Gautam Adani, magnat indien et deuxième fortune du pays, est accusé de corruption et de fraude par la justice américaine.
Gautam Adani, 18ᵉ fortune mondiale, accusé de corruption massive
L’inculpation : des pots-de-vin pour des contrats lucratifs
La justice fédérale américaine a inculpé Gautam Adani, 62 ans, pour avoir orchestré un système de corruption impliquant 250 millions de dollars de pots-de-vin entre 2020 et 2024. Avec son neveu Sagar Adani, il aurait soudoyé des fonctionnaires indiens pour obtenir des contrats solaires, selon le procureur de Brooklyn, Breon Peace. Ces manœuvres, dissimulées aux investisseurs américains, visaient à sécuriser des contrats d’une valeur de plusieurs milliards de dollars dans un secteur stratégique : les énergies renouvelables.
Des preuves accablantes, notamment des communications interceptées, montrent la planification minutieuse du stratagème. Gautam Adani aurait même rencontré des représentants du gouvernement indien pour finaliser les détails. Une enquête coordonnée entre le FBI et des institutions financières américaines a mis en lumière l’ampleur de cette fraude.
Les accusations ont eu des répercussions immédiates sur les marchés. À la Bourse de Bombay, les actions de la holding Adani Enterprises ont plongé de 23,4 %, tandis qu’Adani Energy Solutions, directement impliquée, a vu son titre dégringoler de 20 %. Ces turbulences ont également conduit à l’annulation d’une levée de fonds de 600 millions de dollars en obligations libellées en dollars américains.
Cette crise n’est pas sans rappeler le scandale de 2023, où Adani Group avait été accusé par Hindenburg Research de manipulation comptable et boursière. À l’époque, la valeur boursière du conglomérat avait fondu de 150 milliards de dollars. Aujourd’hui, cette nouvelle affaire compromet davantage la stabilité financière de l’empire Adani.
Gautam Adani, très proche du Premier ministre indien
Gautam Adani est réputé proche du Premier ministre indien, Narendra Modi, également originaire de l’État du Gujarat. Cette proximité alimente depuis longtemps les critiques, l’opposition accusant Adani d’avoir profité de son influence politique pour obtenir des marchés publics. Rahul Gandhi, chef de l’opposition indienne, a demandé son arrestation, affirmant que « Modi protège Adani ». Dans un communiqué, le groupe Adani a démenti les accusations du parquet américain, qualifiant l'inculpation de son patron et fondateur de "sans fondement".
Cette affaire met également en lumière les implications internationales des pratiques d’Adani. Le conglomérat avait obtenu des financements de plusieurs institutions américaines, dissimulant les risques juridiques liés à ses pratiques. En outre, des entreprises étrangères comme TotalEnergies, partenaire d’Adani dans les énergies renouvelables, pourraient voir leurs propres projets compromis. Le président kényan, William Ruto, a déjà pris ses distances, annulant deux contrats majeurs avec Adani pour manque de transparence.