Santé : les arômes fumés sont bannis, une révolution dans nos assiettes

L'interdiction des arômes fumés : une décision de santé publique

La Commission européenne a récemment annoncé l'interdiction de huit substances chimiques utilisées pour produire le goût fumé dans les aliments. Cette décision fait suite à une évaluation de l'EFSA qui a révélé des risques de génotoxicité associés à ces arômes. « Les experts n’ont pu exclure les risques de génotoxicité pour aucun des huit arômes de fumée », précise l’EFSA dans un communiqué. La génotoxicité fait référence à la capacité d'une substance chimique à endommager le matériel génétique des cellules, ce qui peut entraîner des mutations, des cancers et des maladies héréditaires.

Ces arômes, obtenus par liquéfaction de fumée de bois, sont utilisés dans divers produits tels que les chips, les sauces, les jambons et certains fromages. Le processus de liquéfaction permet de reproduire le goût fumé de manière plus rapide et économique que le fumage traditionnel, mais au prix de risques potentiels pour la santé.

Les conséquences pour l'industrie et les consommateurs

L'industrie agroalimentaire dispose de cinq ans pour s'adapter à cette nouvelle réglementation. Les entreprises devront modifier leurs recettes pour remplacer les arômes de fumée par des alternatives plus sûres. Pour les produits où l'arôme fumé est simplement ajouté pour une saveur supplémentaire, la période de transition est réduite à deux ans.

Elsa Abdoun, experte en alimentation au magazine Que Choisir, explique : « Ce sont potentiellement des mutations, ça peut induire des cancers, ça peut induire aussi des maladies qui peuvent être transmises à la descendance, aux enfants. Donc c’est un risque important pour la santé ». Cette interdiction pourrait ainsi encourager un retour aux méthodes traditionnelles de fumage, bien que plus longues et coûteuses.

Un retour aux sources ?

L'interdiction des arômes de fumée pourrait inciter les consommateurs à privilégier des produits fumés naturellement. Par exemple, les saumons et certains jambons, qui continuent d'être fumés selon des méthodes traditionnelles, portent souvent la mention « arômes naturels ». Cela pourrait également renforcer la tendance vers des choix alimentaires plus naturels et moins transformés.

Cependant, cette transition ne sera pas sans défis pour les industriels. L'EFSA souligne que depuis 2009, les méthodologies d'évaluation des substances chimiques ont évolué, rendant certaines substances aujourd'hui jugées dangereuses alors qu'elles étaient précédemment considérées comme sûres. Cette situation met en lumière la nécessité d'une vigilance constante et d'une adaptation continue aux avancées scientifiques pour garantir la sécurité alimentaire.

La décision de l'UE s'inscrit dans une démarche plus large de protection de la santé publique, bien que les impacts économiques pour l'industrie alimentaire soient non négligeables. Les coûts liés à la reformulation des produits et à l'adoption de nouvelles méthodes de production seront importants. Toutefois, cette démarche pourrait également ouvrir de nouvelles opportunités pour les entreprises qui innovent dans des solutions plus sûres et naturelles.

Elle reflète une prise de conscience accrue des risques pour la santé publique et une volonté de promouvoir des pratiques alimentaires plus saines et naturelles. Les consommateurs, tout comme les professionnels du secteur, devront s'adapter à ces changements, qui, bien que contraignants à court terme, visent à garantir un avenir plus sûr et plus sain.