Selon l’Insee, en 2018, 96 % des personnes qui arrêtaient de travailler pour prendre soin d’un enfant (ou d’un parent) étaient des femmes. En 2020, la part des mères « inactives » (sans emploi) passait de 12 % à 18 % à la naissance du 1er enfant, à 25 % avec 2 enfants et atteignait 52 % avec plus de 3 enfants.
Femmes actives : Comment soutenir les mères qui travaillent
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Publié le 23 mars 2024 à 9h30
35%Les mères travaillent davantage à temps partiel que les femmes qui n'ont pas d'enfants (35 % contre 19 %)
Or, la diminution d'un important groupe démographique sur le lieu de travail peut avoir un impact considérable sur la culture de l'entreprise, sans parler de la disparition de certaines compétences et de la perte de diversité induites.
Si de nombreuses entreprises continuent d'investir massivement dans le recrutement, la formation et le développement professionnel des femmes, elles manquent souvent de la vision, des moyens ou de la flexibilité permettant d’atténuer les conséquences d'un événement naturel qui peut être entièrement anticipé.
Néanmoins, certaines bonnes pratiques se développent. De nombreuses femmes reviennent de leur congé maternité et trouvent un lieu de travail plus empathique, plus adapté et plus flexible, avec des rôles modèles et des mentors facilement disponibles. Il reste toutefois du chemin à faire et les entreprises doivent continuer de montrer davantage leur soutien aux employées qui reviennent d'un congé maternité.
En tant que mère ayant élevé trois enfants, ayant dirigé quatre start-ups IT couronnées de succès et occupant aujourd'hui mon cinquième poste de cadre supérieur, voici trois domaines pratiques sur lesquels – d'après mon expérience personnelle – les entreprises doivent se concentrer et dans lesquels elles doivent réellement investir, si elles veulent créer des environnements plus équitables et plus flexibles :
La reconnaissance de ce tournant de vie majeur
D’un point de vue personnel, reconnaissez tout d'abord, en tant que femme, que vous traversez une transition majeure dans votre vie, celle de la maternité. Acceptez le fait que vous ne pouvez pas être présente pour tout le monde en même temps et tout le temps.
Lorsque vous retournerez au travail, prenez l'engagement de vous donner au moins six mois avant de prendre la décision d’arrêter de travailler. Il est important de se donner du temps et de savoir qu'il n'y a pas de mal à réajuster son emploi du temps et son parcours vers la réussite professionnelle.
En tant que mère, l'éducation de vos enfants ainsi que des nombreuses autres tâches viennent s’ajouter à votre emploi du temps. Or, il n'y a que 24 heures par jour pour accomplir tout ce que vous avez à faire. La leçon que j'ai apprise, c'est l'importance du séquençage. Vous n'allez pas pouvoir tout avoir en même temps, mais vous pouvez tout avoir, chaque chose en son temps. Il suffit de définir ses priorités et d’admettre que s'il vous faut quelques années supplémentaires pour atteindre votre objectif, ce n'est pas grave.
Les entreprises quant à elles doivent également reconnaître cette transition et apporter un soutien matériel aux femmes. L'accès à une « salle des mamans » comme espace privé et calme, un congé parental amélioré (pour les mères et les pères) et la flexibilité des options de travail sont autant d'éléments clés qui peuvent aider considérablement les mères à gérer la transition vers leur vie de salariée et de mère à temps plein.
L'importance de créer une infrastructure de soutien
Dans la société actuelle, il est courant de déménager pour vivre à proximité de son travail, et non pas à proximité de sa cellule familiale étendue traditionnelle. Une grande question se pose alors : comment les mères qui reprennent le travail peuvent-elles suivre cette tendance alors qu’elles risquent de se sentir isolées ?
Il s'agit d'une question importante que les entreprises doivent prendre en considération et pour laquelle elles doivent prendre des mesures, en particulier si elles veulent fournir la variété de soutiens dont les mères ont besoin pour réussir leur retour au travail.
Pour moi, l'une des choses les plus importantes qu'un employeur puisse faire est de créer un réseau de soutien, accessible et fiable, auquel les mères peuvent accéder sur le lieu de travail. Tout est une question d'infrastructure.
À un moment donné, la vie se résume au baby-sitting, à la préparation des repas, au ménage et aux allers-retours maison/travail. Mais comment trouver facilement une baby-sitter de confiance, des activités parascolaires et toutes les autres ressources nécessaires ? Quelles sont les petites astuces de vie que vos collègues mamans connaissent et qui pourraient vous aider ? Ou qui est disponible (en dehors de votre conjoint) pour vous dire « Tu fais du bon travail » à la fin d'une journée difficile où le travail peut vous faire culpabiliser ?
Je parie que si vous regardez les canaux Slack de la plupart des entreprises aujourd'hui, certains des plus actifs sont ceux liés à l'éducation des enfants, à l'équilibre entre travail et vie privée et à des sujets similaires. C'est bien sûr une bonne chose, mais les organisations doivent trouver les moyens de renforcer ces outils et d’en faire la promotion en interne. Après tout, c’est ce type d’initiatives qui facilitent la vie. Et cela a rarement été aussi bien illustré que lorsqu'il s'agit pour une femme de simultanément élever ses enfants et de poursuivre ses aspirations professionnelles.
La compétence, clé de la flexibilité
Je suis un peu partagée sur la question de la flexibilité du travail parce que le travail doit bien évidement être fait et que toutes les fonctions ne se prêtent pas à la flexibilité des horaires, en particulier celles en contact avec la clientèle. Toutefois, il existe des moyens d'adapter les objectifs de l'entreprise à ceux de l'individu, à condition que l'employeur et l'employé soient prêts à s’adapter et à faire des compromis. Il n'y a certainement pas d'approche universelle applicable à tous les cas de figure, mais le pragmatisme, la compétence et la confiance sont essentiels pour parvenir au meilleur accord possible pour chacun.
Lorsque j'étais chez eBay, il m'arrivait d'emmener mes enfants à des cours de natation ou de tennis à 15 heures, et mes enfants étaient tellement reconnaissants que maman vienne les chercher en plein milieu de l'après-midi. Ma responsable m'a beaucoup aidée et nous avons pu trouver une solution parce qu'elle savait qu'on pouvait compter sur moi pour me reconnecter et travailler jusqu'à 23 heures si nécessaire pour que le travail soit fait.
Tant que les objectifs de l'entreprise et les obligations de l'employé sont respectés, les organisations doivent soutenir les mères, trouvant des solutions le plus souvent au cas par cas.
Pouvoir assister aux leçons de tennis ou de natation de vos enfants, à leurs répétitions de ballet ou à leurs récitals de musique sont autant de souvenirs précieux que vous ne pourrez jamais retrouver en tant que mère (ou père) si vous les manquez. Les entreprises qui font confiance aux mères, qui les responsabilisent et qui leur donnent la flexibilité nécessaire pour vivre ce genre d'événements, créent un environnement de travail où elles se sentent valorisées et, par conséquent, où elles sont plus enclines à rester et à poursuivre une carrière fructueuse.
Les mères qui travaillent méritent d'avoir à la fois une carrière et une vie de famille et, si je me fie à mon expérience personnelle, il existe de nombreux employeurs compréhensifs qui apprécient votre talent. Cela dit, il est toujours possible de faire mieux.
J'espère que, dans un avenir proche, les entreprises de toutes tailles pourront mettre en place les infrastructures et les ressources nécessaires permettant d’offrir une plus grande flexibilité de travail afin qu'aucune femme n'ait jamais à choisir entre sa vie de famille et sa carrière.