Fraude au RSA : Seby Daddy, une provocation de trop ?

Seby Daddy, un jeune influenceur, a cru malin de se vanter de toucher le RSA lors d’un interview, et ce, sans habiter en France. Les internautes et les médias n’ont pas tarder à montrer leur colère face à ses déclarations. Face à l’ampleur de la polémique, la ministre des Solidarité a tenu a vérifier ses propos : non, Seby Daddy n’est pas inscrit à la CAF.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 29 septembre 2023 à 17h35
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Fraude au RSA : Seby Daddy, une provocation de trop ? - © Economie Matin
1,3 milliardc'est le montant annuel de la fraude au RSA

Seby Daddy : une provocation de trop ?

Connaissez-vous Seby Daddy ? Sous ce pseudonyme se cache Sébastien Dubois, un influenceur suivi par près de 4 millions de followers sur les réseaux sociaux. Lors d'une récente interview avec Sam Zirah, Sébastien a suscité la colère des Français : « J'utilise les prestations de la CAF, dont le RSA, même si je vis hors de France. Ça paie mes Uber Eats ». Pour lui, anciennement millionnaire, rien d'anormal, puisqu'il a « diverti la France pendant sept ans » faisant référence à sa participation à l'émission de télé-réalité Les Princes de l'Amour.

Mais à trop jouer avec le feu, on fini par se brûler. Aurore Bergé, Ministre des Solidarités, après avoir demandé une vérification au services de la CAF a démenti l'ensemble des déclarations de l'influenceur : « Seby Daddy ne perçoit pas le RSA et n'est plus affilié à la CAF depuis 2013 ». Elle annonce également qu'une démarche judiciaire est en cours, suite au signalement de cette affaire au procureur de la République via le directeur général de la CNAF.

Des déclarations qui mettent de l'huile sur le feu

Depuis une semaine, le RSA est au centre des discussions politiques. Une proposition notable vient du ministre du Travail, Olivier Dussopt : un contrat obligeant les bénéficiaires du RSA à travailler entre 15 et 25 heures par semaine. Cette proposition entre dans le cadre du projet plein emploi du président Emmanuel Macron. Celui-ci vise à réduire le chômage de 7,2 % actuellement à 5 % d'ici 2027. Son principe ? La réinsertion par le travail. Un projet qui semble honorable. Pourtant, le flou demeure quant à la rémunération de ces heures travaillées demandées aux bénéficiaires de cette allocation en contrepartie de leur RSA. Ce manque de précision dans la proposition de réforme du RSA a suscité une vive opposition dans laquelle certains y voient une forme d'« esclavagisme ».  De l'autre côté de l'échiquier politique, à droite notamment, la priorité est donnée à la lutte contre la fraude au RSA (environs 1,3 milliard d'euros par an), un peu plus à droite encore, une proposition d'un nouveau type de RSA a été dévoilée par le RN.

Si l'épisode de Seby Daddy peut faire sourire, celui-ci envenime le débat qui entoure la réforme du RSA. Le rôle de cette aide, en tant que dispositif de soutien pour de nombreux Français, est incontestable. Pour de nombreux allocataires, il est une ressource financière vitale. La hausse du nombre de bénéficiaires des minima sociaux (4,4 millions en 2022) démontre leur importance. Et bien que 41% des bénéficiaires aient pu s'en affranchir temporairement, la majorité d'entre eux retournent dans une situation instable, moins de dix ans plus tard. La précarité n'est pas un choix. L'enjeu de la réforme du RSA est de trouver un équilibre entre la lutte contre la fraude et la réinsertion professionnelle durable.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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