Des hôteliers français partent en guerre contre Airbnb

Vingt-six hôteliers français ont décidé de traîner Airbnb en justice pour « concurrence déloyale ». Soutenus par l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, ils réclament 9,2 millions d’euros à la plateforme.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 21 juin 2024 à 11h30
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Mexico City, Mexico - Nov 9 2022: Airbnb, the app to publish, advertise and book accommodation cheaply over the internet or from your smartphone, joins with Mexico City - © Economie Matin
187 MILLIONSAirbnb a collecté 187 millions d’euros de taxe de séjour pour les communes françaises.

Selon Jonathan Bellaïche, avocat des plaignants, l’assignation a été notifiée à Airbnb Ireland, siège européen du groupe, le 20 juin. Une audience est prévue pour le 6 septembre au tribunal de commerce de Lisieux.

Airbnb accusé de manquements répétés

Les hôteliers reprochent à Airbnb plusieurs manquements, notamment l’absence de collecte et de déclaration de la taxe de séjour. Ils soulignent également le non-respect de l’obligation de mentionner le numéro d’enregistrement sur les annonces dans certaines communes. Un huissier a constaté cette infraction à Kaysersberg et à Cannes.

Selon le représentant des hôteliers, Airbnb, reconnu éditeur de contenus par une décision de la cour d'appel de Paris en janvier 2023, est tenu de surveiller la légalité des annonces publiées sur sa plateforme. « Nous savons que beaucoup de gens louent leur appartement sans autorisation, en sous-louant ou en ne respectant pas la réglementation sur le changement d’usage », explique-t-il.

Airbnb, de son côté, affirme se conformer à toutes ses obligations. La plateforme met en avant son impact économique positif, déclarant avoir permis à de nombreuses familles de gagner environ 3.800 euros en moyenne et aux communes de percevoir 187 millions d’euros de taxe de séjour en 2023. Airbnb menace également de prendre des mesures judiciaires si cette nouvelle action nuit à son activité ou à celle de ses hôtes en France.

Eric Abihssira, vice-président confédéral de l’Umih et hôtelier à Nice, et Véronique Siegel, présidente de l’Umih hôtellerie, insistent sur les conséquences plus larges du non-respect des lois par Airbnb. « Nous investissons pour l’avenir en formant nos jeunes, en créant des emplois et en payant nos impôts. Les plateformes ne jouent pas le jeu, au détriment des clients ! » déclare Eric Abihssira.

Un combat plus large pour l'industrie hôtelière

Véronique Siegel souligne que la dérégulation du marché locatif amplifie la crise du logement. « Les professionnels de l’hôtellerie-restauration sont en première ligne : on ne peut plus loger nos salariés, tout particulièrement les saisonniers ! » ajoute-t-elle.

L’Umih rappelle que ce n'est pas la première fois qu'elle mène une action en justice contre Airbnb. Depuis 2018, le syndicat a multiplié les démarches pour dénoncer les pratiques de la plateforme. Jonathan Bellaïche affirme que de nombreuses décisions de justice ont révélé qu’Airbnb laissait sciemment des annonces illicites sur son site, faussant ainsi la concurrence.

Cette nouvelle offensive judiciaire s’inscrit dans un contexte de tension croissante entre les hôteliers traditionnels et les plateformes de location touristique. Les professionnels espèrent que cette action collective marquera un tournant et obligera Airbnb à se conformer aux régulations françaises. Le rendez-vous est pris pour le 6 septembre au tribunal de commerce de Lisieux, où les plaignants espèrent obtenir réparation pour les préjudices subis et mettre fin à ce qu’ils considèrent comme une concurrence déloyale.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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