Les marchés tanguent, les alliés grinceraient des dents, et certains milliardaires s’étranglent dans leurs calculs. Il y aurait dans l’air quelque chose de plus que de simples taxes.
Guerre des taxes : la situation continue de s’envenimer

Le 9 avril 2025 marque un tournant dans l’histoire des taxes commerciales. Donald Trump, fidèle à sa rhétorique protectionniste, a déclenché une nouvelle guerre douanière de grande ampleur, frappant la Chine, l’Europe, la Corée du Sud ou encore le Canada. Derrière cette escalade assumée, se dessinent déjà les effets : déstabilisation des marchés, flambée des incertitudes, baisse brutale du prix du pétrole, et réactions en chaîne des grandes puissances. L’arme tarifaire est-elle devenue incontrôlable ?
Trump arme les taxes : entre stratégie punitive et orgueil commercial
L’annonce est tombée comme une bombe : 104 % de droits de douane sur certains produits chinois, effectifs dès ce 9 avril. Une surtaxe si vertigineuse qu’elle a suffi à faire plonger les cours du pétrole WTI sous la barre des 60 dollars le baril pour la première fois depuis avril 2021, selon une dépêche de l’AFP relayée par Boursorama.
Et comme si cela ne suffisait pas, le président Trump a laissé entendre que de nouvelles taxes sur les importations pharmaceutiques seraient annoncées « dans les prochains jours ». Faute de confirmation officielle, l’ombre d’une taxation supplémentaire plane sur un secteur particulièrement sensible.
Cette offensive brutale s’inscrit dans la mise en place d’un plancher tarifaire de 10 % sur toutes les importations américaines, auquel viennent s’ajouter des surtaxes proportionnelles au déficit commercial. Résultat ? +54 % pour la Chine, +46 % pour le Vietnam, +24 % pour le Japon et +20 % pour l’Union européenne.
Réponses mondiales : entre contre-attaque et désengagement stratégique
La Chine a réagi sans tarder. Dès le 10 avril, 34 % de surtaxe sur les importations américaines seront appliqués, couplés à un contrôle des exportations de terres rares, matériaux stratégiques pour l’industrie mondiale. L’Union européenne, de son côté, a lancé une riposte graduée.
Dès le 15 avril, l’UE imposera des taxes allant jusqu’à 25 % sur des produits américains de grande consommation comme le riz, les légumes ou le jus d’orange. D’autres suivront à partir du 16 mai, notamment sur les viandes et les motos. Cette stratégie est assumée : « Cette liste a été faite pour nous donner le maximum de poids dans nos négociations », a déclaré Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne.
Le Canada n’a pas mâché ses mots. Le Premier ministre Mark Carney a dénoncé Trump comme étant « à l’origine de cette crise commerciale », annonçant l’application immédiate de 25 % de droits de douane sur les automobiles américaines. Une mesure ciblée sur les véhicules ne respectant pas les critères d’origine de l’AEUMC (Accord États-Unis-Mexique-Canada), représentant environ 67 000 véhicules par an pour une valeur de 23 milliards d’euros.
Quant à la Corée du Sud, si les informations précises manquent, plusieurs médias internationaux évoquent des mesures d’urgence en cours de discussion à Séoul, visant à soutenir son industrie automobile frappée de plein fouet.
Chute libre : marchés, énergie et fortune personnelle dans la tourmente
Les effets ne se font pas attendre. À Wall Street, le désenchantement gagne. Le Figaro rapporte, dans son édition du 7 avril 2025, que certains soutiens historiques de Donald Trump commencent à se désolidariser. Le financier Bill Ackman ou encore Elon Musk, pourtant très proche de Donald Trump, auraient exprimé leurs inquiétudes face à la politique commerciale du président. Il faut dire que ce dernier a vu la capitalisation de Tesla chuter de près de moitié en quelques semaines seulement.
Le choc tarifaire a même fini par rattraper Trump lui-même. D’après Forbes, la fortune personnelle du président aurait chuté de 500 millions de dollars en une semaine, principalement à cause de la dégringolade de la Trump Media and Technology Group (-8 %) et de la dévalorisation de ses actifs immobiliers.
Et que dire du pétrole ? Sous l’effet conjugué des tensions commerciales et de la perspective d’une récession mondiale, le Brent et le WTI ont chuté lourdement. L’OPEP+ réfléchit déjà à ajuster sa production, tandis que des négociations entre Washington et Téhéran sur le nucléaire pourraient faire basculer encore davantage les prix à la baisse.
Des “accords sur mesure” : diplomatie ou marchandage planétaire ?
Fidèle à lui-même, Donald Trump présente cette guerre commerciale comme un succès. « Tout se passe très bien pour nous », a-t-il déclaré le 8 avril, selon BFMTV, en évoquant les « accords sur mesure » en cours de négociation avec plusieurs pays (Vietnam, Taïwan, Royaume-Uni, Japon…).
Le président s’est félicité de recevoir plus de deux milliards de dollars par jour grâce aux droits de douane, sans préciser la méthode de calcul. Des propos que de nombreux économistes qualifient déjà d’irresponsables, tant l’impact global de cette politique semble destructeur à moyen terme.
Le commerce international au bord du précipice
Cette guerre commerciale engage directement la stabilité des marchés mondiaux, l’équilibre énergétique, et jusqu’à la fortune personnelle de son instigateur. Alors que l’on parle désormais de chaîne logistique fracturée, de consommateurs asphyxiés, et de diplomatie commerciale dévoyée, une question s’impose : jusqu’où ira cette frénésie tarifaire avant qu’elle ne se retourne contre son auteur ?