L’Union européenne pourrait bientôt revoir en profondeur ses règles budgétaires pour permettre une augmentation significative des dépenses militaires.
Délaissée par les États-Unis, l’Europe va dépenser plus pour sa défense

Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, ce week-end, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a plaidé pour un relèvement de l'objectif de dépenses de défense à 3% du produit intérieur brut (PIB) des États membres, contre 2% actuellement fixés par l'OTAN.
Plus de dépenses militaires pour l'Europe
Pour atteindre cet objectif, la dirigeante a évoqué l'idée d'activer la « clause d'exception » des règles budgétaires européennes. Cette mesure permettrait aux pays membres d'augmenter leurs dépenses militaires sans que celles-ci ne soient prises en compte dans les critères de déficit budgétaire imposés par l'Union. Un signal fort qui pourrait enclencher une transformation majeure dans la manière dont l'Europe finance sa propre sécurité.
En Allemagne, où la rigueur budgétaire est traditionnellement de mise, le chancelier Olaf Scholz a confirmé que la prochaine coalition au pouvoir devrait introduire des exceptions au « frein à l'endettement » afin de financer les besoins accrus en défense. Adopté en 2009, ce dispositif limite le déficit structurel de l'État fédéral à 0,35% du PIB et empêche tout endettement pour les régions. Toutefois, cette règle peut être suspendue en cas de crise majeure, comme cela a été le cas pendant la pandémie de Covid-19.
La possibilité d'une dérogation permanente pour les dépenses militaires est également examinée à Bruxelles, où certains États membres militent pour une prise en charge collective de ces investissements. Une révision du Pacte de stabilité et de croissance pourrait être mise à l'ordre du jour afin de permettre une plus grande souplesse budgétaire pour les dépenses stratégiques.
Changement de cap pour la défense de l'Europe
Cette dynamique est renforcée par la perspective d'une exclusion de l'Europe des discussions sur l'avenir de l'Ukraine, une information rapportée ce week-end par plusieurs médias. Keith Kellogg, représentant des États-Unis à la Conférence de Munich sur la sécurité, a laissé entendre que les Européens n'auraient pas de place directe à la table des négociations. Une mise à l'écart qui pourrait précipiter une prise de conscience sur l'urgence de renforcer les capacités de défense autonomes du continent.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron a organisé une réunion restreinte avec plusieurs dirigeants européens afin d'examiner une stratégie commune. L'objectif est clair : garantir que l'Europe puisse assumer sa propre sécurité sans dépendre exclusivement du parapluie américain.
D'après plusieurs analystes, l'OTAN pourrait décider, dès le mois de juin, de relever officiellement son seuil de dépenses militaires entre 2,5% et 3% du PIB pour ses membres européens. Si cette orientation se concrétise, elle entraînerait un surcoût estimé entre 85 et 176 milliards de dollars par an pour les budgets de défense du continent. Une mutation profonde qui marquerait la fin d'une époque où la sécurité de l'Europe reposait essentiellement sur l'engagement des États-Unis.