Energie : le Gaz russe enfin sanctionné par l’UE ?

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022, les relations entre la Russie et l’Union Européenne (UE) ont été marquées par une série de sanctions économiques et politiques. Parmi les secteurs les plus touchés figure celui de l’énergie, et plus spécifiquement le gaz naturel, une ressource clé pour de nombreux pays européens et une grande source de revenus pour la Russie.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 21 juin 2024 à 11h28
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6 MILLIARDS €Gazprom a connu une perte nette de plus de 6 milliards d'euros en 2024.

Les importations de gaz depuis la Russie au plus haut malgré les sanctions

En mai 2024, les importations de gaz russe par les pays européens ont connu une augmentation significative, dépassant même celles en provenance des États-Unis. Gazprom, la grande entreprise énergétique russe, a exporté 2,5 milliards de mètres cubes de gaz vers l'Europe en mai, contre 1,8 milliard de mètres cubes en mai 2023. Une nouvelle hausse qui marque neuf mois consécutifs d'augmentation des exportations russes de gaz vers l'Europe.

Les raisons de cette augmentation sont multiples. D'abord, le gaz russe reste moins cher que ses alternatives, une réalité économique difficile à ignorer pour les traders et les pays consommateurs. Des pays comme la Hongrie, la Grèce, la Slovaquie et l'Autriche ont ainsi augmenté leurs commandes de gaz russe de 25%, malgré les appels à réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou. En Autriche, 95 % du gaz consommé viendrait de Russie.

Les sanctions ont toutefois déjà fonctionné : en 2023, Gazprom a enregistré sa première année dans le rouge depuis plus de 20 ans, avec un exercice qui s’est clos avec une perte nette de 6,9 milliards de dollars. Un coup dur pour l’énergéticien… qui devrait continuer de lourdement souffrir des sanctions imposées par l’UE.

De nouvelles sanctions contre la Russie

Le 20 juin 2024, l'Union Européenne a adopté son 14ème paquet de sanctions contre la Russie. Pour la première fois, ces sanctions incluent des mesures visant le gaz naturel liquéfié (GNL) russe. Ce nouveau paquet de mesures interdit le transbordement de GNL dans les ports européens, une pratique jusqu'alors courante. La Russie pourra continuer à livrer du GNL à l'UE, mais ne pourra plus utiliser les ports européens comme relais vers d'autres destinations telles que la Turquie, la Chine ou Taïwan.

Cette interdiction complique la logistique pour les exportateurs russes, qui dépendent souvent des ports européens pour transférer le GNL des méthaniers brise-glace vers des méthaniers classiques. L'impact économique est significatif : les recettes annuelles des livraisons de GNL vers l'UE, estimées à 8 milliards d'euros, pourraient être amputées d'un quart, soit environ 2 milliards d'euros par an.

« Je me réjouis de l'accord sur notre 14ᵉ paquet de sanctions contre la Russie. Ce train de mesures radicales empêchera la Russie d'accéder à des technologies clés. Il privera la Russie de nouvelles recettes énergétiques. Et il s'attaquera à la flotte fantôme et au réseau bancaire fantôme de Poutine à l'étranger », a déclaré Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne.

Vers une nouvelle flambée du prix du gaz ?

Les nouvelles sanctions visent également à limiter le recours par la Russie à des cargos "fantômes" pour contourner les restrictions sur les exportations de pétrole. De plus, le système de messagerie financière SPFS, alternative russe à SWIFT, est également ciblé. Ces mesures renforcent les obstacles logistiques pour la Russie, notamment en hiver, lorsque les méthaniers brise-glace sont essentiels pour les exportations depuis l'Arctique.

La mise en œuvre de ces sanctions a rencontré des résistances au sein de l'UE. La Hongrie, par exemple, a levé son veto après avoir obtenu l'assurance que les Vingt-Sept ne proposeraient pas de sanctions contre le chantier d'extension de sa centrale nucléaire de Paks, piloté par le russe Rosatom. L'Allemagne, également réticente, a soulevé des préoccupations concernant l'impact potentiel sur ses PME exportatrices.

Reste la question de l’impact de ces nouvelles sanctions sur les ménages européens. Ces derniers, entre crise sanitaire et guerre en Ukraine, ont vu le prix du gaz exploser et passer de 15 euros à plus de 30 euros en moyenne entre 2020 et 2024. Le prix du gaz a toutefois fortement baissé, le TTF sur le marché d’Amsterdam ayant connu une pointe à plus de 200 euros durant l’été 2022.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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