Humusation : êtes-vous prêt à devenir du compost humain ?

Alors que la France autorise seulement l’inhumation et la crémation, l’humusation, aussi appelée terramation, propose une troisième voie, conjuguant retour à la terre et préservation de l’environnement. Un colloque se tenait ce mardi 7 novembre 2023 au sein de l’Assemblée nationale autour de cette pratique. Êtes-vous prêts à devenir du compost après la mort ?

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 7 novembre 2023 à 18h03
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Humusation : êtes-vous prêt à devenir du compost humain ? - © Economie Matin
46 %Selon un sondage OpinionWay, 46 % des Français seraient prêts à franchir le pas de la l'humusation.

Vers une légalisation prochaine de l'humusation en France ?

Élodie Jacquier-Laforge, vice-présidente de l'Assemblée nationale, avait déjà semé les graines d'un changement radical avec une proposition de loi pour légaliser l'humusation en janvier 2023. Cette pratique consiste à convertir les défunts en compost, offrant ainsi une alternative écologique aux méthodes conventionnelles d'inhumation et de crémation. Les partisans de cette méthode, telle Florence Valdès, présidente de l'association Humusation France, voient dans ce processus une continuité de leur engagement environnemental « au-delà de la vie ».

Ce mardi 7 novembre 2023 se tenait un colloque sur l'humusation à l'Assemblée nationale rassemblant experts, élus, associations pour débattre de cette pratique. Preuve que l'idée de l'humusation fait son chemin. Selon un sondage d'OpinionWay, commandé par l'association Humo Sapiens, 73% des Français interrogés se disent ouverts à une « mort écologique », mais seuls 46% sont prêts à franchir le pas de terramation.

Une pratique qui est loin de faire l'unanimité

Si l'humusation est déjà une réalité dans plusieurs États américains, notamment dans l'État de Washington, du Colorado, de l'Oregon, du Vermont et de New York, la France n'y a pas encore recours. Pour les partisans de l'humusation, le but de cette pratique est d'aligner les rites funéraires avec les impératifs environnementaux contemporains. La démarche soulève cependant des questions éthiques profondes. Des voix, comme celle du philosophe spécialiste des questions de fin de vie, Damien Le Guay, soulignent l'importance des rituels établis et le risque de perturbation du processus du deuil, puisque l'humusation aboutit à une disparition physique rapide et complète du défunt.

Ce débat sur l'humusation confronte donc deux visions de la fin de vie : celle d'une écologie post-mortem et celle du maintien d'une dimension sacrée et mémorielle. Le consensus sur cette pratique semble encore loin en France. Néanmoins, le colloque de ce 7 novembre 2023 pourrait marquer le pas d'une première expérimentation française. Il représente bien plus qu'une discussion technique sur une nouvelle méthode funéraire ; il s'agit d'une réflexion sur l'évolution des valeurs sociétales françaises. L'humusation, entre innovation écologique et tradition funéraire, pourrait bien redessiner notre approche de la vie après la mort.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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