L’État français s’apprête à officialiser le rachat de 80 % d’Alcatel Submarine Networks (ASN) auprès de Nokia, un leader mondial dans la pose et l’entretien de câbles sous-marins. Le ministre de l’Économie Antoine Armand se rend à Calais le 5 novembre 2024 pour finaliser cet investissement d’envergure.
C’est bouclé, l’État va prendre le contrôle d’ASN, leader des câbles sous-marins !
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Publié le 5 novembre 2024 à 11h30
35 %ASN, valorisée à 350 millions d’euros, génère plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires et détient environ 35 % des parts de marché mondial.
Un investissement stratégique de l'État pour la souveraineté nationale
Le ministre de l'Économie et des Finances Antoine Armand se rendra ce 5 novembre 2024 à Calais pour acter le rachat d'Alcatel Submarine Networks (ASN) à hauteur de 80 % au finlandais Nokia. Les câbles sous-marins assurent aujourd’hui 99 % des échanges de données entre continents, un flux vital pour les infrastructures numériques. Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, la France redouble d’efforts pour sécuriser ses infrastructures sous-marines. Avec cette acquisition, la France s’impose désormais comme un acteur clé dans ce domaine hautement stratégique. Ces infrastructures restent cependant la propriété de ceux qui les financent : opérateurs télécoms et Gafam (Google, Meta, Amazon…).
ASN, valorisée à 350 millions d’euros, génère plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires et détient environ 35 % des parts de marché mondial, devançant des concurrents comme NEC (Japon) et TE SubCom (États-Unis). Le marché des câbles sous-marins connaît une croissance importante. Selon le ministère de l’Économie, ASN pourrait doubler, voire tripler son chiffre d’affaires dans les années à venir. Il avait déjà doublé à près d'un milliard d'euros ces cinq dernières années. Cette opération se veut donc également rentable : « Le ministre y sera particulièrement attentif», selon des sources proches de Bercy. Le gouvernement envisage de soutenir la croissance d’ASN pour renforcer sa position sur ce marché en plein essor.
Une transition sous le signe de la continuité et de l’emploi
L’État a assuré que ce rachat n’aurait aucun impact sur les effectifs d’ASN, qui emploie quelque 1 370 salariés en France, dont 600 à Calais. Ce maintien de l’emploi est essentiel pour rassurer les employés, mais aussi pour ancrer durablement la production dans l’Hexagone. La maire de Calais, Natacha Bouchart, sera présente pour souligner l’importance de cette initiative pour la ville et ses habitants. À travers ce rachat, l’État confirme son engagement à soutenir l’emploi et à préserver les compétences industrielles nationales. L'État pourra, à terme, acquérir la totalité du capital d'ASN. Nokia conserve 20 % des parts pour assurer une transition en douceur.
Avec cette prise de participation majoritaire, la France se positionne pour renforcer la sécurité des infrastructures critiques de l’Union européenne. Bruxelles a exhorté en février 2024 les États membres à sécuriser leurs réseaux de câbles sous-marins, essentiels pour le trafic de données et la résilience numérique du continent. ASN est l’unique entreprise européenne maîtrisant toutes les étapes de la chaîne de valeur, de la pose à la maintenance des câbles sous-marins, ce qui en fait un atout précieux pour l’Europe.