Faux IBAN : le piège bancaire qui coûte cher aux Français a trouvé un antidote

Les virements vers des comptes inconnus se multiplient. Derrière ces suites de chiffres anodines, des fraudes sophistiquées détournent des millions d’euros. Une nouvelle arme législative entend inverser la tendance.

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 2 avril 2025 à 8h17
Faux IBAN : le piège bancaire qui coûte cher aux Français a trouvé un antidote
Faux IBAN : le piège bancaire qui coûte cher aux Français a trouvé un antidote - © Economie Matin
149,76 millions d’eurosEn 2023. 149,76 millions d’euros ont été détournés via des virements vers de faux IBANs.

Le 31 mars 2025, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité une proposition de loi instaurant un fichier national des IBAN frauduleux. Porté par le député Daniel Labaronne, ce texte vise à endiguer une forme de fraude bancaire qui a coûté, en 2023, près de 150 millions d’euros. Dans un contexte où l’IBAN devient la nouvelle faille exploitée par les escrocs, la création de cette base de données s’inscrit dans un mouvement plus large de sécurisation des moyens de paiement.

IBAN : une arme à double tranchant pour les fraudeurs

Il suffit d’une facture modifiée, d’un RIB falsifié, d’un mail détourné... et le piège se referme. L’IBAN – cet identifiant bancaire international devenu incontournable pour tous les virements – est aujourd’hui la porte d’entrée de près de 48% des fraudes sur les virements bancaires, selon le rapport 2023 de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement.

Un chiffre glaçant : 149,76 millions d’euros ont été détournés en 2023 par ce biais. Et les exemples se multiplient. Comme celui relayé par BFMTV, où un couple achète un véhicule sur Internet. Il effectue deux virements, persuadé d’avoir versé l’argent au vendeur. Mais l’IBAN transmis était celui d’un escroc, dissimulé derrière un mail parfaitement imité.

« Il n'existe pas de fichier d’identification des fraudeurs », déplore Daniel Labaronne. Et pour cause : une fois le virement lancé, la banque n’est pas tenue pour responsable si l’IBAN est erroné, sauf exception. Autrement dit, l’erreur paie… pour le fraudeur.

Faux IBAN : le piège bancaire qui coûte cher aux Français a trouvé un antidote

Un fichier centralisé pour tarir la fraude à la racine

La réponse législative ne s’est pas fait attendre. Le nouveau fichier national des IBAN frauduleux permettra de bloquer automatiquement les paiements suspects, avant même leur exécution. Il sera centralisé par la Banque de France, en lien avec la Caisse des dépôts, le Trésor public et l’ensemble des établissements bancaires et prestataires de services de paiement.

« L’objectif est de bloquer les transactions le plus possible en amont », explique le député Labaronne dans Le Parisien. Ce fichier, consultable avant la validation d’un virement, doit fonctionner comme un système d’alerte précoce. L’initiative s’inspire directement du Fichier national des chèques irréguliers (FNCI), aujourd’hui réservé aux commerçants.

Ce dernier sera d’ailleurs renforcé. Selon la Banque de France, les fraudes au chèque ont représenté 364 millions d’euros en 2023, soit plus du double de celles aux IBAN. Le FNCI inclura désormais les chèques falsifiés et contrefaits, et les banques pourront le consulter avant d’honorer un chèque, afin de différer l’encaissement en cas de doute.

Un outil simple, mais à l’efficacité redoutée

Côté parlementaire, le texte a fait l’unanimité, tous groupes confondus. La centralisation de ces informations bancaires ne soulève pas de débat majeur, car elle se fait « en conformité avec le RGPD, grâce à un travail en amont avec la CNIL », précise Daniel Labaronne. Et le législateur a veillé à quelques garde-fous. Il sera interdit de clôturer un compte uniquement parce qu’il figure dans le fichier, afin d’éviter les erreurs d’interprétation ou les décisions hâtives.

En coulisses, les acteurs publics s’en félicitent. Mais une question demeure : ce fichier, pour être efficace, devra être alimenté en temps réel par les banques. Or, sans obligation stricte, rien ne garantit sa mise à jour systématique. Les escrocs, eux, ne se privent jamais d’actualiser leurs méthodes. En revanche, le texte devrait passer sans encombre par le Sénat, après quoi il deviendra une loi.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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