À partir de 2025, les Français connaîtront une nouvelle hausse de leur facture d’électricité en raison de l’augmentation du Turpe (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité). Ce tarif, essentiel pour le financement des infrastructures électriques gérées par Enedis et RTE, est révisé tous les quatre ans par la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Factures d’électricité : le Turpe bondit, vous allez payer plus cher !
Si rien n’est encore décidé pour la prochaine augmentation, cette dernière pourrait atteindre 10%, touchant aussi bien les ménages que les entreprises. Alors que le gouvernement promet une baisse des tarifs réglementés de vente (TRV) au 1er février 2025, la hausse du Turpe risque de contrebalancer cet allègement attendu des factures.
Électricité : pourquoi le tarif Turpe augmente-t-il ?
Le Turpe représente une part essentielle de la facture d’électricité, environ 20 à 30 % de la somme totale pour un particulier. Il sert à financer l’exploitation, la maintenance et le développement des infrastructures du réseau électrique en France, notamment le transport de l’électricité via RTE (Réseau de Transport d'Électricité) et la distribution via Enedis (Électricité Réseau Distribution France). En effet, les gestionnaires de réseaux ont des besoins d'investissements considérables.
La CRE a annoncé que les recettes du Turpe, perçues par Enedis et RTE, devront augmenter pour répondre à des besoins d'investissement qui augmentent. Ces besoins sont essentiellement liés à la modernisation et l'extension du réseau pour intégrer les nouvelles sources d'énergie renouvelable (éolienne, solaire), à l'électrification accrue de certains secteurs (industrie, transports, chauffage) et à l'amélioration de la résilience du réseau face aux impacts du changement climatique. Par exemple, les infrastructures vieillissantes doivent être rénovées, notamment pour résister aux événements climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les tempêtes, de plus en plus fréquentes en France.
Enedis prévoit d’investir près de 7 milliards d'euros d'ici 2028, tandis que les investissements de RTE passeront de 2,1 milliards en 2023 à 6,4 milliards d’euros en 2028. Ces sommes serviront notamment à renforcer le réseau pour répondre à la demande croissante d’électricité liée au développement des véhicules électriques, à la production d’énergie décentralisée (notamment l'autoconsommation photovoltaïque) et à l'intégration des énergies renouvelables. L'éolien en mer, en particulier, nécessite d’importants investissements pour le raccordement des parcs à la terre.
Cette augmentation des investissements, nécessaire à la transition énergétique, explique pourquoi la CRE a proposé une augmentation du Turpe de 10% en 2025, avec des révisions annuelles jusqu’en 2028 pour ajuster en fonction de l’inflation et des besoins supplémentaires. Ce qui pourrait signifier que les factures d’électricité augmenteront fortement et ce chaque année.
Les impacts de la hausse des prix de l’électricité sur les ménages et les entreprises
L'augmentation du Turpe aura des répercussions directes sur la facture des ménages. Actuellement, le Turpe représente environ 6 centimes d'euros par kilowattheure (kWh) consommé, soit une part importante de la facture d’électricité. En 2025, ce montant devrait atteindre 6,6 centimes par kWh, ce qui fera augmenter directement les factures des consommateurs. Selon les estimations, cette augmentation pourrait représenter entre 20 et 30 euros supplémentaires par an pour un foyer moyen consommant 5 000 kWh par an.
Cependant, les ménages ne seront pas les seuls à souffrir de cette hausse. Les entreprises, et en particulier les industries à forte consommation énergétique, verront leur facture augmenter également. Les grands sites industriels, tels que les aciéries ou les usines chimiques, dont les processus dépendent largement de l’électricité, devront absorber des coûts supplémentaires. Ces augmentations pourraient à terme être répercutées sur le prix des biens et services produits par ces industries.
En outre, certaines PME (Petites et Moyennes Entreprises) pourraient voir leurs marges se réduire, surtout dans des secteurs où l’énergie représente une part importante des coûts de production. Des ajustements de production, voire des investissements dans des solutions d'autoconsommation énergétique ou d'efficacité énergétique, pourraient être nécessaires pour maintenir leur compétitivité.
Hausse du tarif Turpe : des solutions pour atténuer les effets ?
L’augmentation du tarif Turpe paraît inévitable. La Commission de régulation de l’énergie propose donc plusieurs solutions pour réduire l’impact sur les consommateurs, tout en encourageant la transition énergétique. Parmi ces solutions, la valorisation des flexibilités du réseau figure en bonne place. Il s'agit notamment de généraliser les heures creuses pendant les périodes de forte production d’énergie renouvelable, notamment le solaire photovoltaïque en été.
En pratique, cela signifierait que pendant les après-midi ensoleillés, où la production d’énergie photovoltaïque est à son maximum, les tarifs d'électricité seraient réduits, incitant ainsi les consommateurs à ajuster leur usage de l’électricité pendant ces heures creuses. Cette mesure vise à optimiser la consommation d’électricité en fonction des périodes de production renouvelable, évitant ainsi des pics de consommation qui mettent à rude épreuve les infrastructures.
Par ailleurs, la CRE envisage de mettre en place des tarifs différenciés pour encourager le stockage d’énergie. Le stockage, via des batteries ou des solutions similaires, permettrait de lisser la consommation et la production d’électricité, évitant ainsi de recourir à des sources d’énergie plus polluantes pendant les périodes de pointe.
Ces mesures devraient à terme permettre d’amortir en partie la hausse du Turpe, en encourageant une consommation plus flexible et en réduisant la pression sur les infrastructures électriques.
Électricité : d’autres augmentations prévues ?
En parallèle à la hausse du Turpe, le gouvernement français envisage également une révision de certaines taxes sur l’électricité. Selon des sources proches des négociations, une augmentation plus importante que prévu d’une taxe sur l’électricité pourrait être mise en place dans le cadre de la loi de finances 2025. Cette taxe, qui finance une partie des infrastructures énergétiques, viendrait s’ajouter à l’augmentation du Turpe.
Il est à noter que cette augmentation de taxe intervient dans un contexte de baisse des tarifs réglementés de vente (TRV), promise par le gouvernement pour février 2025. En effet, le prix de l’électricité sur les marchés de gros a fortement diminué depuis la fin de la crise énergétique de 2022, ce qui permet de réviser les TRV à la baisse. Toutefois, cette baisse pourrait être largement contrebalancée, voire dans le pire des cas annulée, par la hausse des taxes et du Turpe.