En 2023, où en est la France après le grand plan de relance de 2019 ?

Ce plan s’articulait en trois volets : La compétitivité et les relocalisations d’entreprises ; L’écologie et la transition énergétique ; La cohésion sociale et territoriale.

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Par Daniel Moinier Publié le 28 décembre 2023 à 5h30
plan relance france impot industrie economie
plan relance france impot industrie economie - © Economie Matin
30 MILLIARDS €Le gouvernement français prévoit d'investir 30 milliards d'euros d'ici la fin de la décennie dans le cadre de France 2030

Pourquoi un tel plan ? Il faut rappeler d’où vient la France depuis près de 50 ans et pourquoi elle a engendré un tel déclin, une situation tellement dégradée avec des déficits constants, et une dette hors du commun.

Date

Dépenses Publiques

Dépenses Sociales

Prélèvements Obligatoires

Endettement

En % du PIB

1980

49,00%

20,10%

39,00%

20,00%

2000

55,00%

27,00%

44,00%

60,00%

2018

56,40%

36,10%

48,40%

98,40%

2022

58,30%

32,20%

47,00%

111,50%

Deux questions se posent : Pourquoi un tel accroissement continu des dépenses et comment se situe la France par rapport à la moyenne européenne ?

Le tableau ci-dessous indique comment la France se positionne vis-à-vis de la moyenne européenne.

En pourcentage du PIB

Zône

Dépenses Publiques

Dépenses Sociales

Prélèvements Obligatoires

Endettement

Production Indust

France

58,50%

32,20%

47,00%

111,50%

10,10%

U.E.

55,00%

27,00%

41,70%

60,00%

17,20%

L’explication de ces évolutions se trouve dans la contribution sans cesse plus réduite de notre secteur industriel à la formation du PIB.

En constatant que la France est à la fois le pays où les dépenses sociales sont les plus élevées de tous les pays européens et où le secteur industriel a le plus régressé, d’année en année, pour se situer maintenant au niveau le plus bas en Europe. On est incité à penser qu’il y a, vraisemblablement, une relation de cause à effet entre ces deux phénomènes. La confirmation nous en est donnée par la relation étroite existant entre la production industrielle dans les pays et leur PIB. Si, en effet, on rapproche les chiffres de production industrielle par habitant de différents pays avec l’importance de leur PIB, on découvre qu’il existe une interdépendance extrêmement étroite entre ces variables.

C’est ce que montre le graphique ci-dessous où les productions industrielles ont été calculées en dollars, à partir des données de la BIRD, organisme qui inclut la construction dans sa définition de l’industrie avec un coefficient de corrélation extrêmement élevé.

La France, avec une production industrielle par personne de 6.900 dollars/an, selon les données de la comptabilité nationale, c’est-à-dire en termes de valeur ajoutée, a un PIB/tête de 40.493 dollars ; l’Allemagne, qui a un ratio de 12.400 dollars, se situe à un PIB/tête de 46.258 US$, et la Suisse qui est en tête dans ces comparaisons internationales avec 21.000 dollars de production industrielle par habitant, crève tous les plafonds avec un PIB record de 81.993 US $.

Pour tenter de compenser ce retard de PIB/tête dû à l’insuffisante production industrielle du pays, les pouvoirs publics ont été amenés à augmenter d’année en année, leurs dépenses sociales. Il faut comprendre quel est le cercle vicieux dans lequel notre économie se trouve enfermée.

On a l’enclanchement du mécanisme suivant :

Pour éviter des mécontentements, les gouvernants successifs ont opté de privilégier des mesures sociales croissantes pour pallier l’appauvrissement de la population résultant de la désindustrialisation constante du pays, qui ont gonflé les dépenses publiques année après année.

Il en a résulté automatiquement, des prélèvements obligatoires de plus en plus importants. (Sur les paies de salariés, ils sont passés de 7% à 22,5%). Ceux-ci se révélant chaque année insuffisants, on a donc recours à l’endettement extérieur pour boucler les budgets du pays. Il en a résulté une dette croissante qui a fini par atteindre 100 % du PIB en 2019. Cet enchaînement est un cercle vicieux du fait que les dépenses sociales croissantes consenties pour soutenir les chômeurs, les sans-emploi et leur famille, ainsi finalement que toute la population du pays, ont rendu inopérante la main invisible d’Adam Smith :

Les salaires ainsi que les rigidités du code du travail ne se sont pas trouvés corrigés, la fiscalité a augmenté, et les entreprises ont continué à ne pas être compétitives, d’où la poursuite inexorable de la désindustrialisation du pays et une balance commerciale en permanence déficitaire. Quand les entreprises françaises ont des marges bien plus faibles que les autres pays, elles ne peuvent pas rivaliser à armes égales.

Bien évidemment, il va falloir mettre un terme à cet enchaînement fatal, et c’est pour cela qu’il est nécessaire de restructurer notre économie. Sans quoi la France va continuer à s’endetter un peu plus chaque année, selon la progression indiquée par le tableau ci-dessous :

Année

Dépenses Publiques en % du PIB

1980

20,00%

1990

38,00%

2000

60,00%

2010

81,60%

2019

100,10%

2022

111,50%

Cet enchainement infernal auquel se trouve condamnée notre économie a été enclenché il y a une quarantaine d’années, sans qu’aucun des gouvernements qui se sont succédé n’aient pu, su, ou voulu, y mettre fin. Il faudrait, pour que le pays retrouve ses équilibres, que la contribution de notre secteur industriel à la formation du PIB soit portée à 17% et l’idéal pour être à l’aise, même 25% du PIB : C’est le niveau auquel il faut qu’un pays se situe aujourd’hui pour que sa balance commerciale ne soit pas négative, y compris la France. Des pays plus prospères, comme l’Allemagne ou la Suisse, sont au-dessus de la barre des 20 % du PIB et bénéficient de balances commerciales largement excédentaires et comptes positifs. Même si l’Allemagne depuis le Covid, et surtout la guerre en Ukraine a perdu en PIB et est passée en compte négatifs.

La tâche avait été confié en 2019, au nouveau Commissariat au Plan (François BAYROU).

Il faudrait, au niveau européen, que l’UE puisse accepter d’ériger des protections douanières significatives aux frontières de l’Europe pour protéger nos industries naissantes ou renaissantes de la concurrence des pays à bas salaires, et que, au plan français, on procède à des reformes très profondes, notamment en matière de fiscalité et de droit du travail : ce n’est pas, en effet, en conservant les lois et les règlements qui ont conduit notre pays au déclin, que l’on parviendra à le sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve.

Il ne s’agissait pas tant de faire de la prospective que de changer la structure de notre économie, en modifiant notre législation et nos manières de fonctionner.

Il serait toujours bon de s’inspirer des expériences de nos voisins, de leur mode de fonctionnement, ceux qui ont réussi et qui continuent à engranger des bénéfices malgré un contexte devenant de plus en plus difficile. Il faut être réaliste, on a perdu beaucoup de notre superbe et réalisé que nous sommes tombés à la onzième place en Europe pour ce qui est du PIB par habitant !!!

C’est seulement en travaillant plus que l’on diminuera le niveau du chômage, du RSA, etc…, donc plus de salariés, moins de non productifs. Ce qui augmentera d’office le niveau du PIB par habitant, donc le niveau de vie.

Il est nécessaire de rappeler qu’une personne qui ne travaille pas ou qui part trop tôt en retraite empêche l’embauche de 3 jeunes. Cause du très haut niveau de chômage des jeunes. Soit presque 3 fois le taux global France ! A réfléchir, mais surtout agir pour nos gouvernants actuels et futurs.

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

3 commentaires on «En 2023, où en est la France après le grand plan de relance de 2019 ?»

  • La main du Kremlin

    Nulle part ,il faut drastiquement imposer les fortunes et financer les hopitaux ainsi que les petits salaires

    Répondre
  • Hartmann

    J’aurais aimé avoir le tableau ou un graphique montrant l’évolution du PIB et de la part de la production industrielle dans ce PIB, avec si possible comparaison avec les autres pays européens.

    Répondre
  • Hartmann

    Il faudrait, pour que le pays retrouve ses équilibres, que la contribution de notre secteur industriel à la formation du PIB soit portée à 17%.

    Ne sommes nous pas déjà à 17%?

    Production industrielle/tête 6 900
    PIB/tête 40 493
    Ratio 17.03 %

    40 493

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