La guerre des mini-drones, l’arme qui change tout

A chaque fois, les généraux sont en retard d’une guerre ou presque et nous en avons l’habitude en France. La dernière fois c’était en juin 40. Si le jeune de Gaulle avait travaillé et anticipé l’utilisation qu’une armée moderne pouvait faire de l’arme blindée, les grands chefs de l’époque n’avaient pas compris grand-chose et ce fût la déroute.

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Par Charles Sannat Publié le 14 mai 2024 à 10h30
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30000 EUROSLes drones kamikazes coûtent 30.000 euros l'unité.

Ce que je vais dire, va faire hurler non pas les « pro-russes » mais les « croyants », car ce que j’écris ci-dessous est factuel. Je ne m’en réjouis pas, tant cette guerre est atroce. Pourtant au delà des hurlements, c’est une réflexion « stratégique » qu’il convient d’avoir pour ceux qui veulent comprendre ce qu’il se passe. Au-delà de la guerre d’attrition, la guerre d’usure étant une des dimensions de ce conflit, mais certainement pas la seule. Elle est même rendue presque inévitable par l’irruption d’une nouvelle arme sur le champ de bataille. Mais avant revenons au début de cette guerre.

Cette déroute l’armée russe l’a connue dans les premiers jours de son « opération spéciale » en Ukraine contrainte de se replier sous les essaims de missiles antichars fournis à l’Ukraine par l’Otan. Contrainte au recul sous les bombardements chirurgicaux de ses QG de division où plus de 10 généraux russes périront grâce aux missiles Otan, aux renseignements Otan. Un recul obligé par survie militaire parce que le renseignement russe avait totalement sous-estimé la réponse occidentale et les capacités ukrainiennes.

Puis tout cela est devenu sensiblement une guerre de tranchées ancienne au lieu d’être la guerre de blindés, de chars, et de mouvement à laquelle tout le monde s’attendait.

La contre-attaque ukrainienne vantée par les analystes sur LCI nous disant que nous allions voir ce que nous allions voir s’est fracassée sur les lignes de défense russes.

L’avancée russe, se fait actuellement à pas comptés tant l’hyper surveillance du champs de bataille et les mini-drones changent tout.

L’Ukraine a d’ailleurs compensé ces derniers mois le manque de moyens traditionnels comme les missiles sophistiqués par des drones à 500 euros !

Ces drones transforment les chars en vulgaires boîtes de conserve sans grande utilité opérationnelle.

Ces drones peuvent s’attaquer à chaque soldat sur le champ de bataille.

Ces drones empêchent toute cachette et peuvent accéder partout avec une charge explosive redoutable et pourtant de poids restreint.

Ces drones changent la guerre.

Demain, ces drones changeront le terrorisme et je peux vous dire que l’on n’est pas prêt.

La Chine par ses capacités de production considérables a déjà un temps d’avance.

En France, nos armées et nos industriels travaillent évidemment le sujet. Ici une vidéo de Nexter et de Naval Group qui sont en pointe sur l’utilisation des drones.

Sur mer aussi ils représentent un changement majeur permettant d’attaquer des bâtiments autrefois presque invulnérables. Il risque d’arriver aux porte-avions la même chose qu’aux chars en Ukraine.

Vous l’avez compris, les drones changent la physionomie de cette guerre d’une manière radicale. Il se passe la même chose qu’en juin 40.

Ceux qui attendaient une bataille de chars et l’utilité de la « cavalerie » sont en retard d’une guerre car c’est une bataille de drones. Une bataille avec des armes à 500 dollars pièces !

Si l’Ukraine communique avec efficacité sur l’utilisation de ses drones, l’armée russe est beaucoup plus discrète dans sa « propagande » sur ce sujet-là.

Il faut toujours se méfier bien plus de ce qui est passé sous silence que de ce qui est évoqué.

La Chine finira par fournir des essaims de drones à la Russie et cela ajouté à la puissance de l’artillerie russe risque de mettre à mal les défenses ukrainiennes dans les mois qui viennent.

Pour le moment nous en sommes au tout début de l’utilisation d’une nouvelle arme sur le champ de bataille. Une arme qui change tout mais dont nous ne savons encore rien des potentialités et des doctrines d’emplois que nous pourrons en avoir. Tout s’expérimente actuellement sous vos yeux et dans d’effroyables souffrances humaines, à travers un carnage en plein cœur de l’Europe.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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