Espionnage : la Russie a ciblé les sous-marins nucléaires britanniques

Le 6 avril 2025, les autorités britanniques ont révélé une information glaçante : des dispositifs de surveillance d’origine russe ont été découverts dans les eaux territoriales du Royaume-Uni, précisément à proximité de plusieurs bases de sous-marins nucléaires. La nouvelle, relayée par plusieurs grands médias britanniques et confirmée par des sources militaires officielles, jette une lumière crue sur une guerre discrète mais bien réelle autour de la dissuasion sous-marine.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 7 avril 2025 à 6h17
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@shutter - © Economie Matin
25%En 2024, quatre câbles sous-marins ont été sectionnés en mer Rouge lors d’un présumé sabotage, impactant environ 25 % du trafic entre l’Asie et l’Europe.

Ce sont des capteurs — des modules de détection sophistiqués — qui auraient été repérés non loin des trajectoires habituelles des patrouilles nucléaires de la Royal Navy. Cette révélation, d’abord rapportée par The Sunday Times, implique directement des opérations d’espionnage russe. L’ombre du navire Yantar, tristement célèbre pour ses capacités de reconnaissance subaquatique, plane sur toute cette affaire.

Sous-marins, russie et capteurs : une guerre de l’ombre dans l’Atlantique

À la surface, rien. Mais sous les flots de l’Atlantique, les hostilités font rage. C’est en ces termes qu’un haut responsable britannique a commenté la situation, relate Sud Ouest, déclarant sans détour : « Il ne fait aucun doute qu’une guerre fait rage dans l’Atlantique. C’est un jeu du chat et de la souris qui dure depuis la fin de la Guerre froide. »

Les sous-marins nucléaires britanniques, véritables piliers de la dissuasion du Royaume-Uni, opèrent selon un principe fondamental : rester indétectables. Le fait que des capteurs d’origine étrangère aient pu être positionnés à proximité immédiate de ces bâtiments remet en question cette invulnérabilité. Un ministre du gouvernement britannique a même averti Moscou en des termes clairs : « Mon message au président Poutine est clair. Nous savons ce que vous faites, et nous n’hésiterons pas à prendre des mesures énergiques pour protéger le Royaume-Uni. » (John Healey, ministre britannique de la Défense.

Espionnage sous-marin et infrastructures critiques : quand la marine contre-attaque

Ces capteurs n’ont pas été déployés au hasard. Selon Royal Navy News du 22 janvier 2025, les frégates HMS Somerset et HMS Tyne ont surveillé de très près le navire russe Yantar lors de son passage dans la Manche. Ce bâtiment, officiellement classé comme navire de recherche océanographique, est en réalité un outil de collecte de renseignements ultra performant. Son implication dans l’installation de dispositifs autour des câbles sous-marins, pipelines gaziers et conduites énergétiques fait l’objet de nombreuses suspicions.

Le commandant du HMS Somerset, Matthew Teare, l’a exprimé sans détour : « C’est une opération de routine pour l’équipage du HMS Somerset, mais c’est un travail vital pour la sécurité du Royaume-Uni, et je suis fier du professionnalisme de mon équipage. »

Son homologue du HMS Tyne, Hugo Floyer, a quant à lui souligné la vulnérabilité stratégique du pays face à ces menaces invisibles : « Il est difficile de surestimer l’importance des câbles de données, des pipelines, des connexions électriques sous-marines pour la richesse et le bien-être de notre pays. »

Dissuasion, nucléaire et guerre froide 2.0 : Londres monte le ton

Le Royaume-Uni assure toutefois que ses capacités nucléaires ne sont en rien affectées. Le ministère de la Défense s’est voulu rassurant, affirmant que la « force de dissuasion nucléaire en mer continue de patrouiller les océans du monde sans être détectée, comme elle le fait depuis 56 ans » Mais la déclaration a des allures de contre-feu diplomatique. En coulisses, la menace est prise très au sérieux. Les bases de Faslane, en Écosse, où sont stationnés les sous-marins nucléaires de classe Vanguard, font l’objet d’un renforcement de la sécurité. La coordination avec les alliés de l’OTAN a été intensifiée.

Les capteurs découverts seraient d’un modèle proche de ceux utilisés dans les opérations russes en mer Noire et en Arctique. À défaut d’aveux officiels, leur origine ne laisse guère de doute. Des responsables militaires évoquent même des dispositifs retrouvés échoués sur des plages du littoral britannique, confirmant une tentative d’approche directe des installations critiques.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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