Gaz naturel liquéfié (GNL) : vers une catastrophe industrielle ?

Depuis plusieurs années, le gaz naturel liquéfié (GNL) a été un élément clé dans les politiques énergétiques européennes. Cependant, en 2024, un changement dans l’utilisation des infrastructures d’importation du GNL est observé, indiquant une baisse importante de la demande et une révision des investissements en infrastructures.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 13 septembre 2024 à 8h30
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37%la demande de GNL en Europe devrait encore diminuer de 37% d'ici 2030

Une forte baisse de la demande de GNL en Europe

L'Europe semble avoir dépassé son pic de consommation de GNL. En effet, au premier semestre de 2024, la demande en GNL a chuté de 20% sur le continent, tandis que celle de l'Union Européenne (UE) a diminué de 11%. Cette baisse s’inscrit dans une tendance globale de réduction de la consommation de gaz, après une décennie de consommation record. En 2023, l'Europe a atteint son plus bas niveau de consommation de gaz depuis 10 ans, et cette tendance s'est poursuivie avec une nouvelle baisse de 5,4% au premier semestre 2024.

Le principal facteur expliquant cette baisse de la demande réside dans la transition énergétique en cours, où de nombreux pays européens s'éloignent des combustibles fossiles, incluant le GNL, au profit des énergies renouvelables. Selon l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière (IEEFA), la demande de GNL en Europe devrait encore diminuer de 37% d'ici 2030, laissant entrevoir un avenir où les infrastructures d'importation de GNL seront largement sous-utilisées.

Energie : vers sous-utilisation des terminaux de GNL

Les terminaux européens d’importation de GNL, qui représentent des investissements de plusieurs milliards d'euros, sont de moins en moins utilisés. Au premier semestre de 2024, leur taux moyen d’utilisation est tombé à 47,2%, contre 62,8% un an auparavant. Voilà qui pose des questions sur la pertinence de ces infrastructures coûteuses à long terme, d'autant plus que la construction de nouveaux terminaux a continué malgré la baisse de la demande.

Depuis le début de 2022, la capacité d'importation de GNL en Europe a augmenté de 23%, soit 58 milliards de mètres cubes (bcm). Des pays comme l'Allemagne, les Pays-Bas, la Turquie et l'Italie ont été les principaux acteurs de cette expansion. Toutefois, avec une demande en chute libre, de nombreux projets sont désormais suspendus ou annulés. Par exemple, des projets d'expansion ou de nouveaux terminaux ont été reportés en Albanie, à Chypre, en Irlande, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne.

Selon les prévisions de l'IEEFA, d'ici 2030, les trois quarts des capacités d'importation de GNL en Europe pourraient ne pas être utilisés, représentant un risque industriel et financier considérable.

L'impact de l'augmentation des importations russes de GNL

Paradoxalement, malgré la baisse globale de la demande de GNL en Europe, les importations de GNL en provenance de Russie ont augmenté de 11% au premier semestre 2024. Ce phénomène contraste avec les ambitions déclarées de l'UE de mettre fin à sa dépendance aux combustibles fossiles russes d'ici 2027.

La France, en particulier, a vu ses importations de GNL russe plus que doubler sur la même période, tandis que les importations en Espagne sont restées stables et celles en Belgique ont diminué de 16%.

Ces augmentations surviennent malgré les sanctions et les efforts européens pour diversifier les sources d'énergie. En juin 2024, l'UE a annoncé une interdiction des transbordements de GNL russe à partir de ses ports, une mesure qui entrera en vigueur en mars 2025.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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