Après des années de tensions sur l’approvisionnement énergétique, la France renoue avec une stabilité de son réseau électrique et bat des records d’exportation. Portée par la réhabilitation de son parc nucléaire et une production renouvelable en hausse, elle s’impose comme un acteur clé du marché européen de l’électricité.
La France devient leader de l’exportation d’électricité en Europe
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Publié le 15 novembre 2024 à 11h30
50 GWLa production électrique devrait atteindre 50 GW en janvier prochain.
Le spectre des délestages, qui avait hanté l’hiver 2022, semble désormais loin pour la France. Cette année, grâce à un parc nucléaire partiellement restauré et à une dynamique des énergies renouvelables, le gestionnaire de réseau RTE annonce des perspectives favorables pour l’hiver 2024-2025 sur le plan électrique.
Le réseau électrique en pleine forme
Selon Thomas Veyrenc, directeur général économie de RTE, la situation actuelle résulte de plusieurs facteurs, dont la réparation des centrales nucléaires affectées par des problèmes de corrosion et la mise en service de l’EPR de Flamanville, prévu pour atteindre une production de 50 GW en janvier prochain. Cela représente une amélioration significative par rapport aux 38 GW disponibles début 2024 et aux 30 GW début 2023.
Les énergies renouvelables, avec des records de production hydraulique et une augmentation du solaire et de l’éolien, participent également à cette dynamique. Les barrages, remplis à des niveaux inédits, ont permis une production hydroélectrique en hausse de 40 % sur les dix premiers mois de 2024, tandis que le solaire et l’éolien contribuent respectivement à hauteur de 4 GW et 1 GW. Cette diversification permet à la France de produire une électricité bas-carbone, qui s’avère très compétitive sur le marché européen.
L’autre facteur clé de cet équilibre tient à la demande intérieure d’électricité, qui reste inférieure aux moyennes des années précédentes. En effet, depuis 2022, les Français ont ajusté leur consommation en réponse à la hausse des prix de l’énergie et aux campagnes de sensibilisation. Les estimations de RTE montrent une baisse de 6 % par rapport à la moyenne 2014-2019, une tendance qui semble s’être stabilisée.
Une consommation d’électricité maîtrisée et stable
Toutefois, cette situation pourrait évoluer à moyen terme. La transition énergétique des secteurs industriels et numériques, notamment avec l’essor des datacenters, devrait progressivement faire repartir la consommation à la hausse. « Les réflexes de sobriété semblent acquis, mais l’électrification croissante de certains secteurs économiques amène à penser que la consommation reprendra dans les prochaines années », note Thomas Veyrenc.
Grâce à ce contexte de forte production et de demande maîtrisée, la France a exporté en net plus de 78 TWh d’électricité à ses voisins européens depuis janvier, dépassant déjà le record de 77 TWh établi en 2002. D’ici la fin de l’année, ce chiffre pourrait atteindre 85 TWh, voire 90 TWh selon les prévisions. Cette performance se traduit par des revenus conséquents pour la balance commerciale française, même si, comme le souligne Thomas Veyrenc, elle ne compense pas totalement les importations de pétrole et de gaz.
Autre bénéfice : la faible sollicitation des centrales à charbon. Relancée en 2023, la centrale de Saint-Avold ne représente plus que 0,2 % de la production totale d’électricité. « Pour l’hiver 2024-2025, le risque de tension sur l’approvisionnement est faible », assure Thomas Veyrenc, même en cas de conditions climatiques défavorables.