La French Tech face à une vague de faillites sans précédent

La crise du financement qui a frappé la tech mondiale ces dernières années continue de faire des ravages en 2024. Un nombre record de start-up françaises, dont certaines des plus prometteuses, ont mis la clé sous la porte. Pourtant, malgré cette tendance inquiétante, l’écosystème tech continue de croître, porté par une résilience inattendue.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 2 septembre 2024 à 15h00
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8.100La French tech a créé 8.100 emplois en 2023.

La French Tech, longtemps considérée comme un moteur dynamique de l'innovation en France, traverse une période particulièrement difficile. Depuis 2023, la crise du financement a entraîné une vague de faillites sans précédent parmi les start-up tricolores les plus matures. Selon une étude de la Banque de France relayée par La Tribune, 129 start-up ont fait faillite au cours des 18 derniers mois, soit 5,6 % des entreprises technologiques les plus établies. En comparaison, ce taux n'était que de 0,5 % en 2022.

Un bilan alarmant pour la French Tech

Parmi les entreprises touchées figurent plusieurs fleurons de l'écosystème, tels que la biotech Bioserenity, le service de scooters électriques Cityscoot, le spécialiste de l'intérim Iziwork, et le champion de la navigation autonome Navya. Ces faillites, qui se sont accélérées en 2024, font craindre une année record en termes de défaillances.

Les causes de ce phénomène sont multiples. La hausse des taux d'intérêt et le retrait des investisseurs internationaux, notamment américains, ont réduit drastiquement les possibilités de levées de fonds. Selon Maurice Oms, correspondant national start-up de la Banque de France, « les start-up les plus précaires, c'est-à-dire celles déjà en difficulté financière, se sont retrouvées dans l'incapacité de se refinancer ».

L'étude de la Banque de France se concentre sur les start-up ayant réalisé un chiffre d'affaires d'au moins 750,000 euros ou ayant levé un minimum de 3 millions d'euros. Cependant, une autre analyse menée par Scale X Invest, spécialiste de la gestion du risque dans la tech, dresse un tableau encore plus sombre. Selon cette étude, 8 % des start-up ayant levé plus de 5 millions d'euros ont connu des difficultés financières majeures ces dernières années, et deux tiers d'entre elles ont fait faillite.

Le phénomène est également observé à l'international. Aux États-Unis, le taux de défaillance des start-up a augmenté de 70 % en 2023 par rapport à 2022, selon le Financial Times. Cette tendance mondiale illustre les défis que rencontrent les entreprises technologiques face à une conjoncture économique instable et à un soutien public incertain.

Un écosystème en mutation

Malgré ces difficultés, la French Tech continue de montrer des signes de résilience. En 2023, les quelque 2.300 start-up étudiées par la Banque de France ont enregistré une hausse de 18,6 % de leur chiffre d'affaires, atteignant 24,6 milliards d'euros. De plus, elles ont créé 8.100 emplois, malgré les 3.300 postes supprimés en raison des faillites.

Maurice Oms se veut d’ailleurs rassurant : « Si 2024 marquera certainement un record pour les faillites de start-up, le pic est déjà passé ». En effet, les chiffres montrent une décrue du nombre de faillites au deuxième trimestre 2024, signe que le pire pourrait être derrière nous.

Bien que les start-up les plus matures aient été particulièrement touchées par la crise, il ne faut pas oublier que la French Tech est composée en grande majorité d'entreprises plus jeunes et moins bien financées. Selon France Digitale, l'organisation professionnelle du secteur, la France comptait plus de 13.000 entreprises tech en 2023. Pour ces start-up au stade de l’amorçage, la situation est probablement encore plus précaire, avec un taux de mortalité bien supérieur à celui des entreprises matures.

Néanmoins, le secteur tech français continue d'évoluer et de s'adapter. Les capitaux propres des start-up analysées ont augmenté de 9 % en 2023, atteignant 17,3 milliards d'euros, preuve que les entrepreneurs ajustent leur stratégie pour naviguer dans cette nouvelle ère économique. Le taux de fonds propres négatifs reste élevé à 20 %, mais la part des capitaux propres rapportés au total du bilan ne s'érode que légèrement.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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