Le 21 novembre 2024, les prix du gaz naturel ont atteint des sommets inégalés depuis un an, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. Si cette hausse globale reflète des tensions communes, les facteurs sous-jacents diffèrent significativement entre les deux régions. Aux États-Unis, les prévisions météorologiques extrêmes ont pesé sur les prix, tandis qu’en Europe, les défis géopolitiques ont accentué la pression sur le marché.
Europe et États-Unis : comment expliquer la hausse des prix du gaz ?
Le marché américain influencé par la météo
Aux États-Unis, la hausse des prix du gaz s’explique principalement par les prévisions météorologiques annonçant une vague de froid significative. Les températures, attendues bien en dessous des moyennes saisonnières dans l’Ouest et le Midwest, devraient alimenter une demande accrue pour le chauffage.
Ce contexte a poussé les contrats à terme de décembre à enregistrer une progression de 5,10 %, atteignant 3,356 dollars par million de BTU (British Thermal Unit). Masanori Odaka, analyste chez Rystad Energy, indique que ces conditions rompent avec un automne particulièrement doux, qui avait jusqu’alors freiné la demande de gaz.
Cependant, la situation est tempérée par des stocks américains historiquement élevés. « Si les températures se radoucissent, cette hausse pourrait être limitée », commente Eli Rubin d’EBW Analytics Group. L’abondance des réserves pourrait ainsi amortir les fluctuations saisonnières sur le marché.
L’Europe face à des défis géopolitiques persistants
En Europe, la situation est plus complexe. Le TTF néerlandais, principal indice de référence pour le marché européen, a grimpé de 3,22 %, atteignant 48,303 euros par mégawattheure (MWh). Cette augmentation est attribuée à la combinaison de l’arrivée de l’hiver et de nouvelles tensions géopolitiques. La décision récente de Gazprom, géant russe du gaz, d’interrompre ses livraisons à l’Autriche a exacerbé les craintes sur la sécurité de l’approvisionnement.
L’Autriche reste en effet très dépendante des importations russes. Ce geste intervient dans un contexte marqué par un regain de tensions militaires entre la Russie et l’Ukraine. L’utilisation de missiles à longue portée par l’Ukraine et les ripostes de Moscou ont intensifié les incertitudes économiques. Ces événements rappellent à quel point l’Europe reste vulnérable aux perturbations extérieures, malgré les efforts déployés pour diversifier ses sources énergétiques depuis le début de la crise russo-ukrainienne.
Analyse comparative : marchés américain et européen
Aspect | États-Unis | Europe |
---|---|---|
Facteur dominant | Conditions climatiques | Tensions géopolitiques |
Prix enregistré | 3,356 dollars par million de BTU | 48,303 euros par MWh |
Ressources disponibles | Stocks historiquement élevés | Stocks solides, mais dépendance à la Russie |
Risque à court terme | Réchauffement climatique imprévisible | Éventuelles escalades militaires |
Les marchés du gaz aux États-Unis et en Europe illustrent des dynamiques distinctes, dictées par des facteurs locaux. Aux États-Unis, la capacité de production reste flexible et pourrait répondre à une hausse de la demande hivernale, ce qui limiterait l’impact sur les prix. En revanche, l’Europe doit jongler avec des contraintes géopolitiques qui rendent son marché plus exposé à des hausses prolongées.
Les deux régions partagent toutefois un besoin commun : renforcer leur résilience face aux chocs externes, qu’ils soient climatiques ou politiques. Des investissements dans les infrastructures de stockage et une transition vers des sources d’énergie plus stables pourraient contribuer à limiter les fluctuations futures.