Le 14 avril 2025, les relations transatlantiques ont franchi une nouvelle ligne rouge. Alors que Donald Trump imposait un moratoire de 90 jours sur de nouveaux droits de douane, Bruxelles n’a pas pour autant rangé les armes. L’Union européenne envisage, en guise de riposte, une taxe numérique ciblée. Une mesure défensive qui pourrait rapporter des milliards, mais surtout marquer un tournant stratégique dans la guerre commerciale larvée entre les deux puissances.
Guerre commerciale : l’UE prête à taxer les géants du numérique

Taxe numérique : le levier fiscal que Bruxelles pourrait activer
Depuis l'annonce d'un moratoire temporaire par Donald Trump, l’illusion d’un apaisement transatlantique s’est rapidement dissipée. Si Washington suspend temporairement ses attaques, Bruxelles anticipe déjà l’échec des négociations. La Commission européenne planche sur une contre-attaque soigneusement calibrée : taxer les revenus des géants du numérique. Une taxe à hauteur de 5 % sur le chiffre d’affaires des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et consorts) pourrait générer jusqu’à 37,5 milliards d’euros, selon des estimations évoquées dans Le Figaro.
Une somme symbolique et stratégique : frapper là où ça fait mal, sur le modèle économique même des géants de la Silicon Valley. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ne mâche pas ses mots dans le Financial Times : « Par exemple, on peut introduire une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques ». Une déclaration qui ne laisse guère de doute sur l’intention européenne d’user de l’arme fiscale comme outil diplomatique.
Les États-Unis sur la défensive : Donald Trump contre la fiscalité punitive
Du côté américain, la tension est palpable. L’administration Trump, fidèle à son approche unilatérale, dénonce toute entrave aux intérêts des entreprises américaines. En clair, toute taxe numérique européenne serait considérée comme un acte de guerre économique. Donald Trump campe sur ses positions. Pas question de laisser l’Europe imposer ce qu’il qualifie de racket fiscal sur ses champions industriels.
Mais qui, dans ce bras de fer, cherche vraiment l’escalade ? Alors que le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, s’est rendu à Washington pour une troisième tentative de conciliation depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, les États-Unis refusent de céder. Derrière cette posture se cache une vérité dérangeante : les GAFAM génèrent d’importants excédents sur le sol européen, mais échappent en grande partie à l’impôt local. Une distorsion que Bruxelles entend bien corriger.
Une stratégie européenne à double détente
La taxe numérique n’est pas un coup de tête, c’est une pièce maîtresse d’un échiquier plus large. L’Union européenne prépare également une série de mesures techniques, juridiques et diplomatiques. Parmi elles, l’activation du mécanisme anti-coercition, conçu pour riposter à toute tentative d’intimidation économique. Ce dispositif pourrait offrir une base légale à des mesures commerciales ciblées, sans enfreindre les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Mais la Commission ne s’arrête pas là. Elle envisage également une mise à jour du Digital Services Act (DSA) pour durcir les conditions d’exploitation des plateformes américaines. La taxation n’est qu’une facette d’une stratégie d’encerclement plus vaste, visant à redéfinir les règles du jeu numérique au profit des Européens. Henna Virkkunen, vice-présidente de la Commission en charge de la Souveraineté technologique, l’a dit clairement dans Le Figaro : « L’Europe devra réfléchir à une taxe sur les géants du numérique ». Le ton est donné.