L’extinction de l’éclairage public, des bienfaits qui dépassent les économies d’énergie

A l’heure de la sobriété énergétique, de plus en plus de communes choisissent d’éteindre complètement ou partiellement leur éclairage public nocturne pour réaliser d’importantes économies d’énergie, mais ces économies ne sont qu’une infime partie des bienfaits de l’obscurité : biodiversité, impact sur être humain, criminalité…

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Par Pierre Royer Publié le 9 octobre 2024 à 5h30
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42,5%L'UE a pour but de porter la part des énergies renouvelables à 42,5 % en 2030

Quel est l’impact réel de l’extinction de l’éclairage public sur son environnement ?

Les coupures de nuit, une solution pour éclairer en préservant la biodiversité

Les éclairages artificiels illuminent l’environnement et altèrent les cycles naturels de la lumière. L'impact sur les comportements, les fonctions physiologiques et les rythmes biologiques des organismes vivants est direct et incontestable.

Les petits mammifères nocturnes fuient la lumière qui les expose aux prédateurs. Ils réduisent donc leurs déplacements aux maximum et leur recherche de nourriture en pâtit.

A contrario, les oiseaux migrateurs et les insectes sont attirés par la lumière. Ces derniers finissent souvent par se brûler au contact des ampoules. La lumière artificielle a également un impact sur le comportement reproducteur des espèces bioluminescentes, comme les lucioles et les vers luisants. L’illumination ambiante trouble la qualité des signaux lumineux que ces espèces émettent pour attirer des partenaires.

En coupant l’éclairage public aux heures les moins fréquentées, l’impact des activités humaines sur la biodiversité est immédiatement réduit considérablement.

L’Humain, un animal comme les autres

La pollution lumineuse a un effet néfaste sur la santé de l’être humain comme sur celle des autres animaux.

En altérant notre horloge biologique, la lumière artificielle perturbe notre sécrétion de mélatonine, une hormone dont le rôle est de synchroniser les rythmes circadiens, et donc le cycle veille-sommeil. Ce dérèglement n’est pas sans conséquences : troubles du sommeil aux potentiels effets cardiovasculaires, développement de cancers, dépressions, prise de poids, perte de mémoire… La mélatonine est également un antioxydant et stimule le système immunitaire ! C’est ainsi qu’elle agit notamment sur la prise de poids car elle régule l’appétit.

Il en est de même pour les écrans de télévision ou d’ordinateur : reproduisant l’effet de la lumière du soleil sur notre organisme, elle stimule notre organisme et envoie un message d’éveil. Pour s’en protéger, des lunettes filtrant la lumière dite bleue existent. Cependant, la meilleure manière de lutter est de se passer d’écran 1 heure avant de se coucher.

Obscurité, un facteur d’insécurité ?

Une des problématiques de l’extinction de l’éclairage public est le sentiment d’insécurité des habitants. Cependant, il est important de ne pas confondre sentiment d’insécurité et insécurité réelle. Alors, qu’en est-il vraiment de l’impact de l’éclairage public sur la délinquance et criminalité ?

En France, les chiffres recensés par les compagnies d'assurance et la gendarmerie tendent même plutôt à démontrer le contraire puisque 99% des délits et méfaits nocturnes auraient lieu dans des rues parfaitement éclairées et 80% des cambriolages auraient lieu le jour.

Selon le Directeur départemental de la sécurité publique "les gens ont plutôt tendance à rouler moins vite" quand les zones ne sont pas éclairées et "les accidents sont moins graves." En 2019, 12 000 communes pratiquaient déjà l'extinction de l'éclairage public en pleine nuit sans pour autant constater une augmentation du nombre d'accidents ou de délits routiers.

Que dit la législation ?

Conscient de l’impact de la lumière artificielle sur la biodiversité, l’État a mis en place une législation qui réglemente l’extinction de l’éclairage public. L’arrêté sur la prévention, la réduction et la limitation des nuisances lumineuses du 27 décembre 2018 précise la temporalité d’éclairage et d’extinction, l’objectif étant de supprimer les plages d’éclairage inutiles.

Ainsi, l'éclairage du patrimoine, des parcs et jardins, mais également des enseignes physiques, doit être éteint à 1 heure du matin au plus tard. Concernant les locaux à usage professionnel (bureaux, usines, etc.) l’extinction doit avoir lieu au plus tard 1 heure après la fin de l’occupation des lieux.

Prochaine étape, l’extinction de l’ensemble du parc lumineux des villes ?

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Proyer

Ingénieur Commercial Smart City chez PYRESCOM. « De multiples expériences dans les achats, la R&D et d’ingénieur commercial dans le solaire photovoltaïque m'ont dirigé vers un poste d'ingénieur commercial Smart City/Smart Building. »

1 commentaire on «L’extinction de l’éclairage public, des bienfaits qui dépassent les économies d’énergie»

  • Laurent Debrot

    Merci de votre article. En Suisse il n’y a pas de loi limitant l’éclairage extérieur. Toutefois, le tribunal fédéral a fait la similitude avec la loi sur le bruit pour prôner une période de repos, donc d’extinction, entre 22h et 6h. Les arrêts du tribunal ont été donné sur des cas d’éclairage privé et industriel, malheureusement pas encore sur l’éclairage public. Un litige avec une commune qui serait traité au TF irait probablement dans le même sens.

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