Fauteuils roulants : enfin le remboursement intégral !

Longtemps attendu, souvent promis, enfin appliqué. Le 6 février 2025, Emmanuel Macron a officialisé le remboursement intégral des fauteuils roulants à compter du 1er décembre 2025. Derrière cette avancée se cache une réforme aux implications profondes, entre soulagement pour les bénéficiaires et inquiétudes sur son financement. Un dispositif à décortiquer dans le détail pour comprendre ce qui change réellement et pourquoi il a fallu attendre aussi longtemps.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 7 février 2025 à 7h00
Le remboursement des fauteuils roulants a toujours été un sujet sensible. Aujourd’hui en France, environ un million de personnes utilisent un fauteuil roulant
Le remboursement des fauteuils roulants a toujours été un sujet sensible. Aujourd’hui en France, environ un million de personnes utilisent un fauteuil roulant - © Economie Matin
5187 EUROSLe remboursement des fauteuils roulants était limité à 5187 euros.

L’accessibilité aux fauteuils roulants en France a toujours été un combat pour les personnes en situation de handicap. Les coûts exorbitants et les lourdeurs administratives ont souvent laissé les utilisateurs sans solution viable. Le 6 février 2025, Emmanuel Macron a annoncé via une vidéo sur TikTok l’entrée en vigueur d’une réforme majeure : la prise en charge à 100 % des fauteuils roulants par l’Assurance Maladie dès le 1er décembre 2025. Ce projet, longtemps débattu et retardé par des blocages politiques, suscite aujourd’hui autant d’espoirs que de questions. Derrière la promesse présidentielle, les modalités pratiques de mise en œuvre interrogent : quels fauteuils seront concernés, sous quelles conditions et avec quels financements ?

Remboursement des fauteuils roulants : une avancée historique pour les personnes en situation de handicap

Le remboursement des fauteuils roulants a toujours été un sujet sensible. Aujourd’hui en France, environ un million de personnes utilisent un fauteuil roulant, un chiffre qui englobe aussi bien les personnes atteintes de handicaps moteurs sévères que les personnes âgées souffrant de perte d’autonomie. Le problème réside dans le coût de ces équipements. Un fauteuil manuel basique peut coûter jusqu’à 10 000 euros, tandis qu’un modèle électrique plus sophistiqué peut atteindre 50 000 euros, rappelle BFMTV. Jusqu’ici, l’Assurance Maladie ne couvrait qu’une fraction de ces montants, laissant un reste à charge important, souvent insoutenable pour les bénéficiaires.

Le décret qui entre en vigueur en décembre 2025 change profondément la donne. Désormais, tous les fauteuils inscrits sur une liste spécifique, publiée sur Légifrance dès le 7 février 2025, seront intégralement pris en charge. Pour les fauteuils ne figurant pas sur cette liste, notamment les modèles nécessitant des adaptations spécifiques, un remboursement complet sera possible après validation par l’Assurance Maladie dans un délai maximal de deux mois.

Avant / Après la réforme : Ce qui change pour les fauteils roulants

Critères Avant la réforme Après la réforme (1er décembre 2025)
Fauteuils roulants manuels Remboursés jusqu’à 600 euros Remboursés à 100 % pour les modèles éligibles
Fauteuils roulants électriques Remboursés jusqu’à 5 200 euros Remboursés à 100 % pour les modèles éligibles
Fauteuils sur-mesure / spécifiques Remboursement partiel après demande spécifique Remboursement complet après validation
Délai de réponse de l’Assurance Maladie Variable, souvent long Décision garantie sous deux mois
Prise en charge des options Peu ou pas de couverture Certaines options seront remboursées

Remboursement des fauteuils roulants : une réforme à l’issue d’un long parcours législatif

La promesse d’un remboursement intégral des fauteuils roulants date de 2023, mais son application a été sans cesse repoussée par des événements politiques et des négociations complexes entre l’État, les fabricants et les associations de défense des droits des personnes handicapées. Initialement prévue pour 2024, l’entrée en vigueur de cette mesure a été retardée par plusieurs facteurs. La dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, suivie par la censure du gouvernement de Michel Barnier en décembre de la même année, a conduit à un report des discussions sur le financement de cette réforme. Ce n’est qu’en décembre 2024 que la mesure a finalement été adoptée à l’unanimité par les députés, souligne Handicap.fr.

Dans l’intervalle, les associations n’ont cessé de faire pression sur les pouvoirs publics pour accélérer la mise en place de cette réforme. Elles dénonçaient une situation profondément injuste où seules les personnes pouvant se permettre un financement complémentaire avaient accès à des fauteuils roulants de qualité. Selon les chiffres de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), entre 2012 et 2019, 60 000 personnes ont dû assumer un reste à charge supérieur à 1 000 euros, avec une moyenne de 5 500 euros. Pour beaucoup, cela signifiait renoncer à un fauteuil adapté à leurs besoins.

« Vingt ans après la loi de 2005, cette réforme est un symbole. Elle traduit notre ambition de bâtir une société où l’inclusion n’est plus un slogan, mais une réalité tangible et concrète. Il nous reste beaucoup à faire : améliorer l’accessibilité de nos villes, adapter nos infrastructures, et garantir que chaque citoyen puisse vivre librement, sans entrave », souligne François Bayrou dans le dossier de presse.

Quel coût pour l’Assurance Maladie ?

Derrière cette avancée sociale se cache un coût colossal pour l’Assurance Maladie. Selon le ministère de la Santé, cette réforme représentera un surcoût de 160 millions d’euros par an. Un chiffre qui alimente déjà les critiques quant à la viabilité économique du dispositif. Pour contenir ces coûts, le gouvernement mise sur une négociation avec les fabricants afin de limiter les prix des modèles pris en charge. La ministre déléguée à l’Autonomie et au Handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq, a ainsi déclaré : « Avec cette réforme, nous mettons fin à ces injustices. Désormais, chaque fauteuil roulant sera pris en charge à 100% pour répondre pleinement aux besoins. Finie la multiplicité des interlocuteurs, finis les dossiers à remplir pour espérer une aide. Un seul financeur : l’assurance maladie. Mais notre ambition va plus loin. Nous renforçons la qualité et l’efficacité des fauteuils roulants pour garantir aux usagers des équipements fiables et durables »

Le remboursement intégral des fauteuils roulants constitue une réelle avancée pour les personnes en situation de handicap. Pour autant, les défis restent nombreux. La transparence sur la liste des fauteuils pris en charge, la rapidité de traitement des demandes spécifiques et la capacité de l’Assurance Maladie à financer cette réforme sur le long terme seront des points clés à observer dans les mois à venir.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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