L’épargne des Français est gigantesque : plusieurs milliers de milliards, tous contrats confondus. Or, elle se divise en deux catégories : celle placée sur les livrets (notamment défiscalisés) et celle placée sur les contrats d’assurance-vie. Au moment où ces derniers pourraient retrouver des couleurs, l’ACPR met en garde les assureurs : les frais sont trop élevés.
Assurance-vie : les frais d’entrée et de gestion sont trop élevés selon l’ACPR
L’assurance-vie va-t-elle revenir dans le coeur des épargnants ?
Les contrats d’assurance-vie ont connu une période difficile : les fonds euro, dont le capital est garanti mais dont le rendement est moindre, ont souffert des taux directeurs bas de la BCE. Au point que les taux d’intérêts ont été inférieurs à 1% selon les contrats. Sans surprise, les Français ont donc préféré déposer leur argent sur les livrets défiscalisés. Livret A et Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) proposaient certes des taux similaires… mais avec des avantages. Les intérêts sont défiscalisés et l’argent est disponible de suite.
Or, depuis que la Banque Centrale Européenne (BCE) a entamé une hausse de ses taux directeurs pour lutter contre l’inflation, la tendance pourrait s’inverser. Livret A et LDDS vont continuer de voir leurs taux d’intérêt grimper… mais les fonds euro aussi.
Ça prendra un peu plus de temps pour que le rendement des fonds euro remonte, mais les banquiers le confirment : l’assurance-vie va rapporter plus dès 2023. De quoi attirer une partie de l’épargne des Français.
Des frais trop élevés : l’ACPR alerte
C’est dans ce contexte de future hausse des taux que l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) a haussé le ton envers les assureurs. Les « frais d’entrée et de gestion » seraient trop élevés. Ces frais sont payés par l’épargnant au moment de verser l’argent sur son contrat, qu’il soit nouveau ou non.
Or, selon l’ACPR, ils sont « particulièrement pénalisants si les clients sont contraints de racheter rapidement leur contrat d'assurance-vie par manque de liquidités ». En somme : un épargnant qui ne peut pas laisser son argent plusieurs années sur son contrat finira par perdre de l’argent. « L'accumulation de frais élevés peut dans certains cas amputer toute espérance de rendement », explique Jean-Paul Faugère, vice-président de l’ACPR, le 5 décembre 2022 lors de la conférence annuelle de l’Autorité.
Assurance-vie ou livret A et LDDS : où placer son épargne en 2023 ?
Les épargnants sont donc prévenus. L'assurance-vie, malgré une hausse des taux attendue et quasiment certaine, ne rapporte rien à court terme. Voire fait perdre de l’argent du fait des frais de gestion. De plus, les revenus sont soumis à la fiscalité en vigueur, qui ampute un peu plus le rendement final. C’est donc un produit d’épargne destiné à du moyen voire long terme. Il faudra plusieurs années pour que les intérêts suffisent à couvrir les frais de gestion. Il ne commenceront qu'alors à rapporter de l’argent.
Les ménages qui ne peuvent attendre pourront donc lui préférer les livrets d’épargne classiques. Notamment le Livret A et le LDDS. Défiscalisés, ils ont un taux d’intérêt inférieur à l’inflation (ce qui signifie que l’argent perd de son pouvoir d’achat). Néanmoins, les sommes sont immédiatement disponibles, et il n’y a ni frais de gestion ni frais d’entrée. Quant au taux, il devrait évoluer à nouveau le 1er février 2023 sur fond d’inflation élevée.