La SNCF prévoit une hausse durable des prix des billets, suscitant des réactions contrastées. D’ici à 2027, l’entreprise devra injecter près de 6 milliards d’euros dans la modernisation du réseau ferroviaire, conformément aux exigences de l’État. Cette participation financière, couplée à une ouverture à la concurrence, soulève des défis majeurs pour la compagnie. Malgré les critiques des usagers, la SNCF justifie ces augmentations, affirmant qu’elles sont nécessaires pour assurer la régénération du réseau.
Financement du réseau ferroviaire : les tarifs SNCF sous pression
Modernisation du réseau : une contribution onéreuse pour la SNCF
« Il y a besoin de 1,5 milliard d’euros par an pour le moderniser et atténuer son vieillissement. Le choix qui a été fait, c’est qu’on en paye la totalité », affirme un cheminot. La SNCF a récemment annoncé qu’elle allait devoir investir 5,93 milliards d'euros sur quatre ans dans la rénovation du réseau ferroviaire français, ce qui aura des répercussions directes sur les tarifs des billets. En effet ; cette exigence d’investissement, imposée par l’État (actionnaire à 100 % de la SNCF), représente un défi majeur pour l'entreprise, qui prévoit de mobiliser ses bénéfices, notamment issus des "transports de voyageurs", pour couvrir ces coûts importants.
Ouverture à la concurrence : un dilemme financier pour la SNCF
« Il n’y a pas de mystère, pour réaliser (ces travaux), on compte sur les résultats de SNCF Voyageurs, qui dépendent eux-mêmes beaucoup de ceux des TGV », souligne une source interne. Alors que l'ouverture à la concurrence (imposée par l’Union européenne après plus de 80 ans de monopole sur le transport ferroviaire) s'accélère, la SNCF fait face à une situation délicate.
La modernisation du réseau, financée par un « fonds de concours » alimenté par les bénéfices de toutes les filiales de la SNCF, dont SNCF Voyageurs, Geodis et Keolis, suscite des critiques, notamment sur l'absence de contribution des nouveaux acteurs comme Trenitalia ou Renfe (qui profitent pourtant de ce réseau). La concurrence et la nécessité de dégager des bénéfices mettent la compagnie dans une position complexe pour maintenir des tarifs abordables.
Augmentation des prix : un ajustement inévitable
Face à la nécessité de muscler ses bénéfices pour financer la modernisation du réseau, la SNCF annonce une augmentation des tarifs pour 2024, notamment pour les trajets en TER et TGV. Pour ne rien arranger, la compagnie va devoir faire face à une hausse des tarifs des péages ferroviaires, qui sont déjà les plus élevés d’Europe, et comptent pour 40 % du prix d’un billet. Le groupe a d’ailleurs indiqué qu’il n’envisageait pas d’acheter de nouvelles rames, et n’augmenterait pas le nombre de trains en circulation.
Dans ce contexte, les promesses faites par la SNCF que la hausse ne dépassera pas les prix de l’inflation semblerait presque une bonne nouvelle. Elle souligne les compromis difficiles entre les exigences de l'État, la concurrence et le maintien de tarifs accessibles pour les usagers.
La position de l’État peut sembler paradoxale, à l’heure où le gouvernement, pour respecter la Stratégie nationale bas carbone, annonce des objectifs de baisse d’émissions de gaz à effet de serre inédites dans l’histoire de l’Hexagone : le train restant le moyen de transport longue distance le moins émetteur de carbone, en particulier les TGV, ce choix de ne pas soutenir davantage ce moyen de transport, pourtant assuré majoritairement par une société détenue par l’État, interroge.