La plateforme de livraison express Flink annonce sa liquidation en France. Employant 218 personnes, elle succombe aux pressions liées à l’inflation, à un nouveau règlement et à un désintérêt croissant des investisseurs. Un coup dur pour le secteur du quick commerce, qui voit l’un de ses derniers joueurs disparaître du terrain français.
Livraison : Flink ferme à son tour ses portes en France
Un nouveau règlement qui a tué Flink
La plateforme de livraison express de courses Flink, qui compte 218 employés en France, va être liquidée le 19 avril 2024. L'annonce a été faite un jour plus tôt par la direction après avoir déclaré une cessation de paiements au tribunal de commerce de Paris. Flink a souffert de conditions économiques défavorables accentuées par une inflation galopante. Les coûts d'acquisition des produits ont explosé, mettant la plateforme dans une position financière délicate. Le président-directeur général, Guillaume Luscan, évoque un marché qui ne pardonne pas, où même les investissements massifs n'ont pas suffi à maintenir l'entreprise à flot. La rentabilité s'en est trouvée affectée, les coûts fixes devenant insupportables pour la structure.
En juin 2023, après avoir été placée en redressement judiciaire, Flink France a été reprise par Guillaume Luscan, avec la maison mère allemande et la start-up algérienne Yassir, formant ainsi New Flink France. Cette reprise a permis de conserver 56% de l'effectif, soit plus de 200 employés. La législation datant de mars 2023 a été particulièrement contraignante pour les acteurs du quick commerce. Les "dark stores", ces dépôts déguisés en points de vente, ont été reclassifiés en entrepôts, entraînant une régulation plus stricte par les autorités locales. Cette nouvelle classification a imposé des investissements lourds pour la mise aux normes, que Flink n'a pas pu soutenir financièrement. Guillaume Luscan déplore une réglementation qui a frappé fort, sans laisser de marge de manœuvre aux entreprises du secteur.
Le secteur du quick commerce en danger en France ?
Le secteur du quick commerce, autrefois très prisé, a vu son étoile pâlir auprès des investisseurs. Le quick commerce désigne les activités commerciales et logistiques basées sur la promesse d'une livraison effectuée dans un délai très court, généralement compris entre 10 et 15 minutes, par l'intermédiaire d'une application mobile. Après plusieurs déconvenues, notamment les retraits de plusieurs grands noms comme Getir et Gorillas, le soutien financier s'est raréfié. L'annonce de la liquidation de Flink reflète un désenchantement général vis-à-vis de ce modèle d'affaires, perçu désormais comme trop risqué et peu rentable à long terme. « J’ai tout fait pour sauver cette entreprise », a dit Guillaume Luscan, qui a souligné « les succès de la reprise sur plusieurs points » dont « l’amélioration de la rentabilité de 80 % sur un an ». Mais New Flink France ne peut plus aujourd’hui « absorber ses coûts fixes », a regretté le PDG.
Flink, fondée en Allemagne en 2020 par des spécialistes de la logistique et de la distribution, s'est implantée en France en 2021, générant un chiffre d'affaires de 37,5 millions d'euros. Malgré cette fermeture, le marché du quick commerce, bien que réduit, continue de montrer des signes de croissance. Des entreprises comme Uber Eats et Deliveroo s'adaptent et se réinventent et gardent toujours une très grande cote. La députée Maud Gatel (MoDem) souligne à l'AFP un potentiel de marché qui, bien que modeste, est prévu pour croître jusqu'à atteindre 438 millions d'euros d'ici à 2030.