Bien que les relations entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump semblent s’être apaisées depuis leur rencontre dans le Bureau ovale, et que le président ukrainien se dise prêt à entamer de nouvelles discussions avec Poutine, la tension monte sur le Vieux Continent. Les Français sont-ils favorables à un éventuel envoi de troupes militaires en Ukraine ? Pour une grande majorité d’entre eux, la réponse est non.
Guerre en Ukraine : les Français ne veulent pas de soldats au front !
Selon le dernier sondage CSA effectué pour CNews, Europe 1, et le JDD, publié le 5 mars 2025 : plus de 6 Français sur 10 indiquent être défavorables à la proposition franco-britannique d'envoyer des troupes militaires en Ukraine.
Envoi de troupes militaires en Ukraine : un rejet moins massif des Français qu’en 2023
65 % des Français refusent l’envoi de troupes militaires en Ukraine, selon le dernier sondage CSA pour CNews, Europe 1 et Le Journal du Dimanche. Ce chiffre est en nette baisse par rapport à celui de 2023, où ils étaient 76 % à s’y opposer. Le soutien à une intervention militaire française en Ukraine gagne donc du terrain. Pour autant, une grande majorité de la population reste fermement opposée.
Dans le détail, les hommes sont 62 % à refuser cette option, tandis que celle-ci regroupe 68 % des femmes. La réticence varie aussi selon les générations : 76 % des plus jeunes, les 18-24 ans, rejettent catégoriquement cette hypothèse, contre 58 % des 25-34 ans, 64 % pour les 50-64 ans et 62 % pour les 65 ans et plus. Sur le plan socio-économique, les classes populaires sont les plus réfractaires : 68 % des employés et ouvriers (CSP-) s’opposent à l’envoi de troupes, contre 60 % des cadres et professions intellectuelles (CSP+).
Pourquoi ? Les Français redoutent un conflit direct avec la Russie, une escalade de la guerre en Ukraine, mais aussi l'impact budgétaire qu'engendrerait une telle proposition. Emmanuel Macron prévoit en effet de faire passer le budget de la Défense de 2 à 3 %, voire 3,5 % du PIB de la France, et il n'exclut pas, pour y parvenir, de puiser dans l'épargne des Français.
Des divergences politiques nettes
L’opinion sur l’envoi de troupes militaires en Ukraine divise profondément les Français selon leur sociologie, sociologie qui se traduit à travers leurs préférences politiques. Les plus réticents sont les électeurs du Rassemblement National (RN), 87 % d’opposition, suivis des sympathisants des Républicains (LR) (67 %).
Les électeurs de gauche sont plus partagés, en particulier au sein du Parti socialiste (PS), où près de la moitié des électeurs (49 %) ont répondu être opposés à la proposition franco-britannique. Viennent ensuite les Écologistes (EELV) avec un taux d'opposition de 53 %, puis les électeurs de La France insoumise (LFI) 58 %. Sans grande surprise, ce sont les électeurs de Renaissance, le parti présidentiel, qui se montrent les plus favorables à la proposition d'Emmanuel Macron et de son homologue britannique Keir Starmer, 53 % d'entre eux se disant y être favorables.
Un sommet européen à Bruxelles
Bien que Vladimir Poutine n'ait aucunement menacé les pays de l'Union européenne et qu'Emmanuel Macron ait déclaré vouloir « répondre aux angoisses des Français » lors de son allocution du mardi 5 mars 2025, il estime néanmoins que « la menace russe est là (...) La Russie est devenue une menace pour la France et pour l'Europe. » Si le président a pris soin d'éviter d’évoquer directement l’envoi de troupes, il a toutefois insisté sur la nécessité de renforcer l’effort militaire français et son soutien à l'Ukraine. Il prévoit en ce sens d'ouvrir un débat stratégique « sur la dissuasion nucléaire (française) », en vue de mieux protéger les autres pays européens face à une éventuelle menace de la part de la Russie sur l'un d'entre eux.
Ce jeudi 6 mars, les dirigeants européens se retrouvent à Bruxelles pour un sommet exceptionnel. Objectif : débloquer des fonds massifs pour accélérer le réarmement du Vieux Continent en cas de conflit direct avec la Russie et apporter un soutien renforcé à leur allié ukrainien. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, prévoit un plan de 800 milliards d’euros pour moderniser l’armement européen. Mais que ce soit pour la France ou pour l'Union européenne, une question se pose : où trouver l'argent ?