La filière hippique contre l’augmentation des taxes sur les paris

Alors que le gouvernement propose d’alourdir la fiscalité des paris hippiques dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale, la filière hippique s’insurge. Cette taxe est jugée « mortifère » par les professionnels du secteur, qui craignent pour la pérennité de nombreuses entreprises, dont des éleveurs et des entraîneurs. Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, tente de calmer la colère, mais le débat sur cette taxation pourrait diviser durablement les acteurs de la filière.

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Par Rédacteur Publié le 17 novembre 2024 à 8h00
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La filière hippique contre l’augmentation des taxes sur les paris - © Economie Matin
6,9%La taxe sur les paris sportifs est de 6,9%.

La filière hippique est en ébullition après l’annonce d’un amendement au projet de budget 2025 qui prévoit une augmentation des taxes sur les paris, notamment les paris hippiques. Déposé lundi 4 novembre 2024, cet amendement vise à augmenter la taxation sur les produits bruts des paris hippiques, tant en ligne que dans les réseaux physiques, comme les PMU et les hippodromes. Cette mesure, qui ferait passer la taxe de 6,9 % à 7,5 % sur les paris physiques et de 6,9 % à 15 % sur les paris en ligne, a immédiatement déclenché un tollé au sein de la filière.

Les professionnels du secteur, qui comprennent éleveurs, entraîneurs, propriétaires de chevaux, et opérateurs de courses, dénoncent ce qu’ils considèrent comme une mesure « mortifère » pour l’économie de la filière. « Cette taxe met en péril l’activité de plusieurs centaines d’acteurs agricoles, d’éleveurs, et d’entraîneurs », assure-t-on dans un communiqué de la Fédération Nationale des Courses Françaises (FNCF). Selon eux, une telle fiscalité, si elle est appliquée, pourrait affaiblir un secteur déjà fragile et nuire à l'ensemble de l’écosystème des courses hippiques en France. Les conséquences seraient dramatiques, non seulement pour les professionnels en activité, mais également pour l'ensemble de l’économie locale autour des hippodromes, qui bénéficie d’une importante activité commerciale et touristique.

Plusieurs associations ont exprimé leur mécontentement par des communiqués et des rassemblements. Les éleveurs, en particulier, alertent sur le fait que cette hausse des taxes pourrait entraîner une réduction significative des investissements dans la production de chevaux de course, déjà confrontés à des coûts de production élevés. « On ne peut pas continuer à faire face à des hausses de fiscalité incessantes alors que nos marges sont déjà sous pression », explique Thierry Delaplace, éleveur de chevaux de course en Normandie.

Un secteur fragilisé par la crise sanitaire et l’inflation

Le secteur hippique français a traversé une période difficile ces dernières années, marquée par la crise sanitaire de la Covid-19 et une inflation galopante. Les mesures restrictives ont pesé lourdement sur les événements publics, réduisant les revenus des hippodromes et des paris physiques. Si le secteur a pu amorcer une certaine reprise grâce à l’essor des paris en ligne, les acteurs du marché sont désormais confrontés à un nouveau défi fiscal.

Cette augmentation des taxes intervient alors que le marché des paris en ligne devient de plus en plus fortement concurrentiel, avec des plateformes étrangères qui, selon les critiques, échappent souvent à une partie de la fiscalité nationale. La crainte est donc de voir la France perdre sa compétitivité au profit d’autres pays où les taxes sont moins lourdes.

La réforme envisagée touche aussi d’autres segments du marché des jeux d'argent, comme les jeux de casino en ligne, le poker et les paris sportifs. En augmentant les taxes sur les produits bruts des jeux, l'amendement vise à récolter des recettes supplémentaires pour financer la Sécurité sociale, mais certains estiment que le gouvernement risque de tuer la poule aux œufs d'or à force de vouloir ponctionner un secteur déjà fragile.

Le ministre du Budget tente d’apaiser la situation

Face à la montée de la colère, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a tenté de rassurer en affirmant qu’il ne souhaitait pas que la filière des courses hippiques soit taxée de manière excessive. « Je souhaite que les propriétaires, tous ceux qui font la vie hippique de notre pays, puissent être protégés d’une fiscalité qui viendrait les empêcher de travailler », a-t-il déclaré lors de l’émission Dimanche en politique sur France 3. Le ministre a cependant confirmé que l'augmentation de la taxe sur les paris en ligne faisait partie du projet gouvernemental. Cette mesure vise à combler les lacunes fiscales liées à l’essor des plateformes de paris étrangers, qui échappent souvent à la fiscalité nationale.

Les acteurs de la filière ont cependant exprimé leur scepticisme quant à la volonté du gouvernement de trouver un compromis. Ils soulignent que l'augmentation des taxes sur les paris en ligne risque de favoriser la fuite des paris vers des sites illégaux ou étrangers, ce qui nuirait encore plus aux finances publiques à long terme.

Les discussions autour de cet amendement continuent de diviser, et la filière hippique, qui pèse plusieurs milliards d’euros pour l’économie française, est prête à mobiliser pour défendre ses intérêts, à l’image de ce qu’a pu faire le secteur des jeux en ligne en 2019 lors des précédentes tentatives de taxation accrue.

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