L’agence de notation Fitch a décidé de maintenir la note de la dette française à AA-, tout en lui attribuant une « perspective négative ». Une telle révision traduit une inquiétude grandissante quant à la gestion des finances publiques françaises, alors que le déficit du pays semble hors de contrôle.
Dette publique : Fitch maintient la note de la France… pour le moment
L’annonce faite par Fitch en fin de semaine dernière constitue un signal clair pour le gouvernement de Michel Barnier et son ministre de l’Économie, Antoine Armand. La dette publique française conserve pour l’instant une note de AA- (l’équivalent d’un 17/20), mais cette notation est désormais assortie d’une « perspective négative ». En d’autres termes, si les promesses de redressement budgétaire ne sont pas tenues, la note pourrait être abaissée lors du prochain examen de Fitch.
Inquiétude autour de la note souveraine de la France
Cette décision intervient dans un contexte économique difficile pour la France, qui a vu son déficit public s’aggraver ces derniers mois. Alors que le déficit devait initialement revenir à 4,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024, il pourrait finalement atteindre 6,1 % en fin d’année, une situation qui inquiète les analystes. Antoine Armand a pris acte de cette évaluation et a insisté sur la « détermination du gouvernement à redresser la trajectoire des finances publiques et à maîtriser l’endettement ». Cependant, les doutes persistent quant à la capacité du pays à inverser la tendance.
Fitch justifie sa révision en évoquant « l’aggravation des risques liés à la politique budgétaire ». L’agence prévoit désormais que la dette publique française atteindra 118,5 % du PIB d’ici 2028, un niveau jugé inquiétant. Cette situation place la France dans une position plus vulnérable par rapport à d’autres pays de la zone euro, notamment l’Espagne et l’Italie, qui prévoient des déficits nettement inférieurs.
Un objectif budgétaire ambitieux… trop ?
Le projet de budget pour 2025 présenté récemment par le gouvernement vise à réduire le déficit à 5 % du PIB, mais Fitch reste sceptique quant à la capacité de la France à atteindre cet objectif. L’agence table plutôt sur un déficit de 5,4 % pour 2025 et 2026, en raison de « l’incertitude politique persistante et des risques de mise en œuvre de certaines mesures budgétaires ». Cette situation pourrait compliquer davantage les relations entre Paris et Bruxelles, alors que le gouvernement français cherche à repousser de 2027 à 2029 la date à laquelle le déficit devrait repasser sous la barre des 3 %, un seuil imposé par les traités européens.
La crédibilité de la France auprès des marchés financiers semble par ailleurs en déclin. En juin dernier, l’agence S & P Global avait déjà abaissé la note souveraine de la France, une première depuis 2013, une décision qui a contribué à faire grimper les taux d’emprunt du pays sur les marchés obligataires.
L’avenir financier de la France sera également scruté de près lors des prochaines décisions des agences Moody’s et S & P Global, prévues respectivement pour fin octobre et novembre. Ces évaluations détermineront si la France peut maintenir la confiance des investisseurs ou si elle devra faire face à une nouvelle dégradation de sa note souveraine, avec des conséquences potentielles sur sa capacité à emprunter à des taux avantageux. Pour l’instant, l’incertitude reste entière.