenir les risques cardiovasculaires. En combinant technologie, pédagogie et accès facilité aux outils de suivi, elle pourrait transformer durablement la prise en charge de l'hypertension en France.