Transition énergétique : la consommation de gaz en chute libre d’ici 2035

D’ici 2035, la consommation de gaz en France devrait chuter de 30%, marquant un tournant décisif dans la transition énergétique du pays. Une réduction de la consommation qui, selon les acteurs de la filière, est liée à plusieurs facteurs, notamment l’efficacité énergétique, la montée en puissance du biogaz et les exigences européennes en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les impacts de cette évolution touchent à la fois les ménages, l’industrie et les infrastructures gazières.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 13 septembre 2024 à 7h30
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90%L'Union européenne a rempli à 90% ses réserves de gaz pour l'hiver.

Consommation de gaz : vers une baisse historique

Selon les projections, la consommation de gaz en France devrait passer de 399 TWh en 2023 à 282 TWh en 2035, soit une diminution de près de 30%. Cette tendance s’inscrit dans les objectifs du programme européen « Fit for 55 », qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030. L'efficacité énergétique, portée par l’installation de compteurs communicants par GRDF ou encore la rénovation énergétique, joue un rôle central dans cette transition. Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF, souligne que « pour atteindre les objectifs climatiques, les actions de sobriété et d’efficacité énergétique doivent s’intensifier ».

Dans le secteur résidentiel, la baisse prévue est encore plus forte, atteignant 34% d’ici 2035 selon les Perspectives gaz 2024 publiées le 12 septembre 2024. Le secteur tertiaire, qui regroupe bureaux et bâtiments publics, pourrait enregistrer une diminution encore plus drastique, avec une réduction de 42%. Cette baisse est en partie attribuée à l’électrification croissante des bâtiments et aux politiques de rénovation énergétique.

Energie : un rôle clé pour les gaz renouvelables

La réduction de la consommation de gaz naturel s’accompagne d’une montée en puissance des énergies renouvelables, notamment le biogaz. Actuellement, la production de gaz renouvelable ne représente que 5% du mix énergétique français. Cependant, les prévisions indiquent une multiplication par quatre de cette production d’ici 2030, pour atteindre 60 TWh, et jusqu’à 120 TWh en 2035. Ce gaz renouvelable, principalement composé de biométhane, émet environ 80% de moins de CO2 que le gaz naturel, selon le cabinet Carbone 4.

Cette accélération est due à plusieurs facteurs, dont la révision à la hausse du tarif d’achat du biogaz, longtemps considéré comme trop bas pour stimuler une production suffisante. De plus, un nouveau mécanisme de financement, les certificats de production de biogaz, a été mis en place en juillet 2024 pour soutenir ce développement. Toutefois, certaines ONG commencent à s’inquiéter de la sur-utilisation des terres agricoles pour la production d'agrocarburants.

Des défis pour l’industrie et les infrastructures gazières

Si la consommation de gaz diminue de manière significative dans le résidentiel et le tertiaire, l’industrie ne suit pas tout à fait la même trajectoire. Les prévisions estiment que la consommation industrielle de gaz ne diminuera que de 25% d’ici 2035. Cela s’explique en partie par la difficulté pour certains secteurs industriels à substituer le gaz naturel par d’autres sources d’énergie, malgré les efforts d’électrification.

Cette baisse de la demande pose aussi un défi pour les infrastructures gazières, notamment les réseaux de distribution et de transport. Dominique Mockly, président de Teréga, souligne que « si le nombre de clients raccordés aux infrastructures diminue trop fortement, cela pourrait entraîner une augmentation importante des coûts fixes, se répercutant sur les factures des consommateurs ». Ainsi, même avec une baisse de la consommation, il faut maintenir un certain niveau d’utilisation des infrastructures pour éviter une explosion des coûts.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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