Énergie : Le prix du gaz négatif pendant quelques heures !

Depuis le début du conflit en Ukraine, le gaz est au centre de toutes les tensions économiques et politiques. La faute à la dépendance de l’Union européenne envers la Russie, qui utilise cette énergie comme moyen de pression.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 29 novembre 2022 à 9h13
Prix Gaz Negatif Amsterdam Marche Bourse
Énergie : Le prix du gaz négatif pendant quelques heures ! - © Economie Matin
28,5%Les réserves de gaz françaises ne représentent que 28,5% de la consommation annuelle.

Le prix du gaz a explosé, battant record sur record durant toute l’année 2022. Mais lundi 24 octobre 2022… il est tombé en territoire négatif ! Cela veut dire qu'un mégawatt de gaz, l'unité de mesure du gaz, valait moins de 0 euro contre jusqu'à 350 euros par moments ces derniers mois. 

Il y a trop de gaz sur le marché européen

Les Etats-membres de l’Union européenne, une fois compris que la guerre en Ukraine allait être de longue durée, ont tous eu le même réflexe : remplir leurs stocks stratégiques. Un succès. Les stocks français, notamment, sont remplis à 100%. Ce qui ne représente toutefois que 28,5% de la consommation annuelle du pays.

La demande en gaz a donc explosé, ce qui a maintenu les prix sur le marché à des niveaux élevés. Le marché du gaz anticipait également le début de l’hiver et la baisse des températures, qui causent une hausse de la consommation de gaz et donc de la demande. Mais l’hiver tarde à venir : en cette fin de mois d’octobre 2022, les températures sont plus proches d’une fin de printemps quand elles ne sont pas carrément estivales. Pas besoin d’allumer le chauffage et donc pas de consommation de gaz, sauf pour faire la cuisine ou chauffer l'eau de la douche…

Le gaz a coûté moins de 0 euro le MWh lundi 24 octobre 2022

La demande de gaz est donc très inférieure à celle prévue, tandis que l’offre de gaz est élevée. Les lois du marché ont donc donné lieu à une situation absurde. On l'avait déjà connue sur le pétrole brut lors de la crise de la Covid-19 : le gaz a coûté moins de 0 euro le mégawattheure.

Durant environ une heure sur le marché spot le TTF néerlandais a affiché un prix négatif, tombant à -15,78 euros le mégawattheure au niveau le plus bas. Les clients étaient donc tout simplement… payés pour acheter du gaz.

Les prix, en forte baisse, restent très élevés

Malgré ce passage du gaz en territoire négatif, les ménages ne doivent pas s’attendre à un remboursement de la part de leur fournisseur. Les échanges effectués ont été peu nombreux, et surtout sur le marché spot qui concerne l’achat au jour le jour. D’ailleurs, le prix négatif n’aura duré qu’une heure environ… on est loin d’une dépréciation majeure du gaz sur le marché.

Côté prix, toutefois, il faut noter une forte amélioration : après avoir franchi la barre des 330 euros le mégawattheure en août 2022, record absolu et prix qui a fait craindre le pire pour l’économie, le TTF néerlandais a fortement chuté. Le 25 octobre 2022, il a clôturé la journée sous les 100 euros, soit plus de trois fois moins. En un mois, la baisse de prix du gaz est de 42%.

Le prix du gaz reste toutefois très élevé, surtout comparé aux prix de marché d’avant 2022. Le prix a grimpé de 12% par rapport à fin octobre 2021. Mais il a surtout été multiplié par cinq par rapport à la période pré-pandémie. Avant 2020, le mégawattheure de gaz ne connaissait que de petites variations, s’échangeant entre 15 et 25 euros le mégawattheure.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

2 commentaires on «Énergie : Le prix du gaz négatif pendant quelques heures !»

  • Bonjour Paolo…
    Merci pour cet article ! Mais je pense que tu as fait une erreur à un moment : « après avoir franchit la barre des 330 euros le mégawattheure en août »…
    Ne devrait-on pas écrire « franchi », et sans le »t » final?
    À part cela… 😉

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  • Le peuple français se laisse bercer par les vagues de prix des producteurs du gaz sans jamais profiter de ristournes, tout comme pour le petrol.
    Lorsque je pense uniquement au bénéfice de Total sur 6 mois, sans même englober toutes les compagnies pétrolières du monde, je constate que nos volontés de réagir sont particulièrement dangereuses par manque de réactions pour l’avenir

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