Fast Fashion : préparez-vous à payer beaucoup plus cher

La fast fashion est une aberration à l’heure où la question de l’empreinte carbone et de la lutte contre le réchauffement climatique sont centrales pour faire en sorte que la Terre reste vivable. Malgré ça, le succès des sites comme Shein, Temu ou, plus proches de nous, les magasins Primark et autres n’est pas une surprise. Mais la France se prépare à adopter une loi visant à leur mettre les bâtons dans les roues.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 15 mars 2024 à 6h18
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10%L'industrie textile représente 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

La fast fashion dans le collimateur des députés français

Par le terme « fast fashion », le gouvernement fait une distinction entre le prêt-à-porter et les sites internet, essentiellement chinois. Pas question, en effet, de pénaliser les magasins physiques tels que Primark, Zara ou H&M. Si leurs prix sont souvent bas, ces enseignes n’ont rien de comparable avec les géants chinois comme Shein ou Temu… à commencer par le fait que les enseignes de prêt-à-porter même premier prix créent de l’emploi et payent des impôts en France.

Ce sont bien les offres en provenance de Chine qui sont visées, avec Temu, Shein et Wish comme cibles les plus connues. Le gouvernement définit ainsi la fast fashion comme toute entreprise qui propose un nombre très élevé de nouvelles références tous les mois. Shein, par exemple, propose plus de 7.000 nouveaux modèles chaque année, soit près de 700 par mois. Un projet de loi pour lutter contre cette tendance à la surconsommation a été discuté, et adopté, à l’Assemblée nationale le 14 mars 2024.

La fast fashion sera lourdement pénalisée

Le texte, porté par la députée Horizons de Haute-Savoie Anne-Cécile Violland, prévoit des mesures pour limiter le recours à la fast fashion. Et la plus emblématique est sans aucun doute le principe du malus qui va faire exploser la facture des consommateurs qui ont l’habitude de commander sur les sites en question.

Le principe est simple, bien que les détails doivent être fixés par décret : un surcoût sera à payer pour chaque article commandé. Dès 2025, les consommateurs français devront ainsi débourser 5 euros par article commandé en plus de son prix. De quoi multiplier par deux ou trois le coût total de la commande… et donc de quoi freiner les impulsions d’achat.

Jusqu’à 10 euros de malus sur les vêtements ?

Mais le texte prévoit que cette sanction soit de plus en plus élevée : en 2030, selon le projet du gouvernement, le malus devrait atteindre 10 euros par produit. Le gouvernement a toutefois fixé une limité : le montant du malus ne peut pas dépasser 50% du prix de vente, pour éviter que des produits à 1 euro, par exemple, ne se retrouvent avec un malus d’un montant égal à dix fois leur prix. Ils ne coûteront donc « que » 1,50 euro, par exemple.

Mais attention, la députée Anne-Cécile Violland l’assure : « Il ne s’agit pas d’une taxe ». Comprenez : il ne s’agit pas de renflouer les caisses de l’État, alors que ce dernier cherche à faire des économies d’un niveau inédit dans le cadre d’une nouvelle période d’austérité. Non, les sommes permettront d’aider les industriels produisant, par exemple, des produits durables. Du moins, c’est ce qui est prévu, puisque les décrets devront fixer les tenants et aboutissants de la mesure.

Au tour du Sénat de débattre de la fast fashion

Le texte prévoit également des interdictions et des limitations, notamment dans le domaine de la publicité, les spécialistes de la fast fashion usant massivement des publicités sur les réseaux sociaux pour attirer les jeunes clients. Ou encore l’obligation de messages d’alerte et d’information sur l’impact environnemental des produits.

Le texte a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 14 mars 2024 et doit maintenant poursuivre sa navette parlementaire. Prochaine étape : le Sénat, dont la majorité de droite ne devrait pas causer des problèmes pour l’adoption du texte. Il reste néanmoins une question cruciale : la mesure et le malus seront-ils efficaces ?

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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