Le 2 janvier 2025 marque une étape symbolique dans l’histoire énergétique de la France. Après des années d’incertitudes et de défis techniques, le pays a pulvérisé son record d’exportation nette d’électricité en 2024, selon les données dévoilées le par le gestionnaire du réseau RTE.
Exportation d’électricité : la France redevient la centrale de l’Europe
Si le record d’exportation était attendu, la quantité d’électricité exportée en 2024 selon RTE dépasse largement le précédent record de 76,9 TWh établi en 2002. De quoi confirmer la montée en puissance de la production énergétique française et son rôle clé sur la scène européenne. Car, de fait, ce sont les pays européens qui en profitent alors que certains, comme l’Allemagne et l’Italie, ne disposent pas de centrales nucléaires sur leur sol et peinent à répondre à leur demande énergétique.
Exportation d’électricité française : un rebond attendu après des années difficiles
Il y a encore deux ans, la situation était radicalement différente. En 2022, la France était importatrice nette d'électricité, un fait inédit depuis 42 ans. Les raisons de cette contre-performance étaient multiples. Le parc nucléaire, historiquement le pilier du mix énergétique français, subissait alors une crise sans précédent. Des problèmes de corrosion dans les tuyauteries essentielles à la sécurité des réacteurs avaient conduit à l'arrêt de 32 réacteurs sur 56. La production nucléaire avait chuté à seulement 279 TWh, le niveau le plus bas depuis 30 ans.
À cela s’ajoutait une sécheresse exceptionnelle qui avait réduit la production hydraulique à un niveau critique. Résultat : la France, connue pour son autosuffisance énergétique, avait dû importer massivement pour répondre à la demande intérieure en électricité. Un coup dur pour le secteur, mais aussi pour l’image de l’industrie de la France.
Production d’électricité : une reprise spectaculaire en 2024
L'année 2024 marque un tournant décisif. Grâce à des efforts considérables pour rétablir la capacité du parc nucléaire, EDF a réussi à produire entre 358 et 364 TWh, soit une hausse spectaculaire par rapport à 2022. Les prévisions ont été révisées à la hausse à deux reprises, témoignant de la confiance retrouvée dans l'industrie nucléaire. Par ailleurs, les conditions climatiques ont joué en faveur de la France : les précipitations abondantes ont permis une production hydraulique exceptionnelle. Les barrages, souvent sous-utilisés ces dernières années, ont enfin pu tourner à plein régime.
Le développement des énergies renouvelables a également contribué à cette performance. Bien que l'éolien et le solaire restent minoritaires dans le mix énergétique, leur montée en puissance est indéniable. Ce développement continu a permis d’alléger la pression sur le réseau, facilitant ainsi l’exportation. Résultat : l’exportation d’électricité nette a explosé, atteignant 89 TWh selon RTE. Plus de 13 TWh que le précédent record de 2002.
La France : un rôle central sur le marché européen de l’énergie
Avec ses 37 interconnexions transfrontalières, la France occupe une position stratégique dans le réseau électrique européen, souligne RTE. En 2024, ses exportations ont bénéficié à tous ses voisins directs. L'Allemagne et la Belgique ont été les principaux bénéficiaires, avec un solde positif de 27,2 TWh. L'Italie et le Royaume-Uni suivent de près, avec respectivement 22,3 et 21 TWh. La Suisse, autre partenaire clé, a reçu 16,7 TWh, tandis que l'Espagne a importé 2,8 TWh.
Cette position de leader est également renforcée par la faiblesse de la consommation intérieure française. Bien que cela puisse être perçu comme un problème à long terme – les transitions énergétiques tardant à réduire l'usage des énergies fossiles – cette situation a permis de dégager un surplus exportable significatif.
Un tableau récapitulatif des performances de 2024
Indicateur | Valeur en 2024 | Comparatif 2022 |
---|---|---|
Exportations nettes d'électricité | 89 TWh | Importatrice nette |
Record précédent (année) | 76,9 TWh (2002) | - |
Production nucléaire | 358-364 TWh | 279 TWh |
Production hydraulique | Exceptionnelle | Faible (sécheresse) |
Exportations principales | Allemagne (27,2 TWh), Italie (22,3 TWh), Royaume-Uni (21 TWh) | - |
Nombre d'interconnexions | 37 | Stable |
Ce record d’exportation d’électricité reflète non seulement un rétablissement technique impressionnant, mais également une dynamique géopolitique favorable. La France, forte de son mix énergétique diversifié et majoritairement décarboné, et de ses infrastructures robustes, confirme son statut de pilier énergétique européen.
Cependant, la faiblesse persistante de la consommation intérieure soulève des questions sur l’adéquation des politiques de transition énergétique. Alors que l’Europe cherche à s’affranchir des énergies fossiles, le leadership français dans l’exportation électrique pourrait bien être à la fois une bénédiction et un défi pour les années à venir.