Un rapport de la commission des Affaires sociales du Sénat suggère d’augmenter progressivement le prix des cigarettes pour atteindre 20 euros en 2024. Cela, afin bien sûr de combattre le tabagisme, qui cause 70.000 décès prématurés par an.
Bientôt un paquet de cigarettes à 20 euros ?
Un paquet de cigarettes à 24 euros en 2040 ?
Le tabagisme cause environ 70.000 décès prématurés chaque année en France. S’y ajoute un coût pour les finances publiques, estimé à 1,7 milliard d'euros par an. Pour endiguer un tant soit peu ce fléau de santé publique, la commission des Affaires sociales du Sénat propose une hausse conséquente du prix des cigarettes. Son rapport recommande une augmentation annuelle de 5% du coût du tabac jusqu'en 2040. Cette stratégie pourrait élever le prix d'un paquet à 25 euros en 2040, ajusté à l'inflation prévue. L'argument est appuyé par les prix pratiqués à l'international, où des pays comme la Nouvelle-Zélande et l'Australie ont déjà franchi le seuil des 20 euros par paquet.
En France, malgré des taxes élevées, le prix d'un paquet de cigarettes premium se situe à 12,50 euros. Cette structure tarifaire inclut une large part d'accises et de TVA, contribuant significativement aux recettes de l'État. Le rapport souligne que la fiscalité, en ciblant directement le portefeuille des consommateurs, reste un moyen puissant pour décourager le tabagisme, une observation corroborée par l'Organisation mondiale de la santé, qui reconnaît l'efficacité des mesures fiscales dans la réduction du nombre de fumeurs.
Pour faire diminuer la consommation, il faut augmenter les prix d’au moins 4%
La lutte contre le tabagisme en France a intégré diverses approches au fil des ans, depuis la régulation stricte de la publicité avec la loi Veil en 1976 jusqu'à l'introduction du paquet neutre en 2017. Cependant, la fiscalité demeure le levier le plus efficace pour influencer les comportements, comme le démontre la campagne récente qui a vu le prix du paquet atteindre 10 euros sous l'impulsion de l'ex-ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Cette augmentation a été compensée par un renforcement des mesures de prévention, incluant un meilleur remboursement des substituts nicotiniques, ce qui a aidé à maintenir un certain équilibre dans l'acceptation de ces taxes par les consommateurs.
Toutefois, la stabilité de la prévalence du tabagisme en France, malgré les hausses de prix, suggère que la politique anti-tabac doit éviter les actions sporadiques et se concentrer sur une augmentation soutenue et significative des coûts pour être efficace. Le rapport indique que les hausses de prix doivent dépasser 4% pour réduire réellement le tabagisme. Cette approche fait face à l'opposition des buralistes et des industriels du tabac, mais les sénateurs assurent qu'une corrélation entre l'augmentation des prix et la fermeture des bureaux de tabac n'est pas évidente, minimisant ainsi les inquiétudes économiques locales. En parallèle, la nécessité de lutter contre le marché parallèle est soulignée pour éviter l'effet contre-productif des hausses de prix sur la contrebande et la contrefaçon.