Depuis des années, la fraude gangrène les transports en commun en Île-de-France, générant un manque à gagner colossal. Face à cette hémorragie financière, Valérie Pécresse sort l’artillerie lourde : contrôles renforcés, technologie de surveillance et sanctions automatisées. L’objectif ? Récupérer 300 millions d’euros d’ici fin 2025. Mais ce plan sera-t-il suffisant pour mettre un terme à cette pratique bien ancrée ?
Fraude dans les transports : l’Île-de-France sort l’artillerie lourde

Chaque année, près de 700 millions d’euros disparaissent à cause de la fraude dans les transports d’Île-de-France. Selon les données d’Île-de-France Mobilités (IDFM), 8 % des usagers ne paient pas leur titre de transport. Un chiffre qui explose dans certaines zones et sur certaines lignes.
Le 13 février 2025, Valérie Pécresse, présidente de la région et d’IDFM, a dévoilé un plan de lutte d’une ampleur inédite pour réduire ce phénomène de moitié d’ici fin 2025. À la clé : plus de contrôles, une automatisation des sanctions et une campagne de sensibilisation.
L’IDFM dévoile un arsenal de mesures contre la fraude
Pour endiguer la fraude, IDFM déploie un plan d’actions structuré en plusieurs axes, présenté le jeudi 13 février 2025 :
Multiplication des contrôles dans le réseau de transports
Dès le 17 février 2025, 500 agents supplémentaires seront mobilisés pour des opérations de "contrôle continu". Contrairement aux contrôles ponctuels actuels, ces agents seront postés de manière quasi permanente aux entrées et sorties des lignes les plus concernées.
Des sanctions automatisées et une surveillance renforcée
L’IDFM prévoit d’accélérer le traitement des infractions grâce à un partenariat avec l’Agence nationale de traitement automatisé des infractions (ANTAI). Désormais, un fraudeur pris en flagrant délit recevra automatiquement un courrier de relance, limitant les impayés.
De plus, les agents seront équipés de caméras-piétons, afin d’éviter les contestations et d’améliorer la transparence des contrôles.
Une campagne de communication agressive
IDFM lance la campagne "Frauder, c’est voler", visant à sensibiliser les usagers sur les conséquences financières et l’impact collectif de la fraude. Objectif ? Faire comprendre aux fraudeurs que leur comportement pénalise l’ensemble des usagers, en ralentissant les investissements dans le réseau.
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Fraude : Quels sont les modes de transport les plus touchés ?
Si le taux moyen de fraude est de 8 %, tous les modes de transport ne sont pas logés à la même enseigne.
Type de transport | Taux de fraude estimé |
---|---|
Métro (RATP) | 4,8 % |
Bus (RATP) | 15,2 % |
Tramway | 16 % |
Noctiliens (bus de nuit) | 26,7 % |
RER et trains (SNCF) | 9 à 11 % |
Le réseau de surface est particulièrement vulnérable : les bus et tramways subissent un taux de fraude plus élevé en raison de l’absence de barrières physiques empêchant l’entrée sans titre de transport.
Quelles sont les lignes où l’on fraude le plus en Ile-de-France ?
Certaines lignes enregistrent des taux de fraude records. Voici un classement des lignes les plus fraudées en Île-de-France :
Ligne | Taux de fraude |
---|---|
Bus 356 (Deuil-la-Barre - Saint-Denis) | 63 % |
Bus 4203 (Coudray-Montceaux - Évry) | 45 % |
Bus 4308 & 4318 (Auvernaux - Écharcon) | 40 % |
Tramway T1 (Asnières - Noisy-le-Sec) | 25 % |
Tramway T5 (Saint-Denis - Garges-Sarcelles) | 24 % |
Métro Château-Rouge (ligne 4) | 17,3 % |
Métro Aimé Césaire (ligne 12) | 16,7 % |
Métro Porte de la Chapelle (ligne 12) | 15,1 % |
La fraude dans les transports franciliens est un problème systémique qui ne pourra pas être éradiqué en quelques mois. Le plan d’IDFM est une première étape, mais il devra être complété par une adaptation continue des moyens de lutte.
D’un côté, la répression s’intensifie, avec plus de contrôles et un suivi des fraudeurs. De l’autre, l’IDFM espère changer les mentalités avec une campagne de communication ciblée.
Reste à savoir si ces efforts porteront leurs fruits ou si, comme par le passé, les fraudeurs trouveront une nouvelle parade pour continuer à resquiller.