Le faiminisme : les stéréotypes de genre persistent au restaurant

L’addition au restaurant est bien plus qu’un simple geste de courtoisie. Selon une étude, les stéréotypes de genre persistants ont un impact sur les comportements lors des premiers rendez-vous, alors que le paiement de l’addition est considéré comme un outil de pouvoir dans la construction conjugale.

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Par Rédaction Publié le 17 juin 2023 à 10h00
faiminisme
Le "faiminisme", un mouvement visant à éliminer les pratiques sexistes liées à la nourriture, n'a pas réussi à effacer ces schémas. - © Economie Matin

Des stéréotypes de genre qui perdurent au restaurant

Dans une époque marquée par une hausse des revendications féministes prônant l’égalité entre les hommes et les femmes, de nombreux pans de la vie et du quotidien sont mis en avant pour montrer des inégalités de genre existantes, notamment au sein des couples hétérosexuels. Une étude de l'Ifop pour Zenchef (https://www.zenchef.com/page/stereotypes-genre-au-restaurant-etude-ifop) s'est intéressée aux stéréotypes de genre qui peuvent exister – voire perdurer – au restaurant, les attitudes jugées conformes, ainsi que des comportements et actions pouvant s’y dérouler, mais aussi au mouvement qui s'y oppose le : "faiminisme".

Le partage de l'addition et les rôles attribués aux hommes et femmes

72% des hommes et 59% des femmes trouvent normal que l'homme propose de payer l'ensemble de l'addition au restaurant la première fois qu'il dîne avec une femme et seulement 8% des femmes assument la responsabilité de payer l'addition lors d'un premier rendez-vous. Aux hommes de payer, aux femmes de se faire inviter, les stéréotypes de genre sont deux fois plus présents chez les hommes que chez les femmes. Le fait de payer apparait comme un outil de pouvoir au sein du couple ou du futur couple, un élément central de la « construction conjugale de la réalité du couple ».

Les différences genrées présentes dans les comportements au restaurant

Les femmes se retrouvent souvent dans une privation plus importante que les hommes, en écho aux diktats esthétiques et comportementaux. Elles évitent ainsi de boire de l'alcool ou de commander certains plats pour éviter des odeurs rebutantes ou pour ne pas entacher leur image ou leurs habits. En général, les différences de comportements genrés se marquent davantage autour du choix des plats et des boissons, mais aussi dans les consommations et les habitudes sociales. Les hommes s'occupent plus souvent du choix du vin que les femmes tandis que les femmes gèrent l'éventuelle responsabilité des enfants de manière plus massive.

Une intrusion technologique dans le repas

La technologie apporte une nouveauté à cette cartographie des habitudes. Les études sont unanimes sur un point, nos téléphones ne quittent pas nos poches, sacs et notamment tables de restaurants. Selon l'étude précédemment citée, 57% des convives posent leur téléphone sur la table, 38% le consultaient fréquemment et 36% répondent à un appel tout en restant à table.

Les limites du « faiminisme »

L'émergence du mouvement du faiminisme, prônant la fin des codes culturels et des pratiques sexistes liées à la nourriture et aux goûts, ne parvient pourtant pas à endiguer le phénomène. Les stéréotypes de genre continuent de peser sur les repas, et le faiminisme se heurte ainsi à des réalités sociales plus complexes, et des pratiques longuement ancrées dans les usages.

Malgré les mouvements qui soulèvent la question des genres à travers les pratiques alimentaires, la pratique semble s'accrocher. Les raisons sont multifactorielles. La vaste influence culturelle, l'ancienneté de la pratique sont des aspects qui se conjuguent pour perpétuer les stéréotypes de genre lors des repas. Face à ce constat, la vigilance, la remise en question de ces pratiques et la prise de conscience peuvent constituer des outils de réflexion pour modifier ces comportements.

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