Le F-35 équipe plusieurs armées européennes. Mais derrière cette machine de guerre se cache une réalité dérangeante : son logiciel reste sous contrôle américain. Alors, ces avions sont-ils totalement indépendants ou à la merci de Washington ?
Les États-Unis peuvent-ils vraiment désactiver à distance les F-35 des Européens ?

Pas de bouton magique pour désactiver les F-35, mais...
Oubliez l’idée d’un "kill switch" qui mettrait tous les F-35 au sol d’un simple clic depuis le Pentagone. Non, les États-Unis ne peuvent pas désactiver un F-35 instantanément. En revanche, la situation est plus subtile… et potentiellement plus inquiétante.
Les avions sont ultra-connectés. Chaque mission, chaque maintenance, chaque commande de pièce détachée passe par un réseau sécurisé contrôlé par Washington. Initialement géré par ALIS, un logiciel centralisé, ce système a été remplacé par ODIN. Objectif officiel : plus d’autonomie pour les alliés. Dans les faits, les mises à jour restent sous contrôle américain.
Un F-35 peut fonctionner sans connexion au réseau pendant 30 jours. Après ce délai, il commence à perdre ses capacités avancées : plus de mise à jour des cibles, plus d’optimisation radar, et une maintenance limitée. En clair, un avion qui devient obsolète face aux versions américaines.
Xavier Tytelman, expert aéronautique, résume bien la situation : "Il est marqué noir sur blanc dans les contrats qu’il faut se connecter au moins tous les 30 jours au serveur américain pour que le système de préparation de mission continue à fonctionner convenablement."
Et les exemples concrets ne manquent pas. Les Émirats arabes unis ont abandonné leur commande de F-35 après avoir découvert que Washington pouvait altérer la furtivité de l’appareil à distance.
Pourquoi les États-Unis ne couperont (probablement) jamais l’accès ?
Les Européens doivent-ils craindre un blocage si les tensions diplomatiques deviennent encore plus importantes ? En théorie, oui. Mais dans les faits, une telle action serait contre-productive pour les États-Unis.
D’un côté, cela porterait un coup énorme à leur crédibilité en tant que fournisseur d’armes. De l’autre, le F-35 est une machine à cash : chaque mise à jour, chaque pièce détachée, chaque heure de vol rapporte à Lockheed Martin. Un marché trop lucratif pour être mis en péril.
Marion Buchet, ancienne pilote de chasse dans l'armée de l'air française, tempère à Franceinfo : "Il est peu plausible que les États-Unis coupent cet accès aux Européens puisque les Européens sont leurs clients. Trump est un businessman avant tout."
Malheureusement, cet exemple montre bien que l’Europe dépend largement des États-Unis pour son armement.
Certaines nations commencent néanmoins à réfléchir à d’autres options. Le Portugal a déjà renoncé aux F-35, l’Allemagne s’interroge, et même le Canada cherche des alternatives (le voisin a signé un contrat de 88 F-35 !)