Linky : la fraude au compteur de plus en plus courante

Le compteur connecté Linky, désormais présent dans une large majorité de foyers en France, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une fraude ingénieuse. Des systèmes de dérivation, installés clandestinement, permettent de falsifier les relevés de consommation, offrant de très importantes économies sur les factures d’électricité. Sauf que… c’est une fraude, tout simplement.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 19 décembre 2023 à 8h51
fraude, compteur, linky, électricité, enedis
fraude, compteur, linky, électricité, enedis - © Economie Matin
100%Les prix de l'électricité en France auraient dû augmenter de plus de 100% au 1er février 2023.

Empêcher Linky, et donc Enedis, d’enregistrer la consommation réelle d’un ménage s’apparente tout simplement à du vol d’énergie. Et les fraudeurs risquent bien de devoir en payer les conséquences devant la justice.

Comment fonctionne la fraude au compteur Linky ?

Dans le Doubs, le Territoire de Belfort et en Saône-et-Loire, une enquête a mis au jour un réseau de fraude au compteur Linky. Et d’autres enquêtes sont en cours un peu partout en France. Pour une somme variant entre 1.000 et 2.500 euros, des particuliers et des entreprises ont vu leur consommation électrique être artificiellement réduite. Et pas qu’un peu : dans certains cas, la baisse de la consommation enregistrée peut atteindre 50 à 75%.

Comment ? Grâce à des systèmes de dérivation installés directement sur le compteur Linky. Ces dispositifs, en se branchant en amont du compteur, permettaient de ne pas enregistrer une partie significative de la consommation réelle. En effet, si l’électricité ne traverse pas le compteur, alors la consommation n’est pas enregistrée. Un peu comme si on se branchait directement au poteau électrique, en somme.

La fraude au compteur Linky explose en France

Avec la hausse des prix de l'électricité, la tentation de recourir à de telles pratiques s'est accrue. Enedis, confronté à une centaine d'ouvertures anormales de compteurs dans le Doubs, notamment, continue d'investiguer sur l'ampleur de cette fraude. Les conséquences juridiques sont sévères, avec des peines pouvant atteindre 3 ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende pour les clients ayant fraudé.

Quant aux installateurs, Enedis souligne qu’ils encourent « de lourdes sanctions pénales pouvant aller jusqu’à 1 million d’euros d’amende et 10 ans d’emprisonnement » car il s’agit tout simplement d’une escroquerie en bande organisée. Le phénomène est national avec, selon les informations de TF1 Info qui a interrogé Enedis, « plusieurs milliers de suspicions de fraudes ».

Trafiquer le compteur Linky : un danger pour la sécurité

Au-delà des implications juridiques, ces fraudes présentent des dangers réels pour la sécurité. Les modifications illicites des installations électriques augmentent les risques d'incendie et d'électrocution.

L’installation du dérivateur ne répond en effet pas aux règles de sécurité en vigueur, puisque tout simplement interdit. Et les ménages risquent en plus qu’en cas d’incident ou d’incendie, leur assurance ne prenne pas à sa charge les remboursements, puisque les dégâts sont liés à une activité illégale.

Si même des élus fraudent...

L'affaire prend une tournure plus grave avec l'implication d'un élu de Belfort, accusé de fraude à la consommation d'électricité. Le maire, Damien Meslot, a exigé et obtenu sa démission. « J’ai d’ores et déjà demandé à mon adjoint de démissionner de toutes ses fonctions électives au sein de la Ville de Belfort et du Grand Belfort Communauté d’agglomération ce qu’il a accepté. Étant attaché à l’éthique et au respect des lois, j’exige de l’ensemble des élus de la Ville et du Grand Belfort une totale intégrité », a-t-il écrit dans un communiqué.

Mais, malheureusement, les deux escrocs ne sont pas les seuls à proposer l’installation illégale de dérivateurs en France. Les autorités ont encore du travail pour identifier les autres fraudeurs, car l’installation est relativement simple pour qui a des connaissances en électricité. Et l’appât du gain, plusieurs milliers d’euros par intervention, risque d’inciter d’autres escrocs à se lancer dans cette pratique. Dans le Gard, selon Midi Libre, ce sont sept personnes qui ont été placées en garde à vue.

Enedis ne laissera rien passer : les fraudeurs au compteur Linky ont de quoi s'inquiéter...

Enedis a renforcé ses mesures de détection et de prévention et assure : « nous déposons plainte systématiquement » contre les installateurs comme contre les ménages ayant fraudé. « Ces vols d’énergie par l’intermédiaire d’une modification illégale d’une installation du réseau d’électricité afin de réduire, partiellement ou totalement, le montant à payer pour l’électricité consommée sont passibles de lourdes sanctions pénales. »

Pour Enedis, identifier les possibles fraudeurs n’est pas très compliqué. Il suffit au gestionnaire du réseau électrique de comparer les consommations des ménages, via les données remontées par Linky. Si une baisse drastique et durable de près de 50% de la consommation a lieu, ce n’est clairement pas normal...

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

1 commentaire on «Linky : la fraude au compteur de plus en plus courante»

  • Gross

    Bien sur que c’est pas normal de ne pas payer ces fournitures d’électricité mais comme d’habitude il y a deux poids deux mesures la justice est-elle aussi sévère avec les gens du voyage qui à longueur d’années partout en France ce branche sur le réseau sans déboursés un centimes pour ce cas de figures c’est les gens qui paie régulièrement et honnêtement leurs factures qui supportent cette escroquerie par le biais des impôts

    Répondre
Laisser un commentaire

* Champs requis