La hausse des salaires va-t-elle relancer l’inflation ?

Malgré un ralentissement de l’inflation, la BCE observe une hausse des salaires significative en zone euro, qui a atteint 4,7% au premier trimestre 2024. Cette tendance pourrait relancer les pressions inflationnistes, incitant l’institution à reconsidérer ses prochaines décisions monétaires… et provoquer une nouvelle poussée de l’inflation ?

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Par Aurélien Delacroix Publié le 28 mai 2024 à 11h00
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Angry young man with magnifier and empty wallet on green background - © Economie Matin
2,5%L'inflation en zone euro devrait être de 2,5% en 2024.

La Banque centrale européenne a récemment publié des chiffres révélant une accélération de la croissance des salaires en zone euro au premier trimestre 2024. Les rémunération ont enregistré une augmentation de 4,69%, en légère hausse par rapport aux 4,45% du trimestre précédent. Cette hausse des salaires est attribuée aux négociations salariales des employés cherchant à compenser les pertes de revenus réels causées par l'inflation.

Hausse des salaires soutenue

Selon la BCE, cette tendance à la hausse des salaires devrait se poursuivre, avec une prévision d'augmentation de 4,5% pour l'ensemble de l'année 2024, suivie de 3,6% en 2025 et 3,0% en 2026. Ces prévisions placent la BCE dans une position délicate alors qu'elle envisage de réduire ses taux d'intérêt en juin. La récente accélération des salaires pourrait inciter l'institution à adopter une approche plus prudente.

La BCE doit jongler avec plusieurs dynamiques économiques complexes. Les membres dits « faucons » du Conseil des gouverneurs, comme Isabel Schnabel, Pierre Wunsch, Klaas Knot, Joachim Nagel et Martins Kazaks, expriment des réserves quant à une nouvelle baisse des taux en juillet. Ces membres s'inquiètent que des hausses salariales au-delà de 3% puissent entraîner des pressions inflationnistes excessives, incompatibles avec l'objectif d'inflation de 2% de la BCE.

Prévisions divergentes sur l'inflation

Malgré tout, la BCE reconnaît que les travailleurs doivent être compensés pour les pertes de revenus dues à l'inflation passée. L'institution estime qu'une période de croissance salariale modérée pourrait être tolérable, surtout si les entreprises peuvent absorber ces coûts par une réduction de leurs marges bénéficiaires. Cette position équilibrée vise à soutenir le pouvoir d'achat des ménages tout en évitant une nouvelle spirale inflationniste.

L'optimisme de certains économistes est tempéré par des avis plus prudents concernant les perspectives d'inflation. Piet Haines Christiansen, économiste à la Danske Bank, souligne : « La dynamique des pressions inflationnistes en zone euro est inquiétante (…) et la BCE ne peut certainement pas s'en réjouir. » Il ajoute qu'aucun pays de la zone euro ne montre de signe de diminution des pressions inflationnistes sur une base trimestrielle.

En parallèle, la Commission européenne a revu à la baisse ses prévisions d'inflation pour 2024, anticipant un taux de 2,5% au lieu des 2,7% précédemment estimés. Cette révision pourrait offrir une marge de manœuvre à la BCE pour assouplir légèrement sa politique monétaire sans craindre un retour immédiat de l'inflation galopante.

La hausse des salaires en zone euro, bien qu'indispensable pour maintenir le pouvoir d'achat des ménages, constitue un défi majeur pour la Banque centrale européenne. Alors que l'institution se prépare à ajuster ses taux d'intérêt, elle doit naviguer entre la nécessité de contrôler l'inflation et celle de soutenir les revenus des travailleurs.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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