Guerre des puces : les smartphones bientôt plus chers ?

Le 15 avril 2025, la Corée du Sud a annoncé un plan de soutien de 33 000 milliards de wons, soit environ 23,2 milliards d’euros, pour renforcer son industrie des semi-conducteurs. Une décision aux répercussions mondiales, en particulier sur les smartphones et objets connectés, qui dépendent largement des composants produits par les géants coréens Samsung et SK hynix.

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By Aurélien Delacroix Published on 15 avril 2025 9h53
Puces Electroniques Europe 1
@shutter - © Economie Matin
305 MILLIARDS €Samsung maintient son projet de 305 milliards d’euros d’investissements sur 20 ans

Corée du Sud : les puces comme levier de souveraineté numérique

Au cœur de cette annonce, un constat alarmant : « Les semi-conducteurs font l’objet d’une guerre totale entre pays », a déclaré le président Yoon Suk-yeol, dans une déclaration rapportée par Siècle Digital en mai 2024. En effet, avec plus de 36 % des exportations de semi-conducteurs dépendant encore du marché chinois, et des pressions tarifaires croissantes venues de Washington, Séoul ne pouvait plus se permettre d’attendre.

Le plan de 23,2 milliards d’euros ne se limite pas à soutenir les géants comme Samsung. Il inclut un fonds d’1 000 milliards de wons spécifiquement alloué aux PME et entreprises fabless (concepteurs sans usine), afin de consolider l’ensemble de la chaîne de valeur. D’après le ministère de l’Économie, l’objectif est clair : créer une structure d’innovation portée par le secteur privé, mais pilotée stratégiquement par l’État.

Des composants omniprésents dans nos téléphones et montres connectées

Aujourd’hui, la moindre puce mémoire de Samsung ou SK hynix alimente iPhones, Galaxy, montres connectées, enceintes intelligentes, voire caméras de surveillance. Ce sont ces mêmes composants que la politique de Trump menace d’alourdir de nouveaux droits de douane. Le paradoxe ? Les États-Unis dépendent eux-mêmes massivement de ces circuits pour leurs appareils électroniques, alors même que la Maison-Blanche cherche à rapatrier la production ou à limiter les importations venues d’Asie. Résultat : chaque barrière douanière impose des surcoûts aux industriels, qui sont bien souvent répercutés sur les consommateurs.

Qui va payer la facture ? Les géants de la tech ou… les clients ?

Le plan coréen vise aussi à amortir cette onde de choc. Parmi les mesures phares : une enveloppe de 14,1 milliards d’euros sous forme de prêts bonifiés pour accompagner les investissements industriels. La Banque de développement coréenne sera chargée d’en assurer la gestion, dans le but d’accélérer la création d’un méga pôle des semi-conducteurs, dont les premières unités verront le jour à Yongin et Pyeongtaek.

Mais cette surproduction subventionnée suffira-t-elle à faire baisser les prix ? Rien n’est moins sûr. D’autant que, comme le souligne Yonhap News, l’État sud-coréen vise avant tout à soutenir la compétitivité mondiale de ses acteurs, pas nécessairement à réduire les marges.

Et tandis que Samsung maintient son projet de 305 milliards d’euros d’investissements sur 20 ans, le consommateur européen pourrait bien découvrir, au moment de renouveler son téléphone, que la guerre des puces s’est glissée dans le prix de l’écran.

Un équilibre mondial en recomposition : l’électronique n’a plus de frontières fixes

Si la Corée du Sud agit aujourd’hui, c’est aussi parce que d’autres ont déjà commencé. Les États-Unis ont lancé leur CHIPS Act, l’Union européenne tente tant bien que mal d’imiter le modèle, et la Chine accélère ses efforts d’autonomie technologique. Dans ce contexte, Séoul ne peut pas se permettre de rester à la traîne. À travers cette manœuvre de soutien massif, le pays veut rassurer ses alliés industriels, anticiper les ruptures de chaîne d’approvisionnement et préserver son rang de puissance technologique.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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