La guerre commerciale qui s’amorce aura plus d’impact sur les Américains que sur les Européens. C’est en tout cas le message délivré par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Le Vieux Continent semble mieux armé pour faire face.
Guerre commerciale : les Américains vont trinquer le plus, selon la Banque de France

La guerre commerciale va surtout coûter aux Américains
La guerre commerciale initiée par l’administration américaine sous Donald Trump continue de produire des effets indésirables. Elle place les États-Unis dans une situation économique périlleuse, selon François Villeroy de Galhau. Dans un entretien accordé à La Tribune, le gouverneur de la Banque de France estime que le protectionnisme adopté par Washington nuit avant tout à l’économie américaine, contrairement aux attentes initiales. « Il vaut mieux aujourd’hui être Européen qu’Américain », affirme-t-il, pointant du doigt une instabilité croissante de l’environnement économique aux États-Unis. Une situation exacerbée par des choix politiques imprévisibles et une déréglementation à marche forcée.
Le revirement stratégique opéré par les États-Unis en matière de commerce international se traduit par un affaiblissement de leur propre dynamique économique, affirme François Villeroy de Galhau. Selon lui, la politique protectionniste menée depuis plusieurs années ne produit pas les effets escomptés sur la croissance, bien au contraire. Alors que de nombreux observateurs anticipaient un rebond économique majeur en 2025, la réalité s’avère toute autre. « Beaucoup prévoyaient une montée du dollar et des actions américaines, mais c’est le contraire qui se passe », observe-t-il. La Banque de France souligne ainsi que l’incertitude générée par cette guerre commerciale entrave la confiance des investisseurs et ralentit la consommation.
En renforçant les barrières douanières et en délaissant les accords multilatéraux, l’administration américaine s’isole sur la scène économique mondiale. Ce choix, censé protéger les industries nationales, se révèle paradoxalement contre-productif. Les entreprises américaines, qui dépendent largement des chaînes d’approvisionnement internationales, subissent de plein fouet la hausse des coûts et la difficulté d’accès aux marchés étrangers. En parallèle, l’Europe, bien que touchée par les tensions commerciales, bénéficie d’une plus grande résilience grâce à sa structure économique.
Une déréglementation risquée et des perspectives sombres
Outre la guerre commerciale, la Banque de France alerte sur une autre menace qui pèse sur l’économie américaine : la déréglementation du secteur financier. En encourageant le développement des crypto-actifs et de la finance non bancaire, les autorités américaines créent un terrain propice à de futurs déséquilibres. « L’administration américaine sème les germes d’ébranlements futurs », avertit François Villeroy de Galhau. Cette approche rappelle les excès ayant conduit à la crise financière de 2008. Ils pourraient, à terme, fragiliser l’ensemble du système économique du pays.
Face à cette situation, François Villeroy de Galhau défend l’approche européenne, qui repose sur une réglementation stricte et une coopération économique approfondie. Contrairement aux États-Unis, l’Union européenne bénéficie d’un cadre économique plus stable, lui permettant de mieux résister aux chocs extérieurs. « Les crises financières naissent aux États-Unis et se propagent dans le reste du monde », rappelle-t-il, insistant sur la nécessité pour l’Europe de renforcer encore davantage son autonomie et sa compétitivité.