L’agence de notation Fitch conserve la note AA- de la France tout en plaçant le pays sous « perspective négative ». Les inquiétudes portent sur le déficit budgétaire et la fragmentation politique qui pourraient freiner les efforts de redressement.
Fitch maintient la note de la France, mais avec des signes d’alerte
Une note maintenue, mais des inquiétudes persistantes
L'agence de notation Fitch a finalement décidé de maintenir la note de la France à AA-, ce qui représente un score respectable de 17 sur 20. Elle a toutefois placé le pays sous « perspective négative », une décision qui n'est pas anodine. Cette annonce intervient après la présentation du projet de budget 2025, qui prévoit un effort substantiel de 60 milliards d'euros pour limiter la hausse du déficit public. Le ministre de l'Économie et des Finances, Antoine Armand, a pris acte de cette décision, soulignant que « l’agence souligne la force de notre économie, vaste et diversifiée, l’efficacité de nos institutions et notre historique de stabilité macrofinancière ».
Malgré cette reconnaissance, Fitch émet des doutes quant à la capacité de la France à ramener son déficit sous 3 % d'ici 2029. « Nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement respecte ses prévisions révisées de déficit à moyen terme », indiquent, critiques, les analystes de Fitch. Ce scepticisme est alimenté par une trajectoire budgétaire jugée préoccupante et des déficits qui devraient rester plus élevés que prévu, augmentant ainsi la pression sur les finances publiques.
Des défis budgétaires à surmonter
Fitch attire l'attention sur l'aggravation des risques liés à la politique budgétaire depuis son dernier examen. L'agence anticipe que la dette publique pourrait atteindre 118,5 % du PIB d'ici 2028, plaçant la France dans une « situation plus défavorable ». Cette prévision contraste fortement avec celle de ses voisins européens. Alors que des pays comme l'Espagne et l'Italie s'efforcent de maîtriser leurs déficits (prévisions respectives de 2,5 % et 3,3 % pour 2024), la France semble, de ce point de vue, à la traîne.
Les obstacles à un redressement budgétaire sont multiples. Fitch souligne la « forte fragmentation politique » et un gouvernement minoritaire qui compliquent la mise en œuvre de politiques budgétaires durables. Cette situation pourrait rendre difficile la coordination nécessaire pour des réformes significatives, essentielles pour restaurer la confiance des investisseurs et des marchés. Dans un contexte où les débats parlementaires sont souvent polarisés, obtenir un consensus autour de mesures d'austérité ou de nouvelles taxes s'annonce complexe.
Un rapport du cabinet de recherche Oxford Economics souligne également que la France « fait figure d’exception » en Europe, avec très peu de chances de réduire son déficit dans les années à venir. Cette évaluation souligne les défis structurels qui entravent la capacité du pays à aligner ses finances publiques sur celles de ses partenaires européens.
Les conséquences sur la confiance des marchés
La notation souveraine est cruciale pour la France, car elle influence directement les taux d'emprunt sur les marchés obligataires. En juin dernier, l'agence S&P Global avait déjà abaissé la note souveraine de la France de AA à AA-, une première depuis 2013. Cette dégradation avait entraîné des craintes quant à une possible hausse des coûts d'emprunt pour l'État français.
Les marchés seront particulièrement attentifs aux prochaines évaluations des autres agences de notation. Moody's, qui maintient actuellement une note supérieure à celle de Fitch, doit livrer son verdict le 25 octobre, tandis que S&P Global se prononcera le 29 novembre.
L'agence Fitch a également évoqué la nécessité pour la France de prendre des mesures proactives pour restaurer la confiance des investisseurs. Dans ce cadre, des réformes structurelles visant à améliorer l'efficacité des dépenses publiques et à stimuler la croissance économique sont impératives. Les tensions sociales, notamment autour des réformes des retraites et des politiques fiscales, pourraient également influencer les décisions des investisseurs.
Face à cette situation, le gouvernement français doit naviguer habilement entre la nécessité de respecter des engagements budgétaires et la réalité d'un environnement politique complexe. Les défis à venir sont considérables, et l'issue dépendra des actions concrètes mises en œuvre pour restaurer la confiance dans la gestion des finances publiques.
Alors que la France s'efforce de maintenir sa réputation sur la scène économique mondiale, la capacité du gouvernement à relever ces défis sera scrutée de près. L'avenir économique du pays repose sur sa capacité à instaurer des politiques budgétaires crédibles et à créer un environnement politique stable. La question demeure : la France saura-t-elle répondre à ces attentes dans un contexte de tensions internes et de pressions extérieures ?