Pourquoi moins d’hommes vont chez le doc ?

Les hommes boudent-ils les cabinets médicaux ? Les chiffres semblent le dire. Une réticence qui soulève des questions sur les rôles sociaux et les tabous persistants.

Grégoire Hernandez
Par Grégoire Hernandez Publié le 30 octobre 2023 à 17h00
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Pourquoi moins d’hommes vont chez le doc ? - © Economie Matin
75 %75 % des suicides en France sont des hommes.

Les hommes moins enclins à solliciter l'aide médicale

Les données de l'Insee révèlent un écart notable : tandis que 88 % des femmes ont consulté un généraliste en un an, seulement 80 % des hommes ont franchi la porte d'un cabinet. Cet écart s'élargit lorsqu'il s'agit de spécialistes, avec 53 % pour elles contre 42 % pour eux. La dentisterie n'échappe pas à cette tendance, avec 60 % de femmes contre 54 % d'hommes prenant soin de leur sourire. Les hommes, moins enclins à solliciter l'aide médicale, peuvent compromettre leur santé par des rôles sociaux attribués dès l'enfance et une certaine image de la virilité associée à la résilience.

Dès le plus jeune âge, la société façonne notre rapport à la douleur et à la santé. Les garçons apprennent à être forts et à endurer, tandis que les filles sont souvent plus encouragées à exprimer leurs maux. Ce conditionnement précoce forge des adultes pour qui la maladie peut rimer avec vulnérabilité ou perte de virilité. Les professionnels de la santé et les parents jouent un rôle crucial dans la perpétuation ou le démantèlement de ces stéréotypes.

Des maladies diagnostiquées souvent tardivement

Les hommes ont souvent un rapport au corps fonctionnel, privilégiant la performance et l'endurance. Ils consultent généralement en présence d'un problème de santé aigu ou lorsqu'ils sont confrontés à des rappels de dépistage. Les maladies spécifiquement masculines, comme celles liées à la prostate ou à la sexualité, demeurent enveloppées de silence. Un diagnostic tardif, souvent dû à ce mutisme, complique la prise en charge et peut avoir des conséquences graves sur la santé.

Movember arrive comme un vent de changement (à partir du 1 novembre), mettant en avant les maladies masculines et les enjeux de santé mentale. La campagne, qui a lieu tous les ans en France depuis 2012, brise le silence autour des troubles que beaucoup préfèrent ignorer. Avec les suicides majoritairement masculins (75 % des suicides sont des hommes), il est crucial de pousser les hommes à parler, à consulter, à prendre soin d'eux sans crainte de jugement. C'est un appel à la vigilance et à l'action pour que santé et masculinité puissent coexister sans préjudice.

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Grégoire Hernandez

Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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