La guerre économique au XXIe siècle

La France découvre depuis la crise covid et la guerre en Ukraine qu’elle a décroché sur beaucoup de sujets majeurs : incapacité à contrer la politique suicidaire de l’Allemagne sur la question du nucléaire jusqu’à une période récente, désindustrialisation rampante depuis des décennies, affaiblissement graduel de notre potentiel militaire, désorganisation de l’appareil d’Etat sur des questions vitales comme la santé et l’éducation, limites de notre système sécuritaire pour imposer le respect de la loi sur l’ensemble des territoires, défaillances chroniques de la fonction judiciaire, incapacité à contrer l’entrisme subversif de l’islam politique dans la société française. A cette liste inquiétante, on peut rajouter l’angle mort de la guerre économique.

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Par Christian Harbulot Modifié le 5 avril 2024 à 14h07
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La guerre économique au XXIe siècle - © Economie Matin
35,6%les BRICS+ représentent plus du tiers du PIB mondial (35,6 % en 2022)

Changer de grille de lecture

Cette expression n’appartient pas à la culture de notre administration. Le curseur est resté sur le terme « défensif ». Autrement dit, l’administration a intégré de manière « raisonnable » le principe de prendre en compte le besoin de mieux se protéger contre les ingérences étrangères. Le dispositif de sécurité économique a le mérite d’exister. En revanche, il n'est pas question de rentrer dans le vif du sujet c’est-à-dire comment mener la guerre économique face à des pays conquérants qui cherchent à accroître leur puissance. La lutte contre l’espionnage industriel est un aspect très limité du problème. Attaquer un adversaire en termes de guerre économique, c’est d‘abord mettre au point des stratégies de conquête tous azimuts de marchés, de positionnement stratégique dans les zones de ressources et de matières premières, de création de dépendance d’un pays par rapport à un autre. Nos moyens de sécurité économique ne sont pas à la hauteur de ce défi global.

Cette carence s’explique par les grilles de lecture dépassées qui servent de bases d’analyse des cercles dirigeants. Au niveau de l’Etat, on persiste à croire qu’une France et une Europe sous dépendance géostratégique amis aussi géoéconomique américaine, restent la solution la plus souhaitable pour garantir un minimum de stabilité de développement. Du côté des entreprises, la pensée patronale est assez proche de ce constat à quelques exceptions près. Mais force est de constater que l’évolution du monde ne correspond pas à cette analyse comme une politique de bon sens. Les fractures dans le modèle rêvé de mondialisation heureuse se multiplient. L’Organisation Mondiale du Commerce est bloquée depuis des années. De nouvelles alliances se constituent en dehors du monde occidental. Les BRIC’s en préfigurent la dynamique. La démonstration est faîte que nous avons le plus grand mal à passer à une économie de guerre en cas de danger mortel pour notre pays.

Apprendre à penser autrement

Nous ne pouvons pas rester dans cette situation. Il faut changer de manière de penser et adopter de nouvelles grilles de lecture afin de nous remettre à niveau pour faire face à ces différents périls.

L’opinion publique française est sensible à la dégradation du climat. Elle s’interroge sur la crise de notre modèle de santé et d’éducation nationale. Mais elle refuse pour l’instant à prendre en compte la guerre économique qui détruit l’emploi local, fragilise les territoires et réduit l’accès à la société de consommation. Il est plus qu’urgent de changer d’attitude.

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Christian Harbulot est directeur de l'École de Guerre Économique et directeur associé du cabinet de conseil Spin Partners, spécialisé en intelligence économique et lobbying.

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