Europe : les importations de GNL en baisse, sauf pour le gaz russe !

Alors que les importations européennes de gaz naturel liquéfié (GNL) ont reculé de 19 % en 2024, un paradoxe émerge : cette baisse s’accompagne d’investissements massifs dans de nouvelles infrastructures.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 18 février 2025 à 8h52
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Europe : les importations de GNL en baisse, sauf pour le gaz russe ! - © Economie Matin
18 %Alors que l'UE s'est engagée à mettre fin à sa dépendance aux énergies fossiles russes d'ici à 2027, les importations de GNL russe ont augmenté de 18 % en 2024

En 2024, les importations européennes de GNL ont chuté de manière spectaculaire, atteignant leur niveau le plus bas depuis 11 ans.

GNL : une baisse historique portée par la transition énergétique

L'année 2024 a marqué un tournant pour le marché européen du gaz naturel liquéfié. Selon l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), les importations ont reculé de 19 %, atteignant leur plus faible niveau depuis 2021. Cette diminution s'explique notamment par une consommation de gaz en berne, réduite à son point le plus bas depuis 11 ans.
Les pays européens ayant le plus réduit leurs importations de GNL en 2024 sont le Royaume-Uni (baisse de 47 % par rapport à 2023), la Belgique (baisse de 29 %) et l’Espagne (baisse de 28 %).
Cette baisse est directement liée aux efforts déployés par l'Union européenne pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles"Les efforts de l'UE pour réduire la demande de gaz ont été essentiels pour maintenir la sécurité d'approvisionnement énergétique du continent", souligne Ana Maria Jaller-Makarewicz, analyste principale pour l'Europe à l'IEEFA. Parallèlement, le développement accéléré des énergies renouvelables, comme le solaire et l'éolien, a réduit la nécessité d'importer du GNL.

Paradoxalement, cette baisse de la demande intervient dans un contexte d'expansion des infrastructures. Depuis 2021, plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, la France et la Pologne, ont investi massivement dans de nouveaux terminaux de regazéification. L'IEEFA prévoit une augmentation de 60 % de la capacité d'importation de GNL d'ici à 2030. Pourtant, en 2024, la moitié de ces terminaux affichaient un taux d'utilisation inférieur à 40 %.
"Miser sur la construction de nouveaux terminaux de GNL sans tenir compte des tendances de la demande augmente le risque de surinvestissement et d'infrastructures sous-utilisées à mesure que la transition énergétique s'accélère", alerte Jaller-Makarewicz.

Les importations russes en hausse, malgré les sanctions

Autre paradoxe : alors que l'UE s'est engagée à mettre fin à sa dépendance aux énergies fossiles russes d'ici à 2027, les importations de GNL russe ont augmenté de 18 % en 2024. La France, l'Espagne et la Belgique ont représenté 85 % de ces achats, pour un montant estimé à 6,3 milliards d'euros entre janvier et novembre 2024.
Une partie de ces importations repose sur des transactions ponctuelles, non liées à des contrats à long terme. Mais cela complique la volonté politique d'enrayer ces flux. "Un tiers des importations de GNL russe par l'UE en 2024 étaient des achats ponctuels. Les États membres devraient prioriser la suppression de ces flux", recommande l'analyste de l'IEEFA.

Malgré cette baisse historique, la demande de GNL pourrait connaître un rebond en 2025. En cause : la fin du transit de gaz russe via l'Ukraine, qui représentait encore 15 milliards de mètres cubes en 2024. Ce volume devra être compensé par d'autres sources, dont une partie passera par les terminaux existants. Toutefois, cette hausse attendue devrait rester en deçà des niveaux records de 2022 et 2023.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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