Fin du gaz russe en Europe : le début d’une nouvelle crise de l’énergie ?

L’Ukraine a mis fin au transit du gaz russe sur son territoire, une décision marquant l’épilogue d’un contrat de cinq ans signé avec Gazprom en 2019. Cet arrêt illustre non seulement un repositionnement stratégique de Kiev, mais aussi un bouleversement majeur pour les équilibres économiques et énergétiques du continent.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Nicolas Egon Modifié le 2 janvier 2025 à 15h19
Fin du gaz russe en Europe : le début d'une nouvelle crise de l'énergie ?
Fin du gaz russe en Europe : le début d’une nouvelle crise de l’énergie ? - © Economie Matin
800 millions d'euros En 2023, l'Ukraine a généré 800 millions de revenus grâce au transit du gaz russe

Cette rupture intervient dans un contexte déjà tendu, où la guerre en Ukraine a profondément redéfini les flux commerciaux et énergétiques. Les conséquences économiques s’annoncent significatives, non seulement pour la Russie, mais aussi pour l’Europe, qui doit accélérer sa transition énergétique tout en gérant une hausse des coûts de l’énergie.

Une décision stratégique aux répercussions économiques multiples

En renonçant à prolonger l’accord de transit, l’Ukraine a voulu s’affranchir de sa dépendance économique envers la Russie. Ce contrat, qui avait permis le transport de 14,65 milliards de mètres cubes de gaz en 2023, générait environ 800 millions d’euros de revenus annuels pour Kiev. En contrepartie, Gazprom percevait près de 5 milliards d’euros grâce à l’exportation de ce gaz vers l’Europe.

Cette décision n’est pas sans risque pour l’Ukraine, mais elle s’inscrit dans une logique de long terme : limiter les ressources financières de Moscou tout en renforçant son autonomie énergétique. Du côté russe, cette perte de marché exacerbe les difficultés économiques d’un pays déjà frappé par des sanctions internationales et une réduction de ses exportations énergétiques.

Une Europe en quête de solutions

Pour l’Union européenne, cet arrêt met en lumière la fragilité de son approvisionnement énergétique. Si la dépendance au gaz russe a fortement diminué depuis le début de la guerre, certains pays de l’Est, comme la Slovaquie et la Hongrie, restent particulièrement exposés. Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a qualifié cette décision d’« impact drastique » pour l’ensemble de l’UE.

Source Avantages Inconvénients
Gazoduc TurkStream Maintien d’un flux constant Capacité limitée
Gaz naturel liquéfié (GNL) Grande disponibilité Coût élevé
Énergies renouvelables Durabilité Développement lent

Le recours accru au GNL, notamment importé des États-Unis et du Qatar, apparaît comme une solution à court terme. Toutefois, les infrastructures nécessaires pour accueillir ces volumes restent insuffisantes dans certains pays. Par ailleurs, les coûts liés au GNL, plus élevés que ceux du gaz transporté par pipeline, se répercutent sur les ménages et les entreprises.

Une pression croissante sur les marchés

La fin du transit via l’Ukraine a provoqué une nouvelle flambée des prix de l’énergie en Europe. Le mégawattheure a atteint 50 euros, un niveau inédit depuis plus d’un an. Cette hausse, combinée à une inflation énergétique persistante, risque de ralentir la reprise économique post-pandémique dans de nombreux États membres.

Pour les entreprises, notamment dans les secteurs industriels gourmands en énergie, ces hausses représentent un défi majeur. La compétitivité des industries européennes pourrait s’éroder face à des concurrents internationaux bénéficiant de coûts énergétiques plus faibles.

La Russie et l’Ukraine : des trajectoires économiques opposées

Pour la Russie, la perte de cette route de transit réduit encore sa capacité à influencer les marchés européens. Ses revenus gaziers, déjà fragilisés par les sanctions, pourraient reculer de manière significative. Moscou mise désormais sur ses exportations de GNL et le gazoduc TurkStream pour maintenir une présence sur le marché européen, mais ces alternatives restent insuffisantes. Pour l’Ukraine, cette décision s’inscrit dans une stratégie de reconquête économique et énergétique. Bien que coûteuse à court terme, elle reflète une volonté d’intégrer davantage les marchés européens et de s’affranchir de toute forme de dépendance vis-à-vis de Moscou.

Cet événement souligne l’urgence pour l’Europe d’accélérer sa transition énergétique. La diversification des sources d’approvisionnement, l’investissement dans les infrastructures et le développement des énergies renouvelables doivent devenir des priorités absolues. En parallèle, des politiques de soutien devront être mises en place pour amortir l’impact économique sur les entreprises et les consommateurs.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Aucun commentaire à «Fin du gaz russe en Europe : le début d’une nouvelle crise de l’énergie ?»

Laisser un commentaire

* Champs requis